Qu'est-ce qui sera le plus fort : le rejet de Marine Le Pen ou celui d'Emmanuel Macron ? La réponse a cessé d'être évidente !

C'est un sondage, qui, selon l'expression consacrée, décoiffe. Ce qui semblait acquis depuis toujours ne l'est plus. Macron avait peaufiné une stratégie consistant à ne plus avoir qu'un seul adversaire dans la compétition pour l'Elysée : la présidente du Rassemblement National. 

C'était dans la poche avec une promesse de victoire facile. Le rejet de Marine Le Pen constituait en apparence une martingale gagnante : en 2017 elle avait péniblement obtenu 30% des voix contre lui. Et pour 2022, les stratèges élyséens misaient sur la même configuration.

Un sondage paru dans le Journal du Dimanche vient de refroidir leurs ardeurs. Au deuxième tour de la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen obtiendrait 45% des voix contre 55% pour Macron ! 15% de plus pour la candidate frontiste qu'en 2017 ! Panique à l'Elysée : le TSMLP (Tout sauf Marine Le Pen) ne marche plus. 

Que s'est-il donc passé pour que le diable – la diablesse en l'occurrence – ne fasse plus peur ? Pourquoi le rejet de Marine Le Pen n'a plus les vertus mobilisatrices d'antan ? Parce que le rejet d'Emmanuel Macron va croissant ! 

Une preuve éclatante de ce phénomène figure dans le sondage du Journal du Dimanche : plus de 60% des électeurs de Mélenchon au premier tour voteraient au second pour Marine Le Pen. Que des sympathisants d'extrême gauche soient prêts à apporter leurs suffrages à une candidate d'extrême droite en dit long sur le rejet de Macron. 

Au risque de faire de la peine aux partisans du Rassemblement National, il nous faut souligner que Marine Le Pen n'est pas pour grand-chose dans sa spectaculaire remontée. Elle ne fait rien : c'est d'ailleurs ce qu'elle fait de mieux. C'est Macron qui fait le job pour elle avec une persévérance tout à fait remarquable. 

Il parle, comme il le dit lui-même, "à tout le monde". Des fois il susurre des mots doux à l'oreille de la gauche. D'autres fois, il se fait troubadour pour séduire la droite. Et surtout, et le plus souvent, il se contente de répéter qu'avec lui, l'avenir est en marche. 

C'est ainsi qu'il est devenu totalement inaudible. Le sondage du Journal du Dimanche avec ses chiffres calamiteux a été réalisé à mi-mandat. Qu'en sera-t-il en 2022 si Macron continue à parler comme il parle ? Il paraît qu'il arpente rageusement son bureau de l'Elysée en répétant à la façon de Chirac : "Putain, encore deux ans !".