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Quand NKM aux Antilles construit une candidature pour les primaires 2016
©Reuters

Rebelle

En déplacement jusque mardi 14 juillet, la vice-présidente des Républicains ne s’est pas contentée de soutenir les candidats aux élections régionales, elle en a profité pour tisser ses réseaux.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Elle l’a dit et elle le fait. Son maintien à la tête de l’UMP ne vaut pas allégeance à Nicolas Sarkozy, bien au contraire. Si Nathalie  Kosciusko-Morizet a obtenu, de haute lutte, de pouvoir conserver sa liberté de parole c’est bien pour en user. Et tracer ainsi un petit chemin de pierres blanches qui devrait la mener vers une candidature aux primaires des Républicains dont elle défend l’idée depuis des années. Après quelques semaines de silence poli, la voici donc à nouveau à la manœuvre. Prenant ses distances avec l’ancien Président et organisant des déplacements aux allures de campagne électorale.

Actes 1, le 9 juillet, NKM est invitée sur France Info, et elle a décidé de sortir l’arme lourde. Alors que Nicolas Sarkozy vient tout juste de signer une pétition dans Valeurs Actuelles dénonçant les propos de Dalil Boubaker qui proposait, quelques jours plus tôt, de transformer certaines églises non occupées en mosquées, elle affirme : "On essaie d'exciter autour de ce sujet qui n'existe pas vraiment. Le recteur de la mosquée de Paris a fait marche arrière tout de suite. Ca n'est pas une question qui se pose tous les jours le matin aux Français, c'est pas vrai ! Pourquoi le faire revivre, pourquoi aller chercher à cliver, pourquoi aller chercher à en faire un sujet alors que ça n'en est pas vraiment un ! Tous ces gens qui nous parlent de civilisation à propos de l'Eglise, est-ce qu'ils rentrent vraiment dans les églises ? (...) Moi, je rentre dans les églises. Je pense que beaucoup de ceux qui ramènent la question de l'Eglise, de la religion à un projet de civilisation ont parfois oublié le message évangélique". L’ancien officier de Marine ne fait pas dans la dentelle. Bien au contraire, sa charge est lourde, pesante. Cette pétition, c’est tout ce qu’elle déteste. Une prise de position dans la veine de Patrick Buisson dont elle dénonçait l’influence en 2012 en ces termes : "Le principal reproche que je fais à Patrick Buisson c’est que son objectif, à mon avis, n'était pas de faire gagner Nicolas Sarkozy, il était de faire gagner Charles Maurras". Bref, cette discorde a le profil parfait. C’est le différend que NKM attendait pour se démarquer du président de l’UMP. Elle fonce sans se poser de questions.

Dès le mois de juin, ses proches expliquaient que la vice-présidente des Républicains n’avait pas vocation à faire de vieux os à son poste. "Mais il est un peu tôt pour qu’elle reprenne sa liberté, expliquait-on dans son équipe. Pour l’instant, elle a tout intérêt à rester et à utiliser son poste comme tremplin". Ses nouvelles fonctions de directrice de la campagne des régionales tombent alors à pic, elles vont lui permettre de travailler une image qu’elle sait un peu trop "perso". NKM va mouiller la chemise pour les autres, aller soutenir tous les candidats aux régionales. Le 12 juin, elle arpente les rues de Paris avec Valérie Pécresse candidate à Paris. Le 3 juillet, elle est dans l’Ariège pour soutenir le candidat local. Enfin dimanche, elle s’envolait pour les Antilles. Officiellement la vice-présidente des "Républicains" part apporter son soutien à la liste "Ba péyi a an chans" de Yan Monplaisir pour les élections territoriales de décembre prochain. Mais tout aussi officiellement, elle effectue un certain nombre de visites qui n’ont pas grand rapport avec ces élections locales. A la pointe de Faula, elle s’intéresse à la gestion des algues sargasses, sorte d’algues vertes locales. Un léger clin d’œil afin que personne n’oublie qu’entre 2010 et 2012, NKM a été ministre de l’Écologie et que ces questions gardent pour elle une réelle importance, qu’elles font partie de son ADN. La future candidate rencontre aussi des professionnels du tourisme, des femmes chef d’entreprise et visite une exploitation de bananes. On est loin du simple meeting de soutien façon "un petit tour et puis s’en va". Consciente de son déficit de notoriété, ses équipes ont organisé ce déplacement afin qu’il lui permette de tisser des réseaux, des amitiés. Elle doit aussi rencontrer les militants de la fédération de la Martinique, un passage stratégique pour préparer une candidature interne. Ce déplacement était prévu dès le mois de juin, et il ne sera pas le seul du genre.

"Elle fera tout ce que fait le président et qu’il n’a pas le temps de faire. Il peut partir faire des conférences au Qatar, elle s’occupe de la maison", souriait-t-on alors dans l’entourage de l’ancienne ministre qui se dit "Valls a fait 5% et il est aujourd’hui Premier ministre je peux faire pareil, en tout cas, si je n’y vais pas je n’existerais pas". Elle voit aussi Bruno Le Maire qui a fait son bonhomme de chemin, a fini par construire une image de présidentiable et elle ne veut pas se laisser distancer par d’autres.

La future candidate s’est donc attelée à son programme. Un petit groupe est chargé d’y réfléchir. "Il sera libéral en matière sociétale comme en matière économique et de droite sur les sujets régaliens", croit savoir un élu proche de NKM, qui ajoute : "elle veut séduire les classes supérieures diplômées". Une idée maitresse commence à se dégager : faire de sa candidature une arme contre tous les archaïsmes. Ses adversaires ? Ceux qui rêvent de la France d’avant.

Il s’agira ensuite d’écrire le scénario de la rupture avec Nicolas Sarkozy qui débouchera naturellement sur une candidature. Pour ça, NKM doit afficher sa singularité comme elle l’a fait, le 13 juillet, dans une tribune accordée au Figaro. Elle y parle du non grec au référendum en ces termes : "Respect, pour ce sursaut rebelle, qui sonne comme un rugissement que l'on entend au loin dans la nuit européenne". Alors que ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy a semblé se contredire, actant presque la sortie de la Grèce de la zone euro avant d’expliquer que tout devait être " fait pour trouver un compromis", NKM n’a pas hésité à se glisser dans la brèche ouverte, à souligner, en creux, les faiblesses du discours de l’ancien Chef de l’Etat. Elle trace ainsi son sillon. Un discours fondateur est prévu en fin d’été. Ne restera plus qu’à organiser sa sortie. Les équipes de l’ancienne ministre de l’Ecologie ont déjà tout prévu, ce sera autour de Noël. Il suffira de trouver un nouveau sujet de désaccord, de reproduire "en grand" l’épisode sur les églises transformées en mosquées.

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