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Pourquoi les superstitions et petits rituels sont plus utiles que vous ne le pensez
©Pixabay

Croisons les doigts

Une étude montre que les rituels auxquels on s'emploie avant une épreuve ont un véritable effet sur la manière dont les choses vont se passer. Que l'on y croie ou non.

Vous connaissez peut-être quelqu'un qui, avant chaque épreuve, qu'il s'agisse d'un examen, d'un match de foot ou de l'issue d'un problème de couple, s'emploie à toutes sortes de rituels. Peut-être êtes-vous d'ailleurs l'une de ces personnes adeptes de ces sortes de rites – qui, attention, n'ont aucun lieu avec quelque religion. Ne nous le cachons pas : ces rituels n'ont rien de logique, et n'influent nullement sur le cours des choses. Toutefois, si nous étions tous aussi cartésiens, cela ferait bien longtemps que nous aurions abandonné ces formules, incantations et autres adjurations, voyant bien qu'elles ne fonctionnent pas à tous les coups. Nous pourrions bien dire qu'une fois, si, ces rituels ont porté leurs fruits, mais soyons honnêtes : c'est plus ridicule qu'autre chose. Oui, mais voilà : selon une étude, il apparaît que ces rituels ne sont pas si inutiles qu'au premier abord et peuvent même influer sur le déroulement des choses. Mais pas pour la raison à laquelle pensent les personnes qui les pratiquent.

Auto-relaxation

Nous sommes nombreux à y croire. Sur tous les continents du globe, il existe des rituels propres à chaque culture, voire à chaque individu. Nous y attachons un symbolisme, une sorte de foi profonde en un quelque chose qui pourrait orienter le cours des choses dans le sens que l'on souhaite. Les sportifs illustrent parfaitement ce concept, et notamment les footballeurs. L'ex-international tricolore Laurent Blanc avait par exemple pour habitude d'embrasser le crâne de son gardien de but, Fabien Barthez, avant le coup de sifflet de chaque match international (vidéo). Un véritable rituel, à ne pas confondre avec une routine, illustrée par l'exemple du joueur de tennis Rafael Nadal qui ne peut pas jouer son service sans se pincer le nez furtivement et ranger ses mèches de cheveux derrière ses oreilles (vidéo), indique très justement le site Inverse. Alors comment est-ce que porter son slip favori ou réciter l'alphabet à l'envers trois fois pourrait bien avoir une influence sur l'avenir ? C'est simple : ces gestes n'en ont aucune. Mais ce que cela vous procure, si.

Plusieurs études ont prouvé que ce n'est pas tant le rituel, mais l'état dans lequel ce dernier nous plonge, qui le rend efficace. L'étude menée par l'experte en cognition sociale de l'Université de Berkerley (Californie, États-Unis) Juliana Schroeder en atteste, rapporte le Boston Globe. Pour l'expérience, on a demandé à 85 étudiants de chanter en karaoké à tour de rôle devant un public, prestation qui serait ensuite notée. De quoi mettre mal à l'aise : le rythme cardiaque des candidats a immédiatement grimpé. Si la moitié des étudiants devaient ronger leur frein et attendre leur tour en silence, assis sur une chaise, les autres devaient s'employer à un drôle de rituel, précisé comme tel : dessiner son état d'esprit actuel sur une feuille, puis l'asperger de sel, avant de compter jusqu'à cinq à haute voix avant de froisser la feuille et de la jeter à la poubelle. Résultat : ces étudiants-là ont vu leur rythme cardiaque baisser, étaient moins anxieux que les autres, et ont par conséquent mieux chanté. En effet, si l'anxiété peut être bénéfique en vue d'une épreuve future car elle permet de se préparer psychologiquement, celle-ci se révèle néfaste lorsqu'elle survient au moment d'agir.

Nul besoin d'y croire pour le voir

Bon, très bien, mais ces candidats savaient qu'il s'agissait d'un rituel. Ils ont dû croire en son pouvoir, ce qui explique la réduction de leur anxiété, pouvez-vous vous dire. Eh bien la suite de l'étude démontre qu'il ne s'agit pas d'y croire ou non. Dans une seconde expérience, les chercheurs ont demandé à 120 adultes de participer à un test de mathématiques afin d'évaluer leur quotient intellectuel. Ces 120 personnes ont été séparées en trois groupes distincts de 40 individus. Avant de commencer le test, le premier groupe devait réaliser un rituel imaginé par les scientifiques, et nommé comme tel. Le deuxième groupe devait quant à lui réaliser les mêmes actions, présentées par les chercheurs comme "des gestes aléatoires et hasardeux". Le troisième groupe n'avait pas d'instructions précises. Et là, surprise : les candidats ayant réalisé les actions présentées comme un rituel ont mieux réussi le test que les autres. Comme quoi, ce n'est pas tellement la puissance de la foi que l'on met dans le rituel qui compte, mais simplement le fait de le considérer comme tel.

Les auteurs de ces études attribuent ainsi plusieurs bénéfices à ces rituels : tout d'abord, le fait de réaliser des actions coordonnées et structurées nous permet de créer une sensation d'ordre bienvenue dans une situation que nous ne contrôlons pas. Deuxièmement, nous employer à ces rituels nous permet de nous concentrer sur une tâche précise et ainsi laisser de côté un instant le stress lié à l'événement pour lequel on se prépare. Troisièmement, l'effet placebo que la croyance en l'efficacité du rituel procure amènerait à renforcer encore notre confiance en les rituels lorsque ceux-ci portent leurs fruits. Enfin, la symbolique que l'on attribue à certains rituels pourrait également jouer en faveur de ceux-ci. Par exemple : dessiner des émotions négatives puis jeter la feuille à la poubelle, afin de matérialiser une souffrance et de s'en débarrasser pour de bon.

Ce dernier exemple dévoile d'ailleurs un autre aspect de l'utilisation du rituel : celui qui délivre du passé, et non celui qui parie sur l'avenir. Comme l'indique le site Scientific American, certaines personnes qui souhaitent se remettre d'une rupture amoureuse décident de brûler les photos évoquant ces souvenirs à deux, et repartent du bon pied de cette manière. Sans cela, impossible de tourner la page. Une pratique qui s'apparente moins au rituel, mais qui en est pourtant bien un. Somme toute, les rituels sont des habitudes auxquelles on confère une dimension symbolique, voire spirituelle. Ce que l'on sait maintenant, c'est qu'ils marchent. Peut-être pas grâce aux forces que l'on invoque, soit. Mais le résultat est là.

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