Reconfinement (et cohabitation forcée) : quel impact pour les couples ?<!-- --> | Atlantico.fr
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©BERTRAND GUAY / AFP

Amour au temps du Covid-19

Le premier confinement a pu surprendre les couples dans leurs habitudes. Les personnes amoureuses sont-elles mieux préparées face à ce deuxième confinement ?

Pascal Anger

Pascal Anger

Pascal Anger est psychologue, psychanalyste, psychothérapeute, sexothérapeute, systémicien et médiateur familial.

Il est également chargé de cours à Paris VII. 

Il est l'auteur de Le couple et l'autre, livre publié aux éditions l'Harmattan.

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Atlantico.fr : Le premier confinement a pu surprendre les couples dans leurs habitudes, mais en avons-nous tiré les enseignements ? Qu’est ce qui change pour les couples dans ce deuxième confinement ?

Pascal Anger : Au premier confinement, on a tous eu l’impression que le ciel nous tombait sur la tête et que plus personne n’avait de repères. Ceux qui en ont beaucoup pâti sont ceux qui sont tombés amoureux juste avant et qui ont dû attendre que le temps passe pour avoir un rendez-vous. Actuellement, à moins de tricher avec les attestations, je ne vois pas comment peuvent faire les nouveaux amoureux. C’est le même état et ils sont pris au piège de ce nouveau confinement. Pour les couples déjà formés, à part cohabiter, rester ensemble sous le même toit et ne plus bouger à partir du moment où ils ne travaillent pas ou plus, on ne voit pas tellement ce qu’ils peuvent faire à part regarder la télé, peut être lire les journaux et écouter la radio. Ils n’ont plus la possibilité d’aller vers l’extérieur, et l’inverse est vrai, et cela complique considérablement les choses parce que la vie sociale est morte. Cela signifie qu’il faut avoir une richesse intérieure et une richesse du couple pour ne pas, à un moment donné, se chicorer, voire aller plus loin. Je pense qu’on risque d’avoir une nouvelle fois une recrudescence de la violence conjugale, des crises. Si certains couples ont réussi à passer le confinement et se dire qu’un nouveau souffle allait naître, une nouvelle façon de cohabiter ensemble, le deuxième confinement va de nouveau les abattre. Je crois que c’est Mortelle randonnée pour eux parce qu’ils n’ont pas la possibilité de sortir plus d’une heure de chez eux, nous sommes tous contraints à cela. Donc cela ne permet pas de nous évader. Cela nous force à rester dans un lieu, parfois petit. C’est une question d’espace, de comment on gère. Souvent les gens ont l’impression que d’être l’un sur l’autre c’est bien. Mais dans les espaces pas très grands, il faut faire preuve d’imagination pour ne pas déranger l’autre. Parfois on peut être amenés à sortir juste sur le pas de la porte pour ne pas empiéter sur l’espace de l’autre. Il ne faut pas oublier que c’est une prise directe à des engueulades, des crises. Des gens qui vont travailler sous le même toit, ensemble, ont pu se dire dans un premier temps que cela serait agréable de faire du télétravail ensemble et d’être dans un état amoureux. Mais l’état amoureux il a aussi besoin d’éloignement pour mieux se retrouver. Et on a pas du tout cette liberté, on est uniquement ensemble. Ça fait une fusion, et on sait que la sortie de la fusion c’est souvent la crise voire l’éclatement parce qu’il faut savoir défusionner et on sait peu, ou pas défusionner.

Est-ce que le sujet du confinement se fait ressentir chez les patients ?

Oui on le constate à travers les angoisses pour l’avenir, pour les enfants et pour le couple. Beaucoup ont pris la poudre d’escampette à un moment donné en se disant qu’il fallait partir avant qu’on nous enferme et ceux qui sont restés enfermés me disent « au secours ». Au moins, aller voir son psy c’est, à un moment donné une bulle d’oxygène. Les couples viennent pour faire baisser les tensions et s’apaiser : essayer de savoir comment réguler cette vie ensemble et comment on peut mieux le vivre avec cette épée de Damoclès qu’est Noël et les fêtes. Les gens y mettent beaucoup d’espoir. Lorsqu’il n’y a plus de lumière dans le ciel, les gens attendent les illuminations. On se prend à rêver. Là on ne nous annonce pas du tout ça et du coup le moral n’est pas à la fête. J’aimerais pouvoir dire qu’on va être joyeux et qu’on s’habitue au Covid. Certes les gens s’habituent et se disent qu’ils ont pris toutes les précautions et se demandent pourquoi ils sont obligés d’être confinés comme ça. Il y a une incompréhension autour de cela. La société ne comprend pas et du coup les couples non plus ne comprennent pas ce qu’il se passe pour eux.

Il y a tout de même une expérience du premier confinement à laquelle ils peuvent se raccrocher ?

Oui, en se disant que là on sait comment se protéger, mais ça nous rend frileux et ça ne nous donne pas d’ouverture. Et dans l’état amoureux, cela confine aussi au sens ou les gens se regardent à peine dans le métro et sont devenus téléguidés, métro, boulot, dodo et ils n’ont plus la tête à penser au désir, au plaisir. Ils ne songent plus forcément à se mettre en beauté, ils ne font plus attention à eux. En plus il n’y a plus de coiffeurs, plus de barbiers car soi-disant ils sont non-essentiels.  Mais c’est le gouvernement qui a un moment a décidé ce qui était essentiel pour les couples et pour nous.

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