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Président jusqu’au bout ? Quand 71% des Français pensent que François Hollande ne se préoccupe que de sa candidature, et non de la réponse aux défis auxquels la France doit faire face
©Reuters

Info Atlantico

Alors que François Hollande est déjà très impopulaire, le décalage qui existe entre les attentes des Français et la perception qu'ils ont de l'action présidentielle risque de pénaliser davantage la candidature de l'actuel chef de l'Etat.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : Quels sont les principaux enseignements de ce sondage ?

Yves-Marie Cann : Les résultats de ce sondage ont le mérite de la clarté. A la question "qu'est-ce qui préoccupe selon vous le plus François Hollande ?", une très large majorité (71%) des personnes interrogées estiment que le président de la République se préoccupe avant tout de la préparation de sa candidature à l'élection présidentielle et seules 28% estiment qu'il se préoccupe avant tout de répondre aux défis économiques, sociaux et sécuritaires auxquels doit faire face la France.

Cette perception est très largement majoritaire au sein de la société française et fait écho aux analyses qui sont livrées dans les médias sur l'actualité de François Hollande. Le discours prononcé salle Wagram il y a trois semaines a été présenté comme le discours d'un candidat non déclaré. Par ailleurs, cette semaine marque un véritable coup d'accélérateur de la présence de François Hollande sur le terrain en France, à travers des déplacements ou prises de parole quasi quotidiens – et parfois même plusieurs fois par jour. Cette accélération est décrite comme stratégique dans la perspective de l'élection présidentielle et non pas comme visant à répondre aux défis qui se posent aujourd'hui à la France.

Que nous apprend la perception de la priorité de François Hollande au regard de la proximité politique des personnes interrogées ?

Cette perception d'un François Hollande qui se préoccuperait avant tout de la préparation de sa candidature à l'élection présidentielle est très majoritaire à l'échelle nationale et on la retrouve aussi de façon majoritaire auprès de la plupart des segments politiques. On distingue toutefois un différentiel assez marqué entre les sympathisants de droite et ceux de gauche.

Du côté des sympathisants de gauche, 53% des personnes interrogées estiment qu'il est plus préoccupé par la préparation de sa candidature à l'élection présidentielle que par la réponse aux défis qui se posent au pays. Au sein même de la gauche se forme un clivage qui oppose les sympathisants socialistes à ceux du Front de gauche et dans une moindre mesure à ceux des écologistes. Les sympathisants socialistes sont plus partagés et sont les seuls à déclarer, à une courte majorité toutefois (54%), que la première préoccupation de François Hollande est la réponse aux défis économiques, sociaux et sécuritaires auxquels doit faire face la France.

Aucune nuance en revanche de l'autre côté de l'échiquier politique : 88% des sympathisants de la droite et du centre estiment que ce qui préoccupe avant tout François Hollande est la préparation de sa candidature à l'élection présidentielle ; les sympathisants du FN sont 80% à le penser et les "sans préférence partisane" – qui constituent aujourd'hui un groupe très important puisqu'ils représentent près de 30% d'un échantillon – sont 71% à partager ce sentiment.

Au regard du contexte actuel et de l'échéance présidentielle qui approche, comment interpréter le résultat de ce sondage ?

A 7-8 mois de l'élection présidentielle – selon que l'on prenne comme référence le premier ou le second tour , les défis sont nombreux : les enquêtes d'opinion montrent qu'aujourd'hui les préoccupations des Français se concentrent principalement sur les thématiques régaliennes (au travers des questions liées à l'identité, à la lutte contre la menace terroriste) et sur les domaines économiques et sociaux, au premier rang desquelles figure la lutte contre le chômage. Le chômage est d'ailleurs un terrain sur lequel le président de la République est en extrême difficulté. L'absence de résultats tangibles et reconnus par les Français sur le front du chômage pèse très lourd dans les jugements portés sur le bilan de François Hollande, ce dernier ayant conditionné sa candidature à l'élection présidentielle à l'inversion de la courbe du chômage. Tant que cette inversion n'est pas perçue par les Français, la potentielle candidature du chef de l'Etat à sa réélection sera sinon délégitimée, du moins décrédibilisée.

Il me semble que les résultats de ce sondage témoignent d'une nouvelle faiblesse pour François Hollande. Aujourd'hui, ce qu'attendent les Français, ce sont des réponses aux problèmes qui se posent au pays. Or, la perception qu'a une majorité de Français de François Hollande, c'est un président de la République qui est plus préoccupé par sa réélection que par la réponse aux enjeux. Le risque pour un Président qui est déjà très impopulaire auprès des Français  jamais un président de la République à 7-8 mois de la fin de son mandat n'a atteint un tel niveau d'impopularité – est que le décalage qui existe entre les attentes des Français, leurs préoccupations et la perception qu'ils ont de l'action du président de la République contribue à creuser un peu plus le fossé qui sépare François Hollande de larges pans de la population française et que cela contribue à durcir un peu plus les jugements négatifs qui sont portés soit sur sa personne soit sur son bilan. Le fait d'apparaître comme ayant trop clairement l'intention de se présenter à l'élection présidentielle risque donc de le pénaliser d'ici la fin de l'année et d'ici l'échéance du 15 décembre qu'il a pour faire acte de candidature ou pas à la primaire qui nous a été promise par le Parti socialiste.

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