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Quand Macron joue sur l’aile droite, Valls revient sur l’aile gauche. Et si tout avait été arrangé pour que François Hollande puisse marquer au centre... en direct à la télévision ?
©POOL New / Reuters

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Deux heures de télévision pour le président de la République afin d'essayer de se frayer un chemin entre la droite défrichée par Macron et la nouvelle conduite à gauche de Manuel Valls ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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C’est encore assez extraordinaire ce qui s’est passé en France depuis deux semaines. Dans un climat de plus en plus délétère, avec une opinion publique désabusée et surtout découragée par la situation économique, les trois personnalités les plus importantes de l’exécutif se sont livrées à des exercices de politique purement politicienne. 

Emmanuel Macron d’abord, est passé aux actes. Il a fait ce qu’il disait vouloir faire depuis trois mois. Il a créé son mouvement, ni de droite, ni de gauche à partir d’un diagnostic partagé par le plus grand nombre à savoir que la France est bloquée, incapable de se réformer pour s’adapter aux mutations structurelles liées à la mondialisation et aux révolutions technologiques.

Cela dit à partir du moment où il assume ce constat et annonce son projet de construire un programme qui répond à cette contrainte-là, pour la transformer en opportunité de développement, il projette une série de mesure qu’il ne voit ni à droite, ni à gauche mais qui pour beaucoup sont d’essence libérale.

Du coup, pour les gens de gauche, Emmanuel Macron a organisé une sortie sur la droite

Les sondages prouvent qu’il n’a pas si mal réussi puisqu’il est aujourd’hui plus populaire dans les populations traditionnellement classées à droite que dans celles qui appartiennent à sa famille d’origine. 

Manuel Valls lui, c’est paradoxalement l'inverse. Passablement bousculé par les débats sur la loi El Khomri et les critiques qui sont plutôt venues de sa majorité, le Premier ministre a opéré un repli stratégique sur son aile gauche. Il a revu le texte de la loi pour calmer les frondeurs et les jeunes, il a acheté les jeunes qui manifestaient place de la République avec une série de mesures digne d’un épisode du "Baron noir", il a dit et répété hier que sa famille était de gauche, et qu’’il y resterait. 

Il a dit et répété dans Libération qu’il y avait bien une gauche et une droite. Sous-entendu, ce "centrisme moderne et technologique » d’Emmanuel Macron n’existait pas.

Manuel Valls n’est donc pas mort. Il est même sans doute plus fin politique que son ministre de l’économie. Car d’une certaine façon quand Emmanuel Macron, se positionne sur le marché libéral et le proclame haut et fort, il rend service au Premier ministre qui, du coup peut se repositionner lui, à gauche, et dire haut et fort que la gauche existe et qu’il en fait partie. Electoralement pour un homme de gauche, c’est sans doute plus profitable d’être classé à gauche. 

Toutes ses figures acrobatiques relèvent de la pure posture politique. Les deux hommes présentés comme des frères qui seraient prêts à partir chacun de leur côté, s’apparente à du grand théâtre. 

Emmanuel Macron a peut-être raison sur le fond. Personne ne le sait. Que ce clivage politique droite et gauche rende difficile les reformes ? Sans doute ! Ce clivage historique date de 1958, et de la mise en place du système bi-partisan par le général de Gaulle. Et il est peut-être fatigué. La mondialisation, la disparition du bloc communiste, le développement des moyens d’information ont peut-être fait bouger les lignes à l’intérieur des partis. La recomposition du paysage politique français est réclamée par les classes productives, les CSP+ et les dirigeants d’entreprise qui, comme Macron, estiment que nous avons besoin de réformes qui ne soient pas marquées par une idéologie particulière mais qui soient essentiellement efficaces et performantes. 

Sur le fond, Manuel Valls pense qu'il faut évidemment réformer notre système économique et social, mais il sait aussi qu'on ne pourra pas le faire contre une majorité de l'opinion publique. 

Macron et Valls sont évidemment habités par la même ambition, celle de réussir à moderniser ce pays, mais leurs moyens sont un peu différents. 

  • Macron pense qu’il va convaincre en dehors des partis. 
  • Valls pense qu’il n'y a pas d’autres solutions que d’obtenir une majorité à peu près homogène. `

A quelque mois d’une présidentielle, c’est évidemment Valls le plus pragmatique sur le plan politique.  Maintenant, les deux hommes appartiennent à la même équipe qui a été formée par François Hollande. 

Au premier degré, cette équipe devrait exploser. Elle est a priori complètement incohérente. Ils ne pratiquent pas le même jeu. Au deuxième degré, on peut penser que ce casting, qui a été choisi par François Hollande, opère désormais sur un scenario écrit par le président lui-même. 

Quand les deux hommes les plus puissants de son équipe se partagent l’espace sans se séparer, l’un sur l'aile droite et l'autre sur l’aile gauche du terrain, en fait, ils occupent le terrain, il ne reste à François Hollande qu’à jouer au centre et à marquer. 

Et si les deux continuent de lui passer des ballons, François Hollande est capable de marquer des buts lors de la présidentielle.  François Hollande a toujours su faire ce type d’exercice. On est quand même très loin de la préoccupation des Français auxquels le Président veut s’adresser. 

Ce jeu de rôle finira par se terminer très mal.

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