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PIP et cancer du testicule : une occasion manquée pour une prise de conscience ?
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Zone franche

Les victimes masculines de PIP n'intéressent pas grand monde. Et le cancer du testicule encore moins.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est étonnant, mais l’info selon laquelle nos amis de chez PIP garnissaient également des prothèses de pectoraux et de testicules avec du joint de double-vitrage est passée totalement à l’as.

On aurait pu croire qu’une révélation aussi croustillante fasse les gros titres au moins quelques jours durant, mais non : c’est à peine si le scoop du Parisien a été repris par les confrères. D’accord, les volumes (de vente, ne commencez pas s’il vous plait !) sont sans doute encore assez marginaux, mais tout de même…

C’est un peu comme avec les hommes battus par leur femme, ça. Omerta totale. D’autant plus qu’un mauvais esprit pourrait inférer que ce sont les mêmes, les tabassés domestiques et les amateurs de gonades artificielles.

Après (brève) enquête, les possesseurs de testicules bioniques ne sont pourtant pas plus vains ou moins honorables que l’immense majorité des adeptes du sein gonflé à l’hélium. Et c’est souvent après un cancer qu’ils en passent par cette étape de reconstruction chirurgicale légitime d’un organe passé par profits et pertes (pour les pectoraux factices, la faculté est évidemment moins complaisante).

Le truc, c’est qu’ils ont tout de même tendance à se faire discrets dans les manifs anti-PIP et sur les plateaux de télé, l’admission d’un déficit de virilité ― ou plus exactement de quelque chose qui pourrait être perçu comme l’admission d’un déficit de virilité ― étant médiatiquement moins acceptable que son équivalent féminin. Avoir besoin de gros seins pour s’assumer en société, OK. Avoir besoin de roubignolles présentables pour aller à la pistoche, maintenant que les bermudas flottants y sont prohibés, no way

Notez que le silence des médias peut être interprété de manière assez différente selon le regard que l’on porte sur la société française : soit la presse est aux mains d’un gang de machos refusant de s’étendre sur les malheurs de frangins qu’ils ne trouvent pas à la hauteur ; soit c’est plutôt la victoire d’un féminisme radical qu’il faut incriminer, les victimes masculines de Jean-Claude Mas n’étant dignes d’aucune compassion.

La presse britannique (et l’on sait désormais que les produits PIP étaient encore plus populaires outre-Manche que dans leur contrée d'origine, nul n’est prothèse en son pays) est d'ailleurs plus bavarde que la nôtre sur la question. Mais c’est que chez les voisins du dessus, on est bien plus capable de communiquer sur le cancer des testicules et les « bollocks » en toc, qu'elles soient ou non fabriquées par PIP, ne s'y cachent plus depuis longtemps campagne de dépistage après campagne de dépistage.

Ici, l'occasion du fameux « mal pour un bien » est un peu loupée.

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