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Quand un général israélien compare l'État juif à l'Allemagne des années 30
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Contre-sens

Le général Yair Golan est chef d'état-major adjoint de l'armée israélienne et prononçait un discours devant un kibboutz à l'occasion des commémorations de la Shoah.

Ça ne pouvait pas passer inaperçu. A la veille de la journée de commémoration de la Shoah, le général Yair Golan, chef d'état-major adjoint de l'armée israélienne, a donné un discours où il lance un avertissement à la société israélienne. Voici les propos les plus polémiques, rapportés par le Washington Post :

S'il y a une chose qui me terrifie par rapport à la mémoire de la Shoah, c'est de voir les tendances atroces qui se sont développées en Europe en général, et en Allemagne en particulier, il y a 70, 80 et 90 ans, et de voir des indices de ces tendances ici, parmi nous, en 2016.

Rien n'est plus facile que de haïr ceux qui sont différents ; il n'y a rien de plus facile que de semer la peur et la terreur ; il n'y a rien de plus facile que de se comporter comme des animaux, de hurler avec les loups, d'être persuadé d'avoir raison.

Comme l'écrit Chemi Shalev, chroniqueur à Haaretz, le quotidien de centre-gauche israélien, "C'est difficile pour moi de savoir s'il était courageux ou stupide, ou peut-être les deux". Il était certain que de tels propos généreraient une controverse sans précédent.

La société israélienne est effectivement secouée par des mouvements nationalistes et extrémistes. Après qu'un soldat israélien a exécuté un terroriste palestinien désarmé et qu'il fut arrêté, des milliers d'Israéliens ont manifesté pour le soutenir et exiger sa libération. Certains dans la foule ont crié "Mort aux arabes !"

Ceci dit, si cet incident montre des tendances inquiétantes dans la société israélienne, il montre également la différence fondamentale entre l'Allemagne nazie et l'Etat juif : aujourd'hui le sergent Elor Azaria qui a commis les faits est arrêté et est en procès. Israël regarde les crimes de guerre comme des atrocités à punir ; pour l'Allemagne nazie, les crimes de guerre étaient l'objectif. Contrairement à ses voisins, Israël est un état de droit. Des milliers de manifestants extrémistes dans un pays de 8 millions de personnes dont la politique officielle reste de chercher la paix avec ses voisins est inquiétant, mais peut-être moins inquiétant qu'un groupe comme le Hamas, élu démocratiquement à Gaza sur un programme officiel de génocide antisémite, alors que Benjamin Netanyahu a encore une fois invité son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, à une entrevue sur la paix, déclarant que "Ma porte est toujours ouverte à ceux qui cherchent la paix avec Israël", sans réponse.

Israël, le seul Etat d'un peuple qui a connu la discrimination et la violence durant presque toute son histoire, notamment du fait de l'absence d'un Etat juif, est l'objet de campagnes de délégitimisation, visant à son élimination, dont une des composantes est la comparaison entre Israël et l'Allemagne nazie, une comparaison insoutenable historiquement.

Le lendemain de son discours, Yair Golan a nié avoir voulu faire cette comparaison, déclarant qu'il "n'en avait aucune intention", et que la comparaison est "absurde et sans fondement." Si la peur d'une radicalisation de l'Etat et de la société en israélienne est possible, il est difficile de voir comment les comparaisons aux années 30 sont audibles ou historiquement justifiables. 

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