Quand Najat Vallaud-Belkacem était comparée à "un perroquet, sans pensée politique propre"<!-- --> | Atlantico.fr
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A la question "Mais travaille-t-elle ses dossiers ?", on réplique de façon prévisible : "C'est un perroquet, elle n'a pas de pensée politique propre !"
A la question "Mais travaille-t-elle ses dossiers ?", on réplique de façon prévisible : "C'est un perroquet, elle n'a pas de pensée politique propre !"
©Flickr

Noms d'oiseaux

Véronique Bernheim et Valentin Spitz expliquent comment Najat Vallaud-Belkacem a dû affronter la misogynie de nombreux cadres du PS, jaloux de son ascension fulgurante. Extraits de "Najat Vallaud-Belkacem, Une gazelle au pays des éléphants" (2/2).

Véronique  Bernheim et Valentin Spitz

Véronique Bernheim et Valentin Spitz



Véronique Bernheim est journaliste et scénariste pour la télévision.



Valentin Spitz est journaliste à Europe 1 et chroniqueur politique pour "Le Plus" du Nouvel Observateur. Les deux auteurs coaniment l'émission "Le Gros Squat" à la radio et à la télévision.

 

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Le portrait a agacé ses proches. Deux longues pages dans l'hebdo lyonnais Lyon Capitale : "Najat Vallaud-Belkacem, l'ambition assouvie". Il revient sur sa trajectoire "fulgurante".

Dès les premières lignes, les critiques fusent : "Pour ses détracteurs au sein du PS lyonnais, la machine s'emballe. Najat Vallaud-Belkacem est ministre sans avoir jamais été parlementaire ni avoir exercé de haute responsabilité dans une collectivité locale. Au PS avec son armée de barons locaux, ils sont légions à jalouser la promptitude de son ascension. Son portefeuille ministériel vient valoriser son parcours de femme d'appareil plus que son poids politique."

Tout dans ce portrait semble vouloir souligner le manque de légitimité de NVB à son poste. Ainsi, on peut y lire : "A la base, tout a commencé par un échec. A la fin de ses études à Sciences Po en 2002, elle tente l'ENA. Elle est repêchée par une copine de promotion, Caroline Collomb, qui la fait entrer au cabinet de son mari fraîchement élu maire de Lyon." On gomme au passage ses trois années dans l'équipe d'Alain Monod, son expérience auprès de Béatrice Marre...

Tout au long du portrait, il est peu ou pas question des compétences ou du travail à Lyon de Najat Vallaud-Belkacem : elle est surtout dépeinte comme une ambitieuse qui sait manipuler, manœuvrer pour arriver à ses fins.

"Najat dit toujours qu'elle n'est pas une icône de la diversité, mais s'en sert. Elle le fait dire par d'autres au PS quand elle en a besoin. Elle ne joue pas sur ce registre mais en profite", s'amuse un socialiste lyonnais. Un cadre du PS ajoute, toujours dans ce portrait de Lyon Capitale : "Elle a eu raison de jouer la carte Royal. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois."

[...]

Combien de propos misogynes et sexiste n'avons-nous pas entendus à l'évocation de Najat Vallaud-Belkacem ? Les "Elle est habile", "Elle passe très bien à la télévision", "Elle est jolie" dérivent très facilement vers des sous-entendus à caractère sexuel. A la question "Mais travaille-t-elle ses dossiers ?", on réplique de façon prévisible : "C'est un perroquet, elle n'a pas de pensée politique propre !" François Pirola, son bras droit lyonnais, nous raconte encore : "Beaucoup d'hommes me disent 'C'est toi qui fait tourner la boutique, derrière Najat ?Si ce n'est toi, c'est son mari ou un homme politique...'."

Hommes, femmes, opposants politiques, représentants de son propre camp : chez tous, la violence des propos est courante, voire banalisée. La misogynie est présente partout et à tous les échelons de notre société ; ces remarques sourdement distillées confirment une tolérance évidente à l'égard du sexisme dans notre pays.

Caroline De Haas, fondatrice de l'association Osez le féminisme et désormais conseillère auprès de la ministre des Droits des femmes, nous expliquent qu'ici se situe la clé de leur engagement : il s'agit de lutter contre cette tolérance globale dont bénéficie le sexisme en France, et, au-delà, de lutter contre les violences psychiques et physiques faites au femmes.

Or, c'est un combat que mène Najat Vallaud-Belkacem depuis toujours : "Une chose qui me définit le mieux, c'est le combat pour l'égalité. Si on avance sur le front de l'égalité entre les hommes et les femmes, on avance sur l'égalité en général."

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Extrait de "Najat Vallaud-Belkacem, Une gazelle au pays des éléphants" First Editions (30 août 2012)

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