Pourquoi, malgré leur proximité idéologique, François Baroin ne soutiendra jamais Alain Juppé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Pourquoi, malgré leur proximité idéologique, François Baroin ne soutiendra jamais Alain Juppé
©Reuters

Amour contrarié

Le maire de Troyes et le maire de Bordeaux ont beaucoup de choses en commun. Chiraquiens tous les deux, ils ont aussi résolument pris leurs distances avec le FN. Le premier soutiendra pourtant Nicolas Sarkozy lors des primaires de 2016. La suite logique de nombreuses trahisons.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

Voir la bio »

On les a longtemps cru réconciliables tant ils se ressemblent. Ces deux hommes là n'ont, en effet, pas qu'un physique en commun, une taille d'éternel jeune homme, un port altier parfois un peu guindé. Cette manière de grimper les escaliers, les marches, deux par deux, avalées. Au-delà des ressemblances visibles, il y a l'impalpable, une façon de s'exprimer et de pratiquer la politique : posément, sans excès, sans cliver mais sans plier. Peu enclin, l'un et l'autre, à tendre l'oreille à la frénésie sondagière, ils ont la même intransigeance face au Front National. On se souvient qu'en 2013, l'ancien ministre de l’Économie dénonçait la trop grande porosité entre l'UMP et le FN et affirmait qu'il existait une : "querelle doctrinale profonde entre ceux qui veulent déplacer le centre de gravité vers la droite et ceux qui, comme Alain Juppé et moi-même souhaitent conserver l'esprit du pacte des fondateurs". Il n'y a pas de doute, ces deux-là ont surtout en commun des racines, une ascendance politique. Nés sous les cieux chiraquiens, ils sont restés fidèles lors de la guerre fratricide contre les armées Balladuriennes. Juppé, le « meilleur d'entre nous », Baroin, le plus jeune ministre de son gouvernement, l'un comme l'autre, chers au cœur de Jacques Chirac. L'histoire aurait dû les souder à jamais, elle ne cesse de les séparer. Dernier tacle du plus jeune au plus âgé : « J'ai été très fier d'entrer dans son gouvernement, mais avec lui, on n'a été que de déception en déception », expliquait récemment le maire de Troyes à propos de celui de Bordeaux. Avant l'été, il avait déjà estimé :"Juppé n'a pas changé. Il souffre d'un autocentrisme total".

Mais que s'est-il passé entre les deux hommes ? Quelle sombre histoire les a l'un de l'autre éloigné ? Le péché originel remonte à 1995, François Baroin entre alors au gouvernement Juppé. Plus jeune ministre, il en est aussi le porte-parole. Il en sortira quelques mois plus tard en même temps que les juppettes. L'entourage du Premier ministre lui a alors largement savonné la planche lui reprochant d'être trop jeune, trop inexpérimenté, trop présent à Troyes et pas assez à Paris, François Baroin, lui, estime alors travailler trop seul et s'en ouvre à Alain Juppé qui, plutôt que d'aider le jeune protégé de Chirac, va l’écarter. François Baroin lui en tiendra rigueur longtemps. A tel point que, durant la campagne de 2002, alors que les deux hommes voyagent dans le même train, François Baroin fait tout pour éviter Juppé lui aussi en campagne pour Jacques Chirac.

Les relations se sont un peu réchauffées par la suite mais l’entente cordiale n'a pas durée. En 2011, lorsque Christine Lagarde quitte le ministère de l’Économie, Alain Juppé soutient officiellement la candidature de François Baroin pourtant le maire de Troyes à le sentiment que l'ancien Premier ministre joue un double jeu et soutient un autre candidat en coulisses. Depuis, la confiance n'existe plus. Certes, explique un proche du maire de Bordeaux, « il n'y a pas de cadavres dans le placard, ça n'est pas Fillon-Copé ni Balladur-Chirac ». François Baroin a d'ailleurs déjeuné aux cotés du maire de Bordeaux lors de sa visite surprise aux université d'été des Républicains au Touquet. A ce moment là, certains proches d'Alain Juppé espéraient même encore un réchauffement des relations entre les deux hommes, arguant de leur proximité idéologique. Lorgnant surtout sur les réseaux étoffés par François Baroin du haut de son bureau de patron des maires de France. Mais l'entourage de Juppé n’est pas Juppé et le candidat aux primaires n'a semble-t-il, pas souhaité faire les gestes nécessaires pour amadouer -si tant est que ce soit possible- son ancien porte-parole. Alain Juppé a fait avec François Baroin ce que certains lui reprochent de faire avec l'ensemble des parlementaires : le service minimum. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy reçoit, déjeune et parle investiture, espérant de nombreux François Baroin.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !