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Le référendum, 
un nouveau yaourt à la grecque ?
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Zone franche

Si les Grecs veulent se suicider, qu’ils le fassent. Mais devons-nous forcément mourir avec eux ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Grecs s’y entendent en tragédies à rebondissements. A peine émergeons-nous du fossé dans lequel ils nous avaient gentiment précipités qu’ils nous y font replonger avec cette histoire de référendum sur le plan de sauvetage.

En gros, c’est Papandréou qui l’a décidé, les Hellènes vont nous dire si, oui ou non, ils sont d’accord avec le passage par profits et pertes de 50% de leurs dettes et l’octroi de quelques centaines de milliards de brouzoufs à leurs bonnes œuvres…

Et ils pourraient bien dire non, semble-t-il.

Bon, je ne suis pas plus naïf qu’un autre et je peux comprendre que le Grec moyen soit un poil mécontent de constater que la fête est finie, qu’il va falloir cesser de vivre à crédit et se mettre à payer des impôts. Lorsqu’une situation se dégrade, on fait la tête. C’est humain. En France, on fait la tête de toute manière et en toutes circonstances alors on ne va pas critiquer ce point précis.

De fait, si les Grecs veulent se suicider (ou disons se tirer une balle dans le pied puisqu’il paraît que plaie d’argent n’est pas mortelle) en refusant d’être sauvés de la noyade, ils devraient pouvoir le faire en toute quiétude, sans interférence de qui que ce soit. Le problème, c’est s’ils nous suicident dans la foulée. Oh, plus par inadvertance que par méchanceté, bien entendu. Mais être un dommage collatéral pour une bonne ou une mauvaise raison, ça va nous faire une belle jambe, au fond de notre fossé…

Chacun chez soi avec ses petites frontières, ses petits sous et ses petits T-shirts made in ici

Remarquez, il y a des gens qui ne sont pas grecs et que ça ne dérange pas tant que ça, cette relance de la crise par nos amis d'un Pirée qui finit par être certain. Eh oui : le référendum, c’est l’arme atomique du démondialisateur déseuropéanisateur radical, dont le vœu le plus cher est que tout l’édifice s’écroule histoire de faire la preuve que l’avenir, c’est chacun chez soi dans ses petites frontières, avec ses petits sous et ses petits T-shirts made in ici.

Et les mêmes qui n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer la démagogie raciste des référendaires suisses anti-minarets (ils avaient raison) n’ont désormais plus de louanges assez caressantes pour célébrer ce magnifique instant démocratique !

Si les peuples prenaient toujours les décisions les plus judicieuses, quelques uns des plus grands drames de l’histoire auraient sans doute été évités. Non, les peuples peuvent prendre de très mauvaises décisions et foncer tête baissée dans les murs qu’ils auraient pourtant eu tout le loisir d’éviter. Et si la Grèce ne veut vraiment pas être sauvée, peut-être est-il temps d’envisager un plan B où elle coule selon son souhait, mais sans nous.

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