Régionales : verrons-nous dans les urnes un affrontement post pandémie entre les jeunes et les vieux ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une personne tient sa carte d'électeur et une enveloppe pour voter pour les élections européennes dans le bureau de vote de la mairie du Touquet, le 26 mai 2019.
Une personne tient sa carte d'électeur et une enveloppe pour voter pour les élections européennes dans le bureau de vote de la mairie du Touquet, le 26 mai 2019.
©ludovic MARIN / AFP

Fossé générationnel

Alors que la situation s'améliore sur le plan sanitaire dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, les élections régionales et départementales du 20 et du 27 juin pourraient souligner le fossé entre les générations. Les jeunes vont également jouer un rôle central sur le taux d'abstention.

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy est politiologue, spécialiste de l'opinion. Il s'exprime sous pseudonyme.

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Atlantico : Nous avons beaucoup parlé d'un fossé générationnel lors de la crise sanitaire, va-t-il se vérifier dans les urnes le 20 juin ?

Xavier Dupuy : Oui, le fossé générationnel va se vérifier dans les urnes, il faut savoir que l'élection dans laquelle le fossé est le plus faible, c'est l'élection présidentielle, c'est l'élection qui polarise toutes intentions, et donc le différentiel que vous avez entre les personnes âgées d'un côté et les jeunes de l'autre, existe. Mais l'écart est beaucoup plus réduit. Lorsque vous aurez 85 % de votants chez les personnes âgées, vous en aurez 68 % chez les jeunes, mais ici, nous allons presque du simple au triple. Si on prend les 18-24 et les +65 ans, nous serons à 20 % d'un côté et à 55 % de l'autre. C'est un élément qui avait été corrigé de façon assez brutale, le soir des élections municipales, dû à la fin du Covid, avec une baisse de la participation aux élections municipales, qui avait été beaucoup plus forte chez les personnes âgées. Elles étaient restées majoritaires en taux de participation par rapport aux plus jeunes, mais l'écart était bien plus faible, mais ce phénomène était dû à la fin de confinement. On va probablement retrouver lors de cette élection les ratios traditionnels pour une élection régionale, de différentiel entre les personnes plus âgées et les plus jeunes.

Quels vont être les critères de vote de la nouvelle et de l’ancienne génération lors de ces élections ? Comment peut-on l'expliquer ?

Les motivations de vote ne sont pas du tout les mêmes selon les tranches d'âge, par exemple pour une personne jeune, l'emploi va compter plus pour elle que pour une personne âgée. La santé compte moins pour les jeunes que pour les personnes âgées, et inversement, la sécurité compte plus pour les vieux que pour les jeunes. Donc les motivations diffèrent. On peut trouver un autre élément qui entre en ligne de compte ; l'appréciation et le bilan du sortant. C'est un élément dont les personnes âgées vont tenir compte. Elles ont le temps toute l'année de suivre, et étudier l'actualité, chez l'électorat plus jeune ce n'est pas le cas, par manque de motivation et de temps. L'intérêt pour les élections du jeune électorat est moindre, ils vont polariser leur attention sur les élections les derniers jours avant cette dernière. Pour l'électorat plus âgé, quelques mois avant l'élection ils vont se renseigner et étudier les pour et les contre.

On a une thématique qui crée un grand différentiel encore, c'est l'environnement. L'environnement est une motivation assez forte de vote chez les 18-24 ans qui porte d'ailleurs de très bons résultats aux candidats EELV au premier tour. Quand on prend dans les sondages le différentiel entre les intentions de vote chez les 18-24 et les plus âgés, dans une région, vous aurez par exemple les Verts à 12 %, vous aurez 30 ou 35 % chez les 18-24 ans, et 6 % chez les +65 ans. La préoccupation environnementale est forte, et comme les Verts sont identifiés comme le parti dit "environnemental", ils votent pour ce courant politique. Ca ne veut pas dire que les jeunes qui votent pour les Verts déterminent aussi une orientation politique dite "de gauche". Certains jeunes vont voter les Verts par simple intérêt pour l'écologie, sans pour autant partager les préoccupations des Verts sur les autres sujets.

Lorsque l'on a des élections intermédiaires, on a des électeurs qui veulent voter soit pour soutenir le gouvernement, soit pour le sanctionner. Or, aucune des régions n'est détenue par la majorité présidentielle, donc la motivation de vote pour sanctionner ou soutenir reste complexe, car aucun président de région n'est issu de la majorité présidentielle. C'est un facteur qui peut aussi entrer en ligne de compte, le cumul de tous les éléments finit par avoir des répercussions.

Les élections régionales de 2015 avaient été marquées par un très fort taux d’abstention. À l’époque, seulement 34 % des 18-24 ans s’étaient déplacés pour aller voter, selon l’étude d’OpinionWay. Allons-nous de nouveau faire face à de forts taux d’abstention de la nouvelle génération depuis la pandémie ?

Tous les indicateurs montrent que l'abstention sera plus forte qu'en 2015, avec 50 % en 2015. En 2010, il faut savoir que l'abstention était proche des 53 %. Cette année, nous risquons d'avoir plus encore, de l'ordre de 58 ou 60 %.

On pourrait être 10 points au-dessus de 2015 au premier tour, il y a plusieurs éléments qui jouent actuellement. D'abord, le contexte sanitaire, les gens ont la tête ailleurs, puis c'est un vote fin juin, il n'est pas impossible que certaines personnes ne travaillent pas ou soient parties dans leur résidence secondaire, en vacances. On peut penser que c'est marginal, 1 ou 2 % de la population, cela représente toujours des votes en moins.

On a peut-être aussi des étudiants qui ont des contraintes financières, qui sont obligés d'assumer un travail.

Autre chose, j'ai remarqué récemment, l'absence de spots publicitaires du gouvernement pour appeler à voter.

Jusqu'à quelques jours avant les élections, la campagne, c'était quelques émissions de radio ou de télévision, des tracts dans les boîtes aux lettres, aucune réunion publique. Il y a tout un contexte de campagne qui ne favorise pas la participation.

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