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Deux poids, deux oreilles : quand le FMI critique les politiques d'austérité, la France s'enflamme... Quand il parle du "niveau excessif" de notre fiscalité, plus personne n'écoute
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Editorial

Alors que la croissance française reste en berne et que la récession commence à faire son trou, la pression fiscale est arrivée à un niveau "excessif", selon le FMI.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La France est un Etat laïc qui a pour seule religion l’impôt. Cette dérive était déjà dénoncée par l’ancien premier ministre du général de Gaulle, Michel Debré, qui assurait que notre pays ressemblait à une entreprise dirigée par son caissier. Aujourd’hui, les instances internationales les plus élevées dénoncent ce mal profond : la commission de Bruxelles, l’OCDE, ou encore le Fonds monétaire international qui s’en prend au « niveau excessif » de la fiscalité en France et recommande des réformes concentrées sur les dépenses et non l’augmentation des taxes.

Mais nos dirigeants ne l’entendent pas ainsi. La machine à générer de nouveaux prélèvements fonctionne en permanence. Et ses premiers artisans sont les ministres comme si leur meilleure manière de se faire connaître était d’imaginer de nouvelles dépenses. Au demeurant, la concurrence est rude pour sortir de l’anonymat au sein d’un gouvernement pléthorique. Chacun veut légiférer sur tout, en empiétant sur le domaine du voisin. On fait surgir ainsi des problèmes et pour les résoudre au plus vite, on propose une taxe plutôt que de s’engager dans un long combat pour réduire les dépenses. Pour agir vite, on embauche à tour de bras dans les cabinets ministériels. Voilà un secteur à l’abri du chômage ! Ainsi en quelques mois, le nombre des conseillers techniques auprès des ministres est passé de 525 à 571, sans compter les chargés de mission extérieurs, alors que Jean-Marc Ayrault avait fixé un seuil de dix conseillers au maximum par ministère. On est aujourd’hui  loin du compte.

Conséquence : on multiplie études et rapports, alors que tout est déjà sur la table depuis des années. Et le mille feuilles administratif prend chaque jour un peu plus d’embonpoint. Selon un document en annexe de la loi de finances, il existe présentement 668 commissions et instances consultatives ou délibératives auprès du premier ministre, des ministres et de la Banque de France. Tout devient plus complexe. Le choc de simplification annoncé par  le chef de l’Etat n’intéresse que les chansonniers, alors que les investisseurs étrangers ont tendance à s’éloigner de l’insupportable gaulois, le seul dans un monde en mutation à considérer qu’il n’a pas à se réformer. L’attractivité de la France subit ainsi une dégradation lente, au profit de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, alors que l’Italie et l’Espagne pourraient bien à leur tour redevenir des terres d’accueil, compte tenu des réformes qu’elles viennent d’accomplir.

La loi de finances 2014 qui est en cours d’élaboration va constituer un test majeur, car, si rien n’est fait pour réduire drastiquement le train de vie de l’Etat, la dérive du déficit va continuer de plus belle. Et le gouvernement affole et irrite à la fois l’opinion par ses initiatives quotidiennes intempestives et inconséquentes : un jour il annonce une hausse de près de dix pour cent des tarifs de l’électricité, le lendemain trois augmentations successives du tabac. Un rapport sur les retraites sème la panique dans les foyers. Etonné par son audace, l’équipe ministérielle fait ensuite marche arrière, mais le mal est fait aux yeux d’un public fragilisé par cette désinvolture, qui donne le sentiment que le pays n’est pas véritablement dirigé. Conséquence : la cote de popularité de François Hollande reprend sa descente aux enfers, tandis que la violence, stimulée par la hausse du thermomètre, fait son retour dans la rue et annonce un été …chaud.

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