Quitter la sécurité sociale : la réponse d’un "salaud" à Jacques Bichot <!-- --> | Atlantico.fr
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"La Sécurité sociale a détruit l’économie et la société françaises."
"La Sécurité sociale a détruit l’économie et la société françaises."
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Piqué au vif

Réponse de Claude Reichman, président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale, à une interview de Jacques Bichot dans laquelle il critique ceux qui quittent la Sécurité sociale, les traitant de "salauds".

Claude Reichman

Claude Reichman

Claude Reichman est président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS). 

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Lire l'interview de Jacques Bichot :La question à 15 000 euros (d’amende) : que se passerait-il si les Français exerçaient massivement leur droit à quitter la sécu ?

Jacques Bichot a donné une interview au site Atlantico* dans laquelle il critique avec véhémence ceux qui, s’appuyant sur la loi, quittent la Sécurité sociale, les traitant de "salauds". 

Le problème c’est qu’il semble ignorer qu’en 1986, précisément, les Etats membres de la Communauté économique européenne ont signé un traité, appelé l’Acte unique, par lequel ils achevaient la réalisation du marché intérieur européen. A compter du 1er janvier 1993, les personnes, les capitaux, les marchandises et les services pourraient circuler librement dans tout le territoire de la Communauté et s’établir où ils le souhaiteraient. Pour permettre la mise en œuvre de ces libertés, il fallait supprimer tous les monopoles, ce qui fut fait en matière sociale par deux directives de 1992.

La date d’application de ces textes était fixée au 1er juillet 1994. Il a fallu près de dix ans au MLPS pour contraindre la France à transposer ces directives dans le droit national. Ce fut fait le 19 avril 2001 par une ordonnance de Lionel Jospin, alors Premier ministre, qui édictait un nouveau code de la mutualité soumettant les caisses de Sécurité sociale (qui sont toutes régies par ce code) à la concurrence des sociétés d’assurances, des institutions de prévoyance et des mutuelles, françaises ou européennes.

La suite des événements ne fait honneur ni à la France ni à la Commission européenne. Jacques Chirac, président de la République, débarrassé de la cohabitation avec Lionel Jospin, décida de ne pas appliquer ces textes, pourtant devenus lois de la République. Il donna l’ordre aux tribunaux (qui obéirent docilement) de débouter ceux qui prétendaient exercer leur droit à la liberté sociale, et aux hauts fonctionnaires français en poste à la Commission de mentir aux citoyens qui réclamaient l’intervention de celle-ci contre le refus de la France de respecter sa signature et de leur indiquer que le monopole de la Sécurité sociale était maintenu. Les fonctionnaires français trahirent leur engagement de loyauté envers les institutions européennes et obéirent au gouvernement français.

Quant à la presse, à l’exception de quelques journalistes courageux, elle se fit le vecteur fidèle des mensonges gouvernementaux.

Le MLPS, et avec lui tous ceux qui revendiquaient leur droit à la liberté sociale, durent affronter des années de plomb, face à un Etat qui s’opposait de toutes ses forces à ses propres lois. Je fus donc, pendant toutes ces années, l’unique représentant en France de l’Union européenne, afin de contraindre notre pays à appliquer les traités qu’il avait signés, et le seul porte-parole légitime de l’Etat français, en m’exprimant et en agissant pour qu’il respecte ses engagements internationaux et ses propres lois. Je suis fier d’avoir porté la parole de ces deux institutions jusqu’au moment – nous y sommes – où le peuple français a découvert qu’il a le droit de choisir librement son assurance maladie, retraite et chômage et qu’il se porte massivement dans cette direction.

Pas plus qu’on ne résout, selon Einstein, les problèmes avec ceux qui les ont causés, on ne peut réparer la Sécurité sociale, que Jacques Bichot décrit lui-même comme "un bateau rafistolé avec des bouts de fils de fer" et qui "prend l’eau", une "usine à gaz", un "monstre de bureaucratie".

La Sécurité sociale a détruit l’économie et la société françaises, et elle est sur le point de détruire aussi la démocratie dans notre pays en y provoquant, par la misère qu’elle crée en empêchant les entreprises de soutenir la concurrence européenne et internationale, une crise sociale et politique qui va donner le pouvoir à la rue et aux extrêmes.

Non, Monsieur Bichot, nous ne sommes pas des salauds, mais des Français patriotes et européens qui veulent sortir leur pays de l’ornière où le collectivisme l’a jeté. Et comme je suis poli, je ne vous dis pas "salaud" mais "salut".

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*Précision : Dans son introduction à l’interview de Jacques Bichot, Atlantico indique : "Quitter la Sécu ? Bien que complexe, l’idée semble possible. Toujours est-il qu’inciter à cela est puni par la loi d’une lourde amende." En réalité, la loi dit qu’il est interdit d’inciter les personnes à quitter non pas un régime français de sécurité sociale, mais "un régime de sécurité sociale", ce qui vise les régimes étrangers et, du coup, confirme qu’ils sont en concurrence avec les régimes français et institue simplement une obligation d’assurance. 

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