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Refondation du FN : ces électeurs orphelins que le parti aurait intérêt à rallier
©Reuters

A l'atelier

Après ses deux revers électoraux subis, le FN se lance dans un atelier de refondation jusqu'à samedi afin d'amorcer sa relance.

Emmanuel  Galiero

Emmanuel Galiero

Journaliste politique au Figaro, Emmanuel Galiero suit les partis souverainistes, le Modem, mais aussi la politique à Paris et à l'échelon de la région Ile-de-France. 

Emmanuel Galiero est le co-auteur notamment de Grandir à Marseille dans les années 1940 et 1950 aux éditions wartberg.

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Le FN avait réussi à succéder au pc sur la capacité à capter les catégories pop. Désormais c'est plutôt Jean-Luc Mélenchon qui incarne la colère du peuple, et de façon plus efficace médiatiquement que MLP. Sur quels thèmes le FN doit-il se positionner pour reprendre ce rôle à LFI ?

Emmanuel Galiero : C'est un constat à nuancer. Pour l'instant, LFI dispose d'un groupe parlementaire que le FN n'a pas, du moins pas encore. L'objectif du Front est de conclure des alliances qui lui permettraient d'en avoir un. Cela va prendre du temps, et demande au parti une grande organisation. 

Quant à son image de parti contestataire, ce n'est pas la priorité du séminaire qui est en train de se dérouler. Sur les quelques députés frontistes, il y en a 4 ou 5 provenant du bassin minier. Quand le Pas de Calais est votre terre d'ancrage, un ancien bastion communiste, c'est que vous n'avez pas tant perdu cette image.  Le FN reste très fort chez les jeunes et chez les ouvriers. 

Un sujet sera forcément à l'ordre du jour de l'atelier de refondation du parti en cours : l'Europe. Le FN doit-il persévérer dans la ligne Philippot ou changer de stratégie comme certains cadres du parti le réclament?

Après la double défaite qu'a subit le FN, Marine le Pen a compris qu'il fallait changer certaines choses au sein du parti, tant sur la stratégie à adopter que sur la ligne politique. Mais tant qu'elle sera présidente, il est difficile d'imaginer qu'elle changera sa vision sur l'Union Européenne. Elle est souverainiste et estime que l'UE pose beaucoup de problèmes en France. Ce combat contre l'Union Européenne et ses dérives est un axe très fort du discours frontiste, et je ne crois pas que cela changera à l'issue de ce séminaire. On peut envisager cependant que le discours sera moins porté sur la sortie de l'UE pour se concentrer sur les thèmes historiques du front. 

Le vrai clivage aujourd'hui réside entre les fondamentalistes qui veulent revenir à une position plus dure sur les sujets de l'immigration et de la sécurité, à une union des droites et ceux qui veulent poursuivre l'ouverture sur l'électorat de gauche, ce qu'on appelle la ligne Philippot. Mélenchon ayant occupé le terrain à gauche, l'électorat de droite - les orphelins de Fillon et de Sarkozy - peut se retrouver sur des thématiques de droite que peut défendre à nouveau le Front National. 

Marine Le Pen a toujours essayé de concilier ces deux lignes, mais après ses derniers résultats c'est devenu plus compliqué. Elle est désormais en position d'arbitrage, elle va devoir faire un choix.

D'autant que la ligne  Philippot est fragilisée par les résultats électoraux. La position de Florian Philippot va être de plus en plus délicate. Il n'a jamais vraiment été intégré au Front National où beaucoup lui ont reproché sa relation directe avec Marine Le Pen.  Cela pose une question au niveau de la gouvernance. Le choix technique et tactique de travailler avec Florian Philippot est-il encore viable ?

La création d'un nouveau parti pour couper définitivement avec l'héritage de Jean-Marie le Pen, est-elle envisageable?

Il ne faut pas s'attendre à une révolution complète du FN. Certes le FN sort fragilisé des dernières, par le débat du second tour et les résultats des législatives qui n'étaient pas au niveau attendu. Néanmoins, ce parti est arrivé au second tour avec environ 10.7 millions d'électeurs, ce qui représente un niveau très important pour un parti politique. Cet atelier de refondation est surtout une occasion de se poser des questions sur ce qui n'a pas marché. La ligne politique donc mais pas que. Ils vont s'interroger aussi sur la marque Front National notamment. Il est possible que le parti entérine un certain nombre d'évolutions en termes d'image et d'organisation. Les questions qui seront posées aux adhérents seront révélatrices de que le parti veut changer. Mais une disparition du Front n'est pas envisageable.

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