Quand le poison de la récidive se trouve au centre du procès de Tony Meilhon <!-- --> | Atlantico.fr
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L'enterrement de Laetitia Perrais.
L'enterrement de Laetitia Perrais.
©Reuters

L'Histoire sans fin

C’est un procès exemplaire qui débute, ce mardi 13 octobre devant la Cour d’assises de Rennes : elle rejuge Tony Meilhon, dit "Rambo", pour l’assassinat en janvier 2011, dans des conditions épouvantables, d’une jeune fille, âgée de 18 ans, Laetitia Perrais. En première instance, Meilhon avait écopé de la réclusion criminelle à perpétuité. Dans le climat actuel, marqué par plusieurs meurtres commis par des multirécidivistes et par des manifestations de policiers, ce nouveau procès ne s’annonce pas très bien. C’est en effet un multirécidiviste.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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  • Tony Meilhon condamné, en première instance, à la réclusion criminelle à perpétuité le 5 juin 2013 par la cour d’assises de Loire-Atlantique pour l’assassinat de Laetitia Perrais, âgée de 18 ans, est à nouveau jugé en appel à partir de ce 13 octobre
  • La mort de la jeune fille, dans des conditions horribles, avait ému l’opinion et posé- déjà- le problème du suivi des condamnés  à leur sortie de prison. D’autant que Tony Meilhon était un multirécidiviste
  • Au moment où les policiers s’apprêtent à manifester à la suite de la tentative de meurtre d’un des leurs, par un braqueur multirécidiviste, le nouveau procès de Meilhon promet d’être agité

Il  est des criminels qui glacent. Qui n’inspirent à l’opinion aucune circonstance atténuante. Pas la moindre compassion. Comme jadis Pierre Bodein, l’assassin de deux petites filles. Ou encore le violeur et tueur en série Michel Fourniret. Tony Meilhon fait lui aussi  partie  de ces criminels pour lesquels la justice a prononcé des lourdes peines et qui révulse l’opinion. Il y a deux ans, la Cour d’assises de Loire-Atlantique l’avait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de 22 ans de sûreté, pour l’assassinat, près de Pornic, dans des conditions horribles, d’une jeune fille âgée de 18 ans, Laetitia Perrais.

Meilhon est rejugé, à partir de ce mardi 13 octobre- jusqu’au 28- par la Cour d’appel d’assises d’Ille-et-Vilaine statuant en appel à Rennes. On va sans doute beaucoup parler de ce dossier, surtout au moment où la justice est montrée du doigt à l’occasion de ce fait divers terrible de Seine-Saint-Denis où un policier se trouve toujours entre la vie et la mort à la suite de l’agression commise par un braqueur multirécidiviste…Lequel, bénéficiant d’une permission de sortie, a oublié de réintégrer sa cellule.. Tony Meilhon semble lui aussi être passé entre les mailles de la justice, en l’espèce, les services de probation, qui ignoraient tout  de son pedigree et de ses mésaventures judiciaires. Cette lacune avait, on s’en souvient, conduit le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy à dénoncer,-dans le cas présent- les erreurs de la justice.

Retour sur une affaire toujours très présente dans l’opinion. Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, vers une heure du matin, Laetitia Perrais, âgée de 18 ans, serveuse dans un hôtel de la petite station balnéaire La Bernerie-en-Retz, à quelques encablures de Nantes est assassinée. Mais, nulle trace de son corps.  Dès le 20,  la police arrête le présumé  meurtrier. Il s’appelle Tony Meilhon. Il connait Laetitia depuis un an environ, date à laquelle il est sorti de prison. Dans un premier temps, il affirme qu’il a renversé la jeune fille en scooter, et qu’elle est morte accidentellement. Très vite, les enquêteurs ne croient  pas une seconde à cette version des faits. La preuve, ils découvriront que la jeune fille a été étranglée et poignardée de 40 coups de couteaux…Son corps, démembré, sera retrouvée dans un étang.  

Qui est Tony Meilhon, qui se surnomme lui-même « Rambo » ? Né en 1979, il a connu une enfance guère réjouissante. Battu par son beau-père, il bascule très vite de dérives en dérives et de délits en délits. Il touche à la drogue. Se trouve confronté à l’alcool. Commet des braquages. Des cambriolages. Tant et si bien qu’à 15 ans, il connait sa première expérience carcérale. L’expert –psychiatre dira que c’est un garçon qui se «  trouve dans l’incapacité de se conformer aux règles de la vie sociale. » Du reste, ces multiples condamnations – 13 au total-en attestent. Agé de 34 ans en 2013, il a déjà passé près de la moitié de sa vie en prison. Est-il amendable ? En tout cas, il éprouve toutes les peines du monde à se réinsérer, comme en témoigne les violences exercées contre une de ses anciennes compagnes.

Comme en témoigne aussi cette fatidique nuit du 18 au 19 janvier 2011 où il assassine la jeune Laetitia Perrais. La France entière s’émeut de ce fait divers qui survient après d’autres. Mais surtout qui révèle quelques dysfonctionnements, qui s’ils n’avaient pas eu lieu, auraient peut-être permis à Laetitia d’être toujours en vie. C’est ainsi que la fameuse plainte pour violence déposée en décembre 2010 par son ancienne amie n’aura jamais de suite.

De même, le service de probation de Loire-Atlantique ne sera jamais informé du passé judiciaire chargé de Tony Meilhon.  Etrange : ce service qui n’a eu connaissance que de sa condamnation pour outrage à magistrat, n’avait pas jugé bon de s’appesantir sur son cas. A dire vrai, ce service agit de même pour le millier de délinquants dont le parcours apparait peu inquiétant et qui sont jugés parfaitement insérables… Mais hélas, il y a des exceptions qui confirment la règle.

D’ailleurs, en 2010, lorsqu’il sort de prison, Meilhon a purgé toutes ses peines et se trouve le plus légalement du monde dans la nature. En réalité, la mort tragique de Laetitia révèle une fois encore le manque de moyens crucial dont souffre la justice dans notre pays : en 2013, le sénateur UMP du Nord Jean-René Lecerf estimait qu’il fallait  recruter 1 000 éducateurs dans l’hexagone pour parvenir à un suivi efficace des détenus libérés après avoir purgé leur peine.  A- t-il été entendu ?  

Enfin, quand on sait, qu’à Nantes, dans les années 2011-2012,  trois juges d’application des peines –pour le seul ressort de la ville- géraient 4 000 dossiers, on peut penser que ces trois magistrats avaient légitimement d’autres priorités que de s’occuper de Tony Meilhon. Un point de vue qu’ont –toujours- forcément beaucoup de mal à comprendre la sœur de Laetitia, ses parents et son oncle. Et qu’ils soulèveront à nouveau au cours des audiences de la cour d’assises de Rennes.

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