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Les délices de la chasse aux réacs
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Vilains petits canards

"Ils décontaminent la pensée FN" : le titre du récent dossier du Nouvel Obs affiche la couleur. Comme Le Monde ou Le Point, de nombreux journalistes s'en prennent à Eric Zemmour et autres "réacs", accusés de "faire le jeu du FN".

Julien Winock

Julien Winock

Après avoir travaillé dans l'édition et dans l'internet culturel, Julien Winock a fait partie de plusieurs cabinets ministériels.

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Comme partout ailleurs, c’est le printemps dans le paysage médiatique. Malheureusement, de mauvaises herbes prolifèrent ici ou là et viennent parasiter les belles fleurs de la pensée journalistique. Vite, il est temps de réagir ! Avec grand courage, quelques uns foncent chercher dans le placard le produit miracle : l’anti-réac.

Anti-réac : un produit rassurant

Le produit est rassurant, il sent bon l’antiracisme des années Mitterrand. Ce temps béni où l’on célébrait le respect des différences, l’abolition des frontières et l’avènement d’un multiculturalisme sympa où chacun apprenait à tolérer son voisin. C’est bien connu, moins un produit a démontré son efficacité et plus il faut être généreux sur la dose… 

Alors, allons-y gaiement : un article de Jean-François Kahn dans Marianne, un autre dans l’Obs, un dans Le Point, une belle page 3 dans Le Monde, sans parler des bonnes rasades quotidiennes dans Libération… Il faut bien ça pour torpiller Eric Zemmour, Elisabeth Lévy et consorts. Pensez donc ! Ils évoquent les aspects peu sympathiques de l’islam, ils défendent une stricte laïcité dans les écoles et les hôpitaux, et en plus ils attribuent la remontée du Front national à autre chose qu’aux manœuvres sarkozystes…

Ce qu’il y a de bien avec la chasse aux réacs c’est qu’on peut se donner bonne conscience sans le moindre effort intellectuel. Point n’est besoin de faire des recherches, des lectures ou des enquêtes de terrain pour tenter de cerner les réalités les plus dérangeantes. La place des femmes dans les cités ? L’essor d’un islam de moins en moins conciliable avec les règles de la laïcité ? L’antisémitisme dans les collèges de banlieue ? Inutile d’en parler ! Il suffit de diaboliser celles et ceux qui abordent ces sujets, de les montrer du doigt comme dans la cour de récréation en répétant ad nauseam "ils font  le jeu du FN !"

Un aveuglement coupable

A lire tous ces donneurs de leçons, le développement de l’islam en France et le renouveau de ses pratiques seraient donc un non problème. Et les millions de Français qui déplorent le port d’un voile de plus en plus long, l’exigence du halal dans certaines écoles ou la multiplication des incidents dans les hôpitaux, des islamophobes qui s’ignorent. L’ennui est que bon nombre de ces Français se lassent de cette situation et ne goûtent guère aux leçons d’antiracisme dispensées par les journalistes ayant élu domicile, pour la plupart d’entre eux, quelque part entre la maison de la Radio et la Bastille.

On peut évidemment déplorer l’organisation par les pouvoirs publics d’un débat sur la laïcité car ce n’est pas son rôle. On peut aussi ne pas être un inconditionnel du style Zemmour. Mais le tabou qui entoure l’islam est indigne d’une démocratie tout comme peut l’être la chasse aux sorcières dont font l’objet ceux qui l’enfreignent. Il existe une frange rigoriste et intransigeante de l’islam qui porte atteinte à nos principes républicains. Un islam minoritaire, sans doute, mais qui prospère dans tous les pays européens. Un islam dont les adeptes bafouent ouvertement les valeurs des Lumières en voulant, au nom d’Allah, assujettir les femmes et étouffer la liberté de conscience. De tout cela, on aimerait en entendre davantage parler dans les colonnes du Nouvel Obs ou du Monde. Au lieu de quoi, nos amis chasseurs de réacs nous ressortent leurs sempiternels discours sur la peur de l’autre et la stigmatisation de l’islam.

La presse se porte mal, nous dit-on, elle est victime de la concurrence d’Internet et des journaux gratuits. Certes. Mais les lecteurs ont toutes les raisons de se faire plus rares encore si sur des sujets aussi essentiels que l’islam en France, les bonnes paroles et les petits règlements de comptes entre amis journalistes tiennent lieu d’informations. 

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