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Quand un officier des Arts et Lettres gagne dix fois moins que le coiffeur de l'Elysée
©REUTERS/Eduardo Munoz

Triste époque

La lâcheté du monde politique et de la presse subventionnée aura permis de maintenir un couvercle sur l'escroquerie linguistique du quinquennat Hollande.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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La lâcheté du monde politique et de la presse subventionnée aura permis de maintenir un couvercle sur l'escroquerie linguistique du quinquennat Hollande jusqu'à l'annonce de sa non-candidature, qui vient de donner le signal de l'hallali à tous les grammairiens de la vingt-cinquième heure. Depuis le début, François Hollande parle et écrit d'une manière qui offense le bon goût. Il fallait qu'on le dise, or très peu l'ont dit. Il aura fallu cinq ans aux commentateurs de tous bords pour s'apercevoir qu'un président qui parle de Mandela comme d'un "combattant infatigable de l'apartheid" n'est pas à sa place sous des lambris qui ont vu passer tant de normaliens à la Pompidou et de diplomates à la Claudel.

Le président Hollande appartient, comme Ségolène Royal et Martine Aubry, à cette frange d'analphabètes sortis de l'Ena qui ont fait Français deuxième langue, et la plupart de ses collaborateurs et ministres, à l'exception de Montebourg peut-être, ne valent pas mieux que lui. Les tweets de Christiane Taubira étaient d'une prétention maladroite et absconse qui a fait honte à la France entière (L'#Express assène. Serait drôle, sauf que femme qui dérange couche forcément. Presse d'info ou presse de faux? Newton : lourd en tombant.) . Aquilino Morelle, qu'on nous donnait pour un phénix, est l'auteur d'une poignée de discours grotesques dont celui que je dénonçais ici-même au sujet d'un soldat mort en août 2012, soit trois mois après l'élection présidentielle la plus désastreuse de l'après-guerre.

A l'époque ni la presse ni le personnel politique n'étaient très impatients de relever les fautes et les grossièretés présidentielles. Tant qu'on ne savait pas de quel bois le président allait se chauffer, la grammaire, l'orthographe, le bon goût pouvaient attendre. Les instituteurs aussi ont attendu mais en vain. Leur attente a été payée finalement de tant d'incorrections, y compris en provenance de leur ministre, qu'ils ont décidé de faire le minimum syndical en attendant la retraite. Najat Vallaud Belkacem a même été reprise publiquement par une prof de français pour avoir défendu sa réforme en ces termes qui comportent une faute de conjugaison et une rupture de syntaxe par changement du sujet en cours de phrase #ReformeOrthographe Bien qu'appliquée en 2008, je n'ai pas le souvenir que @Le_Figaro la critiquât. Instrumentalisation? 

Ensuite les discours présidentiels, les conférences de presse, tout, de mois en mois, aura accentué l'impression de malaise linguistique, dans un silence insistant et consternant, celui de la presse, celui de l'audiovisuel, et celui de l'Académie. Non seulement la diction présidentielle était horripilante et rappelait les aventures de Casimir dans l'Ile aux enfants, mais ses phrases étaient vides, sans verbe, sans objet, sans portée, sans panache, sans rien.

Quant à l'orthographe proprement dite des services de l'Elysée, à propos de laquelle j'ai poussé un hurlement en septembre 2015 dans les colonnes du Figaro, hurlement qui a été entendu 180 000 fois (contre 120 000 pour la lettre ouverte de Jean d'Ormesson au président), mon coup de main le plus imprudent aura été de consigner le pdf initial du communiqué de presse sur une adresse privée où il se trouve toujours, (http://http://monsujet.fr/declaration.pdf) - avant qu'il ne soit corrigé. Le résultat est facile à vérifier dans Google, après la publication de cet article le journal ne m'a plus jamais appelé. Il a aussi fait supprimer de ses archives internet, fait rarissime, une "lettre ouverte à Bernard Cazeneuve" qu'on trouve encore en cherchant bien. Il faut sans doute y voir l'un de ces coups de sang dont le cabinet de l'Elysée était si coutumier qu'il a fallu attendre l'éviction d'une journaliste de l'Observateur (habituellement docile), pour que l'on s'aperçoive qu'il y avait un problème d'autodéfense à l'Elysée.

En tout cas ni la mise à pied du climatosceptique Philippe Verdier, ni mon bannissement n'auront suscité la même indignation que le sort d'une des égéries de la gauche Perdriel. Tant pis ou tant mieux. Il y a une chose que ces messieurs ont négligée c'est le principe selon lequel les écrits restent. Les leurs d'abord, hélas. Les miens éventuellement. D'abord ces quelques paragraphes, ensuite un livre à paraître en mars sous le titre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos" et pour finir l'énoncé de ce paradoxe que j'aime à souligner : sous François Hollande, Caligula de la langue française, un écrivain réputé de droite, primé par l'Académie, décoré, exilé de l'intérieur pour raisons politiques après plusieurs livres honorables, gagnait dix fois moins que le coiffeur de l'Elysée - lequel d'ailleurs rappelle le cheval de l'empereur romain, Incitatus, qui faillit être nommé consul au temps où sévissait, à Rome, un intrigant nommé Macron qui aurait mis fin, selon Tacite, au règne de Tibère.

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