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Rouée de coups à cause de sa jupe ! Mais tout va bien : personne ne lui a dit "mets ton voile salope !"
©Reuters

Douce France

Ça s'est passé à Gennevilliers. Et c'est raconté de façon singulière.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ce qui va suivre ne peut se lire sans un avertissement préalable. Le voici. "Selon les premiers éléments de l'enquête, l'agression n'aurait pas un fond religieux. Le trio ne portait pas de signes distincts et aucune n'a évoqué une quelconque religion". Ça peut se dire de façon plus classique : toute ressemblance avec une religion, une ethnie ou une origine ne serait que fortuite. Maintenant que les choses sont claires et que les islamophobes qui pullulent par milliers sur ce site ont été prévenus, on peut continuer avec l'aide du Parisien qui a relaté l'affaire avec cette jolie phrase sur "le fond religieux" de l'agression. 

Nadia attend son tramway au quartier du Luth. Elle porte une jupe. Un groupe d'adolescents s'approche d'elle. Et critique sa tenue. Mais comme ce sont des adolescents modérés ils s'abstiennent de la frapper. Et comme ils ne lui ont pas crié "mets ton voile salope!", l'agression est décrite comme n'ayant pas "un fond religieux".

A lire aussi sur notre site : "Gennevilliers, Bussy-Saint-Georges : les faits-divers sont-ils de droite ?"

Nadia monte dans le tramway. Là, trois filles lui disent – comme les adolescents de tout à l'heure – tout le mal qu'elles pensent de sa jupe. A l'arrêt suivant elles la forcent à descendre en la tirant par les cheveux. Elle est frappée, traitée de "pute". Coups de poing. Coups de pieds. Un coup de genoux en pleine tête la laisse inanimée. Mais il se trouve qu'aucun de ses agresseurs ne l'a qualifiée de "koufar" (mécréante selon le Coran). Donc, dans ce cas aussi ces violences sont considérées comme n'ayant "aucun fond religieux".

D'ailleurs le maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc (PC), qui désapprouve ces violences insiste sur le fait qu'elles n'avaient comme motivation qu'un "désaccord sur la tenue vestimentaire". En quelque sorte, elles ont parlé chiffons…Prudemment nous nous rangerons à l'avis de l'édile de Gennevilliers. Peut-être que la couleur de la jupe de Nadia ne plaisait pas aux garçons qui l'ont interpellée ? Peut-être qu'ils l'ont trouvée trop longue et trop ample à leur gout ?

Quant aux filles qui l'ont massacrée, aucun doute sur leurs motivations. Nadia s'affichait certainement avec une jupe de marque (Versace, Gucci, Agnès B ?) alors que les adolescentes déshéritées portaient des survêtements tombés du camion. On comprend leur révolte face à cette très bourgeoise provocation. Une chose est en tout cas certaine: on ne sait s'il y a encore beaucoup de Nadia en jupe dans nos banlieues mais on peut être sûrs qu'il y en aura de moins en moins. La purification ethnique ayant déjà eu lieu voici venus les temps de la purification vestimentaire. 

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