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La montée en force du FN : faux coupable, vrai danger
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Zone franche

Attribuer le score de Marine Le Pen au passage de Sarkozy par l’Elysée n’est pas seulement injuste : c’est stupide et irresponsable.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Zut alors ! On va encore m’accuser de rouler pour Sarkozy, ce que je ne fais assurément pas puisqu’il aurait sans doute fallu commencer par lui offrir mon suffrage pour lui servir à quelque chose, mais tant pis... Et puis le pauvre gars est tellement détesté, de toute façon, que disposer, à défaut d’un allié, de quelqu’un qui ne passe pas son temps à le débiner gratuitement lui mettra peut-être un peu de baume au cœur en cette période difficile.

Donc, tant pis si l’on m’accuse de « sarkophilie » ― une insulte équivalant plus ou moins à une imputation de pédophilie sur nouveau-nés ou d’attouchements sur personnes âgées pendant leur sommeil ―, mais la manière dont « on » est en train d’expliquer la montée du FN par son séjour à l'Élysée est à combattre de toute urgence.

OK, entraîné par son pote Buisson (également grand copain de Mélenchon, incidemment), il lui est bel et bien arrivé de proférer un certain nombre d’imbécilités ces dernières années ― qu’il se mêle de la question Rom ou qu’il revisite notre identité nationale. Mais lui faire porter le chapeau du lepénisme est aussi absurde que de lui reprocher de ne pas avoir forcé les Bahamas, Monaco et les Iles Cayman à mettre la clé sous la porte pendant son mandat (oui, je sais : ça « on » le fait pourtant couramment. Mais notez qu’en ce qui concerne la diffusion du sida, du cancer et de la mort, il y a encore débat sur son degré d’implication).

Le Front national, un parti d’extrême droite assez porté sur la xénophobie, pollue notre paysage politique depuis quarante ans et, s’il faut s’en désoler inlassablement, lutter sans ménager ses efforts contre son influence pernicieuse, le réduire à un phénomène dont les hauts et les bas dépendraient de l’occupant (sic) d’un hôtel particulier du VIIIe arrondissement de Paris est surtout la marque d’une incapacité à envisager le au monde autrement qu’en Gaulois provincial et borné.

Si tous les pays d’Europe sans exception, des Pays-Bas (je n’écris pas Hollande pour éviter la confusion) à l’Autriche, de la Grande-Bretagne à l’Italie, du Danemark à la Suède, de l’Espagne à la Belgique, de la Suisse à la Hongrie, ont leur propre version de cette machine à rabougrir les esprits, c’est sans doute qu’il s’y passe des choses sur lesquelles même un omniprésident français n’a guère de prise.

Et s’intéresser à la manière dont une poignée de contrées vieillissantes, dépassées par le mouvement de l’histoire, à ce point effrayées par le bouleversement des grands équilibres qu’elles en regretteraient presque le bon vieux temps de la Guerre froide, se jettent dans les bras de démagogues à grandes gueules serait peut-être plus pertinent...

Bah, Sarkozy et Buisson fichus à la porte des palais nationaux par une tripotée de gentils d'ici deux semaines, le Front national devrait n'être plus qu’un mauvais souvenir et Le Pen un père Fouettard tout juste bon à gourmander les petits enfants réfractaires à la soupe, n’est-ce pas ?

Hum, franchement, je doute un peu.

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