Présidentielle 2022 : si le pouvoir d’achat est la clé de votre vote, voilà les points à surveiller dans chaque programme<!-- --> | Atlantico.fr
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Une personne regarde les affiches de campagne de Fabien Roussel, d'Emmanuel Macron, et de Jean Lassalle le 2 avril 2022, à Cannes.
Une personne regarde les affiches de campagne de Fabien Roussel, d'Emmanuel Macron, et de Jean Lassalle le 2 avril 2022, à Cannes.
©JOEL SAGET / AFP

Enjeux du scrutin

Selon de nombreux sondages, dont un récemment diffusé par Elabe, le pouvoir d’achat est la première préoccupation des Français.

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Le pouvoir d’achat est, selon les sondages, la priorité des Français pour ces élections. Si tant est que l’on souhaite voter sur ce critère, quels sont les éléments à prendre en compte ? Les critères qu’il peut être pertinent de vérifier ?

Don Diego de la Vega : D’abord, à titre personnel, je ne pense pas que le pouvoir d’achat soit la priorité des Français. Ensuite, un politique français n’a pas réellement la possibilité d’agir sur le pouvoir d’achat. Il peut agir sur le réglementaire, sur le régalien, la sécurité, etc. mais plus difficilement sur le pouvoir d’achat, car nous sommes dans une économie de marché.

Une fois cela dit, il y a deux choses à regarder dans les programmes. D’abord, la capacité à challenger la BCE. On a confié la demande agrégée à la BCE, donc si on refuse de la challenger, la question du pouvoir d’achat va être réglée à Francfort. Actuellement, la BCE menace d’augmenter les taux en 2022 et 2023. Or si elle remonte les taux, cela compensera plus que largement ce que n’importe quel locataire de l’Elysée pourrait faire sur le pouvoir d’achat. Nous sommes très sensibles à l’augmentation des taux d’intérêts. Or, contrairement à 2017, il n’y a plus de propositions en ce sens dans les programmes.

Deuxièmement, le pire ennemi du pouvoir d’achat, celui sur lequel on peut agir, ce sont les hausses d’impôts (impôts directs et indirects, charges, etc.). Tout programme qui ne repose pas sur l’amélioration de la productivité des services publics et de la priorisation des missions de l’Etat providence ne peut pas proposer de baisses d’impôts pérennes. Comme on s’est déjà engagés à augmenter un certain nombre de budgets, si l’on veut proposer une baisse d’impôts tout en restant dans les clous budgétaires, il faut augmenter la productivité du service public. Cela signifie faire des choix, éviter des doublons, établir des priorités, mettre en place un nouveau management public, une nouvelle carte territoriale, etc. Sans cela, il y aura une augmentation de la charge fiscale.

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Et le retrouve-t-on dans les programmes ?

A gauche, on ne retrouve pas cette volonté d’augmenter la productivité de l’Etat, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron parlent de ce sujet, mais ils n’ont rien fait sur le sujet quand ils avaient le pouvoir, donc ils ne sont pas crédibles. Marine Le Pen ne propose rien sur le ré-engineering de l’Etat. Éric Zemmour en parle et peut être pourrait-il avoir la volonté de le faire, mais il ne sera pas élu et de toute manière il se heurterait à l’Etat profond. La situation actuelle arrange bien un certain nombre de gens.

Dans leurs propositions immédiates, y-a-t-il des candidats qui font des propositions favorables au pouvoir d’achat ?

Chacun y va de sa petite mesure, notamment contre le prix du gaz ou de l’électricité. C’est le gel des tarifs, des loyers, des prix, ou leur fixation. C’est un grand classique qui a fait des ravages. C’est le contrôle des loyers qui a dévasté New York, le contrôle des prix est aussi très néfaste. J’ai néanmoins l’impression que les candidats sont relativement prudents sur ce sujet. Il y a moins de propositions protectionnistes ou irrationnelles. Nombreux sont ceux qui veulent augmenter le SMIC, ce qui créerait un demi-million de chômeurs chez les non-qualifiés. Il y a toujours nombre de fausses bonnes idées. Le summum de la démagogie, c’était la proposition de doubler le salaire des professeurs. Et elle a été relativement mal reçue, même chez les enseignants, ce qui est plutôt bon signe.

Il y aurait un moyen de veiller à la dépense publique, à la modestie règlementaire et donc de mieux défendre le pouvoir d’achat : une forme de localisme. Il faudrait redonner à l’échelon local plus de responsabilités. L’idée que tout vient de l’Elysée est un gros facteur de dépenses, donc de problème de pouvoir d’achat. On pourrait en partie s’inspirer du modèle Suisse.

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