PS : Cambadélis, dernier clou dans le cercueil du Hollande version 1... mais la version 2 a-t-elle seulement une chance ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jena-Christophe Cambadélis a remplacé Harlem Désir à la tête du PS
Jena-Christophe Cambadélis a remplacé Harlem Désir à la tête du PS
©Reuters

Deux ans pour rien

Ce mardi soir, le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis est devenu-premier secrétaire par intérim du Parti Socialiste. il s'agit du dernier grand changement opéré par François Hollande depuis la gifle reçue aux élections municipales. Une élection au grand dam des tenants de l'aile gauche du PS qui revendiquaient bruyamment la convocation d'un Congrès extraordinaire. de quoi semer la zizanie dans le parti ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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C'est l'ultime phase du grand chambardement post-municipales, celle qui compte autant aux yeux des socialistes que le changement de Premier ministre, à savoir le remplacement de l'équipe dirigeante du PS avec, à sa tête un nouveau Premier Secrétaire, Harlem Désir ayant été nommé au Gouvernement. En dépit des résultats catastrophiques aux municipales et de la cote de popularité de François Hollande qui dépasse le seuil d'alerte, les responsables du PS veulent croire qu'avec " un nouveau départ", la victoire est possible en 2017. "Méfiez vous de Hollande" osait même en privé un promu, convaincu que le locataire de l'Elysée, qu'il rencontre souvent, va signer un nouveau bail avec les Français. En effet, François Hollande qui, en opposition avec Nicolas Sarkozy, ne voulait pas recevoir les dirigeants du PS ni les députés de son parti, a compris son erreur et remisé au placard ses grands principes. Il refait maintenant de la politique en leur compagnie, et a concocté avec eux le mot d'ordre "Renouveler, rénover, rassembler". Et il y a du boulot !

Pour mener à bien la mission de reconquête on a fait fi des sensibilités. Le nom de Jean-Christophe Cambadélis, numéro deux en charge de l'International, s'imposait. Il aspirait à la fonction en 2012, (et avait même rédigé un livre programme intitulé " La Troisième Gauche"), mais jugé trop proche de Martine Aubry, l'ex-rivale, il avait été bloqué par les amis de François Hollande. Une grave erreur au vu des résultats ! Hier il a été élu par le Conseil National, au grand dam des tenants de l'aile gauche du PS qui revendiquaient bruyamment la convocation d'un Congrès extraordinaire. Ces contestataires avaient cependant mal lu les statuts du Parti dont un article prévoit explicitement qu'en cas de vacance, c'est le Conseil National (le Parlement du Parti), qui élit le nouveau patron en attendant le prochain congrès (prévu en 2015). L'affaire a été rondement menée au cours d'un Conseil National qui a fait salle comble. Au PS, on a maintenant hâte de passer à l'étape suivante, la reconstruction du Parti et si possible, celle de toute la Gauche (Cambadélis avait été l'un des artisans de la Gauche plurielle en 1997).

A nouveau Premier secrétaire, nouveaux porte-paroles, et un nouveau secrétariat (l'équivalent du gouvernement). Là aussi, comme dans un remaniement ministériel, des valeurs sûres restent en place et on note l'arrivée de quelques nouvelles personnalités, dont la plus connue est Samia Ghali, la sénatrice de Marseille qui a marqué les primaires des municipales dans sa ville, ainsi que le retour de Julien Dray, qui est chargé du dialogue avec l'ensemble de la Gauche, et en priorité avec les Verts. Et pour montrer que le PS n'est pas en reste avec l'écologie, le nouveau patron veut instaurer une "Université permanente " sur la transition énergétique, sujet hautement sensible. Mais, au vu des résultats électoraux et des sondages, c'est tout l'édifice du PS qui est à terre. Alors on pense à des Etats Généraux, afin de "renouer le lien avec l'électorat et de repenser le lien avec le Socialisme" dont la version 2014 reste à définir. Pour l'heure on manie beaucoup le concept au PS. Dans son livre Cambadélis parlait déjà de " Société décente". La décence implique la modération et dès hier le ton a été donné par plusieurs intervenants "pas question de transformer le PS en bateau ivre; le débat doit être maîtrisé" !

Car la marge est étroite pour celui qui ambitionne de "porter une voix autonome" avec son équipe. Il faut saisir la nuance : autonomie ne signifie pas critiquer le gouvernement comme Harlem Désir avait pu le faire au moment de l'affaire Léonarda. "Ca, vous explique-t-on c'était du poil à gratter; nous, on veut l'aiguillonner". Et puis, il n'y a pas que le Parti en tant que tel. Les parlementaires, eux aussi trépignent .Les signataires de la tribune appelant à un "Nouveau contrat de majorité", ont été entendus . Jean-Marc Germain, désormais en charge du pôle "Mondialisation, Régulation, coopération", veut d 'ailleurs croire que" l'heure du Parlement est venue", et revendique la possibilité d'amender les textes présentés par le gouvernement, notamment le futur Pacte de responsabilité ! Tout cela dans le cadre d'un débat maîtrisé ? Et en faisant le grand écart entre la volonté de réduire les déficits le soutien à la croissance !

En tous cas, les députés socialistes ont également pris conscience de l'ampleur du désastre municipal et craignent aujourd'hui pour leur réélection. Du coup un vent de réalisme souffle dans leurs rangs. Ils vont le montrer en élisant le nouveau rapporteur général du Budget, en l'occurrence une " rapporteuse", Valérie Rabaud, élue du Tarn et Garonne qui a l'expérience de l'entreprise et de la Banque où elle a travaillé avant d'entrer en politique . Et elle dit, en souriant, manquer d'imagination pour créer de nouvelles taxes, et être surtout préoccupée par le pouvoir d'achat des ménages. Il aura donc fallu une dégelée sans précédent pour que la Gauche socialiste change de braquet. Autrement, le changement c'est peut-être maintenant. Pendant qu'il est encore temps ? Ou déjà trop tard?

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