Retraite : Les Français admettent la nécessité d’une réforme mais refusent celle d’Emmanuel Macron. Ils peuvent trouver des solutions tout seuls<!-- --> | Atlantico.fr
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La réforme des retraites défendue par Emmanuel Macron et Elisabeth Borne est rejetée par les Français, les syndicats et l'opposition.
La réforme des retraites défendue par Emmanuel Macron et Elisabeth Borne est rejetée par les Français, les syndicats et l'opposition.
©Thomas Padilla / POOL / AFP

Atlantico Business

Près de la moitié des Français admettrait la nécessité d’une réforme des retraites mais ils ne veulent pas de celle présentée par Emmanuel Macron, sans dire précisément ce qu’ils souhaitent. La situation va être compliquée pour la gouvernance française, pour l’opposition comme pour les syndicats.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Quel pays !Les sociologues sont assez déboussolés. Si les Français se déclarent majoritairement contre la réforme présentée par Emmanuel Macron, une forte proportion de Français estime pourtant nécessaire la réforme du système afin de le préserver. Le dernier sondage réalisé par Opinion Wayindique que 6 Français sur dix qu'une réforme en profondeur serait nécessaire. C'est sur la base de ce type de résultat que le gouvernement s'était décidé à remettre le projet à l’ordre du jour.

Tout le monde ou presque a très bien compris que le régime par répartition est en danger. Dans ce régime assuranciel où les actifs paient les pensions des inactifs, le déséquilibre financier est interdit alors que le risque existe pour des raisons démographiques. Si on veut conserver le principe par répartition, il faut donc modifier son fonctionnement. Seulement voilà, les Français refusent massivement les changements inscrits dans la réforme Macron et notamment le recul de l’âge de la retraite et l’allongement de la durée de cotisation. Les deux marqueurs de la réforme, ce qui risque de tout bloquer, puisqu’il ne ressort du travail des syndicats et de l’opposition politique aucune solution alternative évidente.

Conscient au départ de ce risque de blocage, le gouvernement dans sa dernière mouture a limité son ambition au minimum. Il a renoncé à se braquer sur un âge légal de 65 ans en optant pour un recul progressif jusqu’à 64 ans. Et parallèlement, il a multiplié les aménagements pour amortir les effets du changement. Sur la pénibilité, les carrières longues et le travail de seniors, le gouvernement n’a pas hésité à répondre aux demandes du corps social. Le gouvernement a même retenu des hypothèses sur la croissance et sur l’emploi qui sont très, très ambitieuses afin d’amortir le choc.

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Au total, la réforme est presque symbolique. Le problème dans cette opération vient sans doute que tout le monde s’est braqué sur la question de l’âge légal. Alors que l’important était ailleurs. Le gouvernement, dans sa communication et les syndicats dans leurs revendications se sont retrouvés embarqués dans un débat très politique qui a occulté le véritable enjeu.

Le problème, c’est que l’opération risque de provoquer une situation de blocage si les syndicats ne parviennent pas à rester sur le terrain de la réforme.

Pour Emmanuel Macron comme pour les syndicats, il va falloir revenir sur l’objet du projet, à savoir la réforme du système.

Si les Français sont pour une réforme mais opposés à celle qui est proposée sans proposer d’alternative, il faudra bien trouver des portes de sortie. Il existe trois issues de secours :

- La première, pour le gouvernement, est de passer en force au Parlement soit en composant une majorité avec les Républicains, soit en passant par la voie étroite du 49.3. C’est très risqué parce que ça ne calmera pas la colère sociale et on ne voit pas les syndicats en mesure de ramener le calme dans la rue. Pour le gouvernement, ça sera un échec qui marquera au fer rouge le quinquennat.

- La deuxième solution serait de relancer une négociation mais il faudrait que l’initiative vienne des syndicats. Pour que ça soit possible, il faudrait que les organisations syndicales retrouvent leur crédibilité et leur pouvoir d’influence mais il faudrait aussi que les mêmes organisations syndicales aient enfin des solutions alternatives à proposer, ce qui n’est pas le cas. Il faudrait précisément connaitre les conditions auxquelles ils accepteraient un ajustement paramétrique du système.

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- La troisième solution sera une issue de secours apportée pas les marchés. Si rien n’est possible, si les syndicats ne réussissent pas à relancer le débat avec des solutions responsables et alternatives au projet gouvernemental, on restera dans le statu quo avec un système par répartition qui va perdre de son efficacité. Comme souvent, quand le système public ne suffit plus à répondre aux besoins, il est relayé par des initiatives privées. Les disfonctionnements de l'éducation nationale publique ont entrainé le développement d'un secteur privé d’éducation. Le même phénomène a lieu dans la santé. A côté du secteur public, un secteur privé a trouvé sa place. Dans la gestion des retraites, les difficultés de la retraite par répartition ont été compensées par des complémentaires privées et certaines fonctionnant selon la logique de capitalisation.

A chaque fois que le service public a été défaillant, il a favorisé la naissance d’une initiative privée. Le système de la retraite n’échappe pas à cette loi. L’inconvénient, c’est que la finalité est différente et que les bénéficiaires ne sont pas les plus défavorisés.

Les Français se doutent bien que le système par répartition est potentiellement en risque de difficultés graves.

C’est la raison pour laquelle les capacités d’épargne investie en assurance vie sont aussi importantes en France. C’est la raison pour laquelle le besoin d’être propriétaire de son logement est si fort.

L’assurance-vie, la caisse d’épargne et l’accession à la propriété de sa résidence principale sont en France les remèdes les plus prescrits et les plus utilisés par tous qui ont quelques moyens et qui s’inquiètent de l’avenir des retraites.

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