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Reconstitution d'un creuset national : l'importance de l'autorité pour garantir l'équilibre de la société
©PATRICK KOVARIK / AFP

Bonnes feuilles

Le général Pierre de Villiers vient de publier "Qu'est-ce qu'un chef" aux éditions Fayard. Cet essai ambitieux sur l’ordre, replace l’Homme au centre du système. A la manière d'un officier, il indique au lecteur le cap qu’il faut tenir dans un monde complexe. Le général de Villiers met son expérience unique au service de tous ceux qui exercent une responsabilité. Extrait 1/2.

Pierre de Villiers

Pierre de Villiers

Après quarante années d’une carrière militaire qui l’a conduit à devenir chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d’une société de conseil en stratégie. Il est également l'auteur de Servir et Qu'est-ce qu'un chef ?, publiés aux éditions Fayard. 

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Que le lecteur se rassure : je ne prétends pas, loin de là, transposer intégralement le modèle militaire à la société civile, mais cette question de l’autorité est fondamentale et ce n’est pas un hasard si, pour restaurer le creuset national, on pense à la pédagogie militaire et notamment à instituer une nouvelle forme de service national universel, dont je ne sais pas à ce stade quels seront les contours ni les modalités. En effet, l’ordonnancement harmonieux de la société passe par une autorité respectée et une discipline imposée par la loi. Le peuple délègue à l’État la responsabilité de cette autorité. La reconstitution d’un creuset national est urgente et prioritaire, à moins de laisser se développer une dilution progressive de nos valeurs et un affaiblissement dangereux pour notre nation. L’armée est redevenue une sorte de modèle inspirant, après avoir été longtemps un répulsif à la mode. Je préfère que les militaires soient des sortes de pompiers de la République, plutôt que des épouvantails stupides. Le cinquantième anniversaire de mai 1968 nous montre combien l’eau a coulé sous les ponts depuis… On est passé bien souvent du « il est interdit d’interdire » à « on veut de la discipline, de l’ordre, de l’engagement ». Quand je suis entré à Saint-Cyr en 1975, je me faisais insulter sur tous les terrains de football, parce que j’avais les cheveux suffisamment courts pour témoigner que j’étais engagé dans l’armée française. Quarante-trois ans plus tard, les militaires sont acclamés pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Quel changement ! Avec humour, je dirais qu’aucune bonne cause n’est désespérée ! 

Une grande partie de notre jeunesse a vu les limites des injonctions de 68, même s’il y a encore quelques soixante-huitards sur le tard… Nos septuagénaires qui étaient sur les barricades illustrent désormais en majorité la belle phrase : « La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse ; la vieillesse est le temps de la pratiquer. » Nous avons changé d’époque.

Le mot « autorité » vient du latin auctoritas et se rattache, par sa racine, au même groupe que augere (augmenter), augure (celui qui accroît l’autorité d’un acte par l’examen favorable des oiseaux), augustus (celui qui renforce par son charisme). Cette idée d’augmentation est fondamentale. L’autorité ne fait pas subir une quelconque chape de plomb sur les subordonnés, mais au contraire élève, améliore, augmente, renforce. Parler avec autorité suscite la confiance et l’espérance. C’est le langage des grands chefs. S’imposer en écrasant les autres est la marque des petits chefs.

Extrait de l'ouvrage "Qu'est-ce qu'un chef ?", publié aux éditions Fayard. 

Le précédent livre de Pierre de Villiers, Servir, vient d'être publié au format poche, aux éditions Pluriel. 

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