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Que faire face au défi terroriste ?
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Tribune

Dans l’immédiat, le gouvernement doit s’employer à éviter de porter les espérances du public en matière de sécurité personnelle au-delà d’un certain niveau. Il doit avoir à l’esprit que chaque fois qu’une strate de la population émet une plainte, une aide appropriée doit être décidée.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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L’ampleur du carnage ayant marqué la soirée du vendredi 13 novembre et l’horreur ressentie par le massacre de jeunes dont la vie des survivants risque d’être handicapée par la rémanence de leurs blessures, est sans précédent dans la longue Histoire du terrorisme en France.

Jamais auparavant un groupe d’assassins, c’est ainsi que les autorités et les médias devraient les qualifier pour priver leur barbarie de toute aura, ne s’était montré capable d’une action synchronisée, en plusieurs points d’attaque, ayant le caractère militaire de celles de nos Forces Spéciales. Le niveau d’entrainement d’une unité agissant sur ordre d’un groupe terroriste El, se proclamant Etat possédé par l’ambition de ressusciter un "Califat" dominant l’Occident, représente pour notre gouvernement, les autres de l’Europe, et celui de l’Amérique, un phénomène dont la multiplicité des dimensions rend la définition difficile, rien de tel n’ayant existé auparavant.

Pour le président de la République il s’agit d’une guerre. Certes l’action militaire à mener, par une coalition, pour expulser El des vastes territoires conquis en Syrie et en bordure de l’Irak répond à ce critère. Par contre, ce qualificatif n’est pas applicable aux opérations de police, mêmes violentes, nécessaires au maintien de notre sécurité, et encore moins aux méthodes à employer pour défendre nos valeurs alors qu’une minorité de nos concitoyens les menacent.

Dans le combat engagé pour éradiquer les racines de ce péril, les mots doivent légitimer la réalité qu’ils recouvrent dès lors que leur répétition multi-quotidienne, par les médias, les réseaux du web et les conversations modèlent la psyché de ceux qui les entendent. L’existence de jeunes, vivant dans des familles disloquées par l’absence d’un père et donc livrés à eux-mêmes dans un environnement gris, une école inadaptée à leurs modes de vie et par voie de conséquence en quête d’un idéal et d’un avenir absent de leur horizon, facilite la tâche des recruteurs salafistes. Ces derniers sont les vecteurs d’une religion dont ils dévoient les sourates pour diffuser et faire accepter un idéal, n’ayant d’autre objectif, pour leurs disciples, qu’une entrée au paradis des houris.

La lente réussite de ce combat ne peut avoir d’autre socle que l’abandon d’un politiquement correct dont la peur des mots est telle que la loi française ne nous permet pas d’avoir une idée précise de l’ampleur du phénomène à combattre puisqu’elle interdit la mention des ethnies d’origines dans le formulaire des recensements de la population. Bien sûr, l’analyse du phénomène nous mettant en risque ne s’applique pas qu’aux différences ethniques dès lors que certains des assassins étaient des français "de toujours" pour employer le langage d’un député socialiste n’osant pas dire "français de souche". Aussi, parallèlement aux opérations militaires et diplomatiques au Moyen-Orient, il s’agit sur le territoire national, sans enlever, pour le moment, leur priorité aux actions des forces de l’ordre, de revoir la politique des banlieues et d’en finir, entre autres mesures, avec l’opposition des Syndicats tout puissant de l’Education Nationale à l’utilisation de la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture.

L’Amérique, forte de l’expérience des 3.000 morts du 11 Septembre 2001, qui l’a conduit à choisir, sous le choc, l’Irak comme bouc-émissaire nous conseille aujourd’hui de ne rien décider dans l’émotion. Emotion qui ne les a jamais incités à envisager de toucher à leur Constitution. Pour ma part, je ne vois qu’une mesure justifiant une modification de la notre : rédiger un nouvel article décidant que le mandat d’un ministre de l’Education nationale ne doit pas être inférieur à deux ans !

Plus sérieusement, dans l’immédiat le gouvernement doit s’employer à éviter de porter les espérances du public en matière de sécurité personnelle au-delà d’un certain niveau. Il doit avoir à l’esprit que chaque fois qu’une strate de la population émet une plainte une aide appropriée est décidée. D’où l’existence d’une mentalité d’assistés ayant pour socle le principe de précaution.

Augmenter les effectifs militaires et civils chargés de notre sécurité peut être utile mais l’expérience vécue de la Résistance par l’auteur de ces lignes lui permet de montrer les limites d’un tel effort. Le noyautage de la France entière par la Wehrmacht, les SS, la Gestapo a existé sans leur permettre de déjouer les attentats ni d’en identifier, dans la plupart des cas, les vrais coupables. Ce sont les malheureux otages qui ont payé de leur vie le courage de leurs camarades. La partie la plus importante de l’effort sécuritaire revient aux Services de Renseignements et aux décryptages des messages SMS et autres.

S’agissant de cette recherche, on ne saurait sous-estimer l’importance des relations transversales entre administrations aux compétences différentes. Or la nature humaine veut que chacun ait tendance à vouloir bénéficier de la gloire, ou simplement de l’avancement dépendant de ses découvertes. Quant aux messages, la diffusion de l’encryptons les rend souvent indéchiffrables. La CIA est la première à avoir essayé d’obtenir du Congrès une obligation d’en donner la clé. Demande refusée au motif de la protection des libertés publiques. Libertés qui vont souffrir de ce refus qui est aussi, jusqu’à présent, celui des Parlements Européens.

L’Occident, sa culture libérale, peut-être sa civilisation, sont confrontés par un défi d’autant plus difficile à combattre que les émissaires salafistes offrent aux jeunes en quête d’idéal l’occasion de s’accrocher à une religion soi-disant de la pureté dont l’élément purificateur est le sang de ses adeptes et celui de leurs victimes.

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