Qui est vraiment Angela Merkel ? Maladresses et premières ambitions<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
En septembre 1961, quand le Mur de Berlin est érigé, Angela Merkel a 7 ans.
En septembre 1961, quand le Mur de Berlin est érigé, Angela Merkel a 7 ans.
©Reuters

Bonnes feuilles

Florence Autret tente de percer la femme et la stratège derrière le sourire charmant, pour saisir ce que a permis à Angela Merkel de gravir les échelons de la politique aussi rapidement, et ce qui a guidé sa position de "mère austérité" sur la scène européenne. Extrait de "Angela Merkel. Une Allemande (presque) comme les autres" (2/2).

Florence Autret

Florence Autret

Florence Autret est journaliste. En poste à Bruxelles, elle a couvert la crise de l'euro pour l'Agefi et La Tribune. Elle est l'auteur de Terminus pour l'euro, fiction publiée en 2011 par le quotidien Le Monde et de plusieurs essais.

Voir la bio »

En septembre 1961, quand le Mur est érigé, Angela a sept ans. Elle entre en primaire. L’école Goethe de Templin n’a pas encore été rebaptisée « Hermann Matern », en souvenir de ce politicien social-démocrate, devenu résistant antinazi puis membre du parti communiste est-allemand, qui mourra en 1971. C’est une enfant visiblement douée pour apprendre. Son excellence scolaire va de pair avec une maladresse tout aussi extraordinaire qui confine, pour tout dire, a l’infirmité. Elle se qualifiera elle-même de « petite idiote du mouvement ». Gerd Langguth raconte comment, a l’âge de trois ans, de retour d’un séjour de dix semaines chez sa grand-mère de Hambourg, elle demande à sa mère, dans le parfait dialecte hambourgeois qu’elle vient d’assimiler avec la plus grande facilité, de l’aider à… descendre l’escalier. Marcher sur un terrain en pente, emprunter un escalier restera pendant des années une source d’embarras. Cela ne posait pas vraiment de problème en famille ou la performance sportive n’était pas vraiment une valeur suprême. Mais a l’école, il en allait tout autrement. L’État est allemand avait fait sienne la maxime mens sane in corpore sano. Il exigeait, en matière sportive, de réelles performances de ses futures élites. La gaucherie d’Angela aurait pu lui couter très cher. « Même à l’université, on ne pouvait pas obtenir son diplôme si on ne courait pas le 100 mètres dans un temps imparti », racontera-t-elle. Elle arrivera finalement, à force d’entraînement, à passer sous la barre des 16 secondes. Eut-elle échoué aux épreuves sportives, elle n’eut pas poursuivi d’études supérieures et n’aurait peut-être pas embrassé une carrière politique.

En être ou ne pas en être

L’occasion d’affirmer ses choix face à ses parents ne tarde pas à se présenter. Dans le cercle familial, la question s’est déjà posée de participer – ou non – a la Freie Deutsche Jugend (FDJ), l’organisation de jeunesse communiste qui concurrence les organisations traditionnellement pilotées par les Églises et fait office, selon la terminologie alors en vogue, de « réserve de combat du parti ». En être ou ne pas en être est une forme de « statement » politique, fût-il implicite. C’est une antichambre du parti et un lieu d’endoctrinement ou les parents Kasner n’ont guère envie de voir évoluer leurs enfants. Dans un premier temps, la toute jeune Angela est donc vigoureusement dissuadée d’y participer. Mais après la première année d’école, les choses se présentent différemment. La discussion doit être rouverte. La petite fille a beau être première de la classe, elle se voit dénier les récompenses qu’elle estime mériter. Et cela lui pèse. L’injustice est si flagrante que le « premier de la classe en titre » interroge lui-même la maîtresse alors qu’il vient de recevoir son prix. « Et Angela ? » La maîtresse lui répond : « Mais tu es le meilleur pionnier. » Tout est dit. Les collections de « 1 », la meilleure note, n’y suffiront jamais. Pour être reconnu, il ne faut pas juste être un bon élève mais aussi un pionnier exemplaire. Ses parents laissent le choix à Angela. Elle décide d’y aller, en partie pour ne pas être brimée, en partie aussi parce qu’elle est friande d’activités de groupe. Et ses parents ne s’y opposent pas. Elle pourra dès lors porter la blouse bleue des FDJ. Elle y restera active jusqu’à la chute du Mur, y compris pendant ses années à l’Académie des sciences à Berlin, mais sans jamais devenir membre du parti. Un pied dehors, un pied dedans. L’art du compromis sans la compromission. Le choix du pragmatisme, plutôt que de l’opposition.

Extrait de "Angela Merkel : Une allemande (presque) comme les autres", de Florence Autret, (Édition Tallandier), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !