Pourquoi les espoirs de Michel Sapin sur l’efficacité du CICE risquent d’être douchés par les faiblesses intrinsèques du dispositif <!-- --> | Atlantico.fr
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Les espoirs de Michel Sapin sur l’efficacité du CICE risquent d’être douchés.
Les espoirs de Michel Sapin sur l’efficacité du CICE risquent d’être douchés.
©Reuters

Méthode coué

Le ministre des finances Michel Sapin s'est dit satisfait vendredi 19 septembre de savoir que deux tiers des entreprises comptent utiliser le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, mis en place en 2013 par le gouvernement Ayrault dans l'idée d'encourager la création d'emplois et les investissements par les entreprises. Ce faisant, il passe sous silence les principaux défauts du dispositif que sont le manque d'ampleur et de simplicité.

Marc Touati

Marc Touati

Marc Touati est économiste et président fondateur du cabinet ACDEFI (aux commandes de l'économie et de la finance). Il s'agit du premier cabinet de conseil économique et financier indépendant au service des entreprises et des professionnels.

Il a lancé en avril 2013 la pétition en ligne Sauvez La France.com pour diminuer "les impôts", les "dépenses publiques superflues" et "retrouver le chemin de la croissance" afin de "sortir par le haut de cette crise".

Il est également l'auteur de Quand la zone euro explosera, paru en mars 2012 aux Editions du Moment. Son dernier livre est Le dictionnaire terrifiant de la dette (Editions du moment, mars 2013).
 

 

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Atlantico : Selon une enquête Insee menée auprès de 5 000 entreprises (voir ici), plus d'une entreprise sur trois estiment que le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), entré en vigueur le 1er janvier 2013, aura un effet bénéfique sur l'emploi. Qu'est-ce qui permet à ces entreprises de se montrer optimistes ? 

Marc Touati : Restons prudents : il ne s’agit que d’une enquête d’opinion. Or, la réalité est souvent bien différente des données d’enquêtes. A titre d’exemple, les entreprises interrogées par l’INSEE dans son enquête sur l’investissement ont annoncé une hausse ou une stabilité de l’investissement depuis 2012. Or, ce dernier n’a fait que baisser.

Certes, le CICE va fournir un léger bol d’air financier aux entreprises concernées, c’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle elles se montrent relativement optimistes. Cependant, compte tenu de la faiblesse chronique de la croissance, la probabilité que ce coup de pouce se traduise par de fortes créations d’emploi reste très faible.

Le but affiché du CICE, qui est de soutenir l'investissement, l'embauche et la conquête de nouveaux marchés, est-il en voie de se réaliser ? Pourquoi ?

Malheureusement non, pour la simple raison que la pression fiscale et les contraintes réglementaires (notamment sur le marché du travail) qui pèsent sur les entreprises ne permettent pas à ces dernières de retrouver le chemin de l’investissement massif et de la forte embauche. Et ce d’autant que la faiblesse de l’activité et le manque de perspectives économiques du pays appellent à la circonspection.

Michel Sapin s'est dit vendredi matin, dans un communiqué (voir ici), satisfait "des résultats de l'étude publiée par l'INSEE", et a insisté sur le fait que "près des deux tiers des entreprises comptent utiliser le CICE pour embaucher et investir". Le ministre pêche-t-il par optimisme ? A la lecture de l'enquête Insee, à côté de quelles précautions d'usage passe-t-il ? 

Comme je l’ai évoqué précédemment, il ne faut pas prendre ce type d’enquête pour une vérité absolue. Il y a bien trop de freins à l’embauche en France (coût du travail trop élevé, code du travail trop contraignant, marché de l’emploi trop rigide, 35 heures…) pour croire sérieusement que le CICE pourrait, à lui seul, changer la donne.

Au vu de ces limites, quelles déductions le gouvernement serait-il avisé d'effectuer ? Doit-il laisser le dispositif du CICE inchangé, le modifier, ou encore le supprimer ? Quel serait le moins mauvais choix ?

Si le CICE va dans le bon sens, il reste insuffisant en ampleur et en simplicité. Si l’on veut relancer l’investissement et l’emploi dans l’Hexagone, il faut avant tout réduire la pression fiscale qui pèse sur les entreprises (en particulier l’impôt sur les sociétés), moderniser le marché du travail en profondeur et créer les conditions du retour de la croissance, notamment en baissant les impôts qui pèsent sur les ménages de manière à leur redonner du pouvoir d’achat et en réduisant les dépenses publiques de fonctionnement.

Malheureusement, par manque de courage politique, les dirigeants du pays n’iront pas aussi loin et préféreront user d’artifices, tel que le CICE, et faire preuve de marketing, pour nous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Seulement voilà, après vingt ans de mensonges et de faux-semblants, les Français ne sont plus dupes.

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