+ 12 points : forte hausse de la lutte contre la délinquance parmi les préoccupations des Français<!-- --> | Atlantico.fr
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La lutte contre la délinquance gagne 12 points dans les préoccupations des Français.
La lutte contre la délinquance gagne 12 points dans les préoccupations des Français.
©Reuters

Etat de droit

SONDAGE ATLANTICO/IFOP - Le chômage est largement en tête des thèmes prioritaires selon les Français pour les prochains mois, devant la santé et la lutte contre la délinquance, qui gagne 4 places par rapport à mars. Un bond qui s'explique par les règlements de comptes à Marseille et en Corse, et les émeutes à Amiens.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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A lire sur le même sujet : Retour du thème de l'insécurité : la gauche au pouvoir est-elle armée pour faire face aux préoccupations des Français ?

Le chômage reste la première préoccupation des Français. Le contraire aurait été étonnant dans le contexte actuel. La question de la santé est toujours en deuxième position, nous restons donc bien sur des thématiques économiques et sociales.

L’environnement est en avant dernière position en termes de priorité. Ce n’est pas inintéressant de le rappeler à la veille de la conférence environnementale. Et ça n’a pas bougé depuis 2011. Le gouvernement a peut être raison de s’intéresser à ce sujet-là, mais ce n’est pas la priorité, loin s’en faut, des Français.

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L’élément important de l'étude est l’augmentation très forte de la préoccupation de l’insécurité, avec la question de la lutte contre la délinquance. De la 7e position, elle passe à la 3e position, soit une augmentation de 12 points, alors même que la précédente enquête avait été faite dans un contexte déjà assez anxiogène, après l’affaire Merah.

Je pense que les règlements de compte à Marseille et en Corse et les incidents dans les banlieues (notamment à Amiens) ont beaucoup compté dans cette remontée. Le caractère tout à fait prioritaire de la lutte contre la délinquance progresse de 23 points parmi les 65 ans et plus mais de 6 points seulement parmi les plus jeunes (moins de 35 ans). On constate également une progression de 22 points dans le Sud-est (contre + 6 à + 11 dans les autres régions), ce qui accrédite l’hypothèse d’un fort impact des évènements marseillais.

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Politiquement parlant, la hausse se manifeste aussi bien auprès des sympathisants de gauche (+16 au PS et +17 chez les écologistes) qu’à l’UMP (+15 points), même si les proches de l’UMP demeurent beaucoup plus sensible à cette thématique (70 % de réponse tout à fait prioritaire) que ceux du PS (« seulement » 47 %).

L’activisme dont fait preuve Manuel Valls n’est donc pas surfait ni inutile, puisqu’il a tenté de montrer à la population que l’exécutif, même s’il est de gauche, prend très au sérieux cette question et entend adopter une ligne de fermeté et d’autorité.

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Atlantico : La question de l’amélioration de la situation dans les banlieues, par contre, n’intéresse pas vraiment les Français. Le gouvernement essaye, sur cette question, d'allier l'aspect sécuritaire à la question sociale, comme on l’a vu avec le conseil interministériel de la semaine dernière. Les Français sont-ils sur la même ligne ?

Jérôme Fourquet : Sur le social, la santé et le chômage sont quand même les premières préoccupations. La question des banlieues en particulier remonte un petit peu, à 32%, mais ce n’est pas énorme, effectivement. Ca ne veut pas dire que ce n’est pas une préoccupation, mais que présenté comme cela, ce n’est pas la priorité numéro 1. En revanche, les Français sont très sensible aux question d’éducation, de santé, de chômage, et peuvent considérer qu’il faut mettre le paquet là où il faut.

C’est une question d’appréhension des choses. Aujourd’hui, si vous dites « l’Etat va mettre le paquet sur les cités sensibles car c’est le problème numéro 1 », vous ne serez pas entendu. Si vous dites « c’est un problème d’emploi, de chômage – notamment des jeunes – un problème d’éducation, il faut mettre le paquet », vous serez plus entendu, même si vous dites sensiblement la même chose.

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Atlantico : La lutte contre le chômage reste la préoccupation numéro 1. Au contraire, le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat et la lutte contre la précarité baissent fortement (-6 et -9). Comment expliquer cette différence ?

Sur la question du pouvoir d’achat, c’est je pense une logique de priorité : certes, le pouvoir d’achat est important, mais avant de donner un salaire aux gens, il faut leur donner un salaire. Quand la crise s’aggrave, on est moins regardant sur le salaire. Par ailleurs, étant donné l’état des finances publiques et de la conjoncture économique, il est illusoire de penser qu’il y aura des améliorations significatives en termes de pouvoir d’achat.

Pour ce qui est de la précarité, il y a peut être une symétrie inverse de la sécurité, qui peut être liée au changement de majorité. Quand on est sous un gouvernement de droite, on considère moins prioritaire la question de la sécurité, car le terrain est déjà abondamment labouré, et à l’inverse on est plus en demande d’actions sur la précarité, plus vu comme un parent pauvre de la politique gouvernementale.

A l’inverse, maintenant que nous avons un gouvernement de gauche, la précarité et le social seront peut-être traditionnellement mieux traité, et inversement la sécurité n’est pas forcément leur tasse de thé. L’opinion publique se prononce donc en fonction de l’agenda perçu du gouvernement.

Il est intéressant que sur deux enquêtes, juste avant et après la présidentielle, nous sommes donc à +12 sur la sécurité et -9 sur la précarité.

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Méthodologie : Ce sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de 1 001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interviewé(e)) après stratification par région et catégorie
d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing) du 7 au 11 septembre 2012.

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