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"L'Homme dévasté", de Jean François Mattei. Ed. Grasset.
"L'Homme dévasté", de Jean François Mattei. Ed. Grasset.
©Reuters

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Lisez l'essai "L'homme dévasté" de Jean-François Mattei, et votre regard sur les enjeux de la France d'aujourd'hui va changer.

Rodolphe  de Saint Hilaire pour Culture-Tops

Rodolphe de Saint Hilaire pour Culture-Tops

Rodolphe de Saint Hilaire est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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L'auteur

Jean François Mattei (1941-2014) était un grand humaniste. Agrégé de philosophie, professeur à Sciences Po d'Aix et à l'université de Sophia Antipolis, il nous laisse, avec cet "Homme dévasté", paru en février dernier, son testament philosophique, vibrant combat contre les Cassandres prédisant "la mort de l'homme" à plus ou moins brève échéance.

Après La Barbarie intérieure (1999), L'Enigme de la pensée (2006), Pythagore et les Pythagoriciens (2013), cet essai brillant et impressionnant vient couronner l'œuvre d'un "Penseur de haut rang", selon le mot de Raphael Einthoven qui l'a préfacé. Nous sommes, ici, à la recherche des fondements de la métaphysique au carrefour de la mythologie grecque et de la religion chrétienne... pour notre plus grand bonheur de lecture!

Le thème

Le Premier Homme ou l'éternel recommencement. Doit-on prédire, suivant ainsi le diagnostic de Michel Foucault, la mort prochaine de l'homme ? Les signes (évidents !) de sa déconstruction sont-ils annonciateurs de la fin de l'humanisme ? A contrario peut-on, à partir, par exemple, de la philosophie platonicienne ou, plus près de nous, des réflexions de Camus, tirées notamment de "L'homme révolté", croire au renouveau de L'Homme ? Telle est la question fondamentale, et terriblement actuelle, que pose Jean François Mattei au crépuscule de sa vie, et , si j'ose (déjà) dire, à l'aube du renouveau de sa pensée, de "la" pensée.

Points forts

1/ La démonstration implacable et tous azimuts de la déconstruction insidieuse de "la taupe ", selon le mot de l'auteur, qui sape tous les principes sur lesquels repose notre civilisation : la déconstruction du langage, la neutralisation du corps, avec la théorie du "genre" (brillant !), la déconstruction du monde avec la machination de la Matrice, la déconstruction de l'art avec la dé-création de la poésie, l'abolition de la peinture, ou la suppression de la tonalité (cf. Schönberg) etc.

2/ Les références culturelles mises en perspective à l'appui de la thèse de JF. Mattei sont innombrables et criantes de vérité : de Baudelaire à Claude Levi Strauss, de Paul Valéry à René Char...Toutes les créations où l'homme est au centre de l'univers semblent aujourd'hui bafouées.

3/ La modernité et le réalisme de l'approche. Choc suprême: l'avènement de la cybernétique. "Le Cyborg est notre ontologie, sorte de chimère hybride de machines et d'organismes théorisés puis fabriqués", déclare une biologiste célèbre, cité par Mattei. Biologiste qui ajoute, constatant  l'obsolescence du sexe et des corps: "Je préfère être Cyborg que déesse". Vaste programme, digne du "Meilleur des mondes"...

4/ L'élégance du style et l'agrément de lecture.

Points faibles

S'il en faut un... On dira que c'est le revers de la médaille. Le crépuscule, si bien décrit, occulte à 99% l'aube annoncée. La décontraction, de page en page, semble totale et sans recours. De chapitre en chapitre et comme l'écrit l'auteur lui-même,"la déconstruction a fêté un bal des adieux à tout ce à quoi l'homme s'était identifié dans son histoire" : adieu à l'âme, adieu au corps, adieu au sens, adieu à Dieu... adieu à la condition humaine ; de Deleuze à Derrida, de Foucault à Kundera, le fait majeur est démontré : "La pensée ne veut rien dire" et l'être humain n'existe pas. D'ailleurs l'Holocauste puis les totalitarismes divers nous plongent dans ce pessimisme noir dés le premier chapitre de "L'Homme dévasté".

Difficile dans ces conditions de croire au message d'espoir qui ne sera adressé au lecteur que quelques pages avant la fin : l'homme est un éternel recommencement et c'est en cela que l'humanisme survivra ; c'est la recherche du commencement, mise en valeur dans "Le Premier Homme" de Camus et sa séquence "Recherche du père".

En deux mots

La reconstruction de l'humanisme ne peut passer que par le tissage entre le père et le fils, au travers de "l'architectonique" d'une culture. 

J'ai trouvé ce livre impressionnant.

Recommandation

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Informations

"L'Homme dévasté", de Jean François Mattei. Ed. Grasset.

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