Hic
Pourquoi les chefs d’entreprises ont la gueule de bois
« Paroles, paroles », cette chanson de Dalida résonne aux oreilles de nombreux Français au lendemain des discours officiels censés annoncés le programme de gouvernement qui doit s’appliquer pendant les cinq prochaines années.
L’heure est enfin aux actes qui devraient commencer à voir le jour au moment où nos compatriotes s’égrènent sur les routes des vacances. Mais déjà s’exprime un certain sentiment de déception, comme si le pouvoir jouait un film que l’on a déjà vu et que l’in assistait à une sorte de tour de passe-passe.
Première surprise : les mesures emblématiques du quinquennat sont différées : la baisse de la taxe d’habitation est reportée sans que l’on fixe sa date d’entrée en vigueur. La réforme de l’épargne avec la refonte de l’ISF est prévue désormais pour 2019, la baisse de l’impôt sur les sociétés sera étalée pour être sensible seulement à la fin de la période. Or, l’opinion avait surtout voulu retenir des messages diffusés pendant la campagne électorale, celui de la diminution des impôts. Alors que c’est une toute nouvelle chanson qui s’offre à lui : un relèvement des taxes sur le tabac, le carbone, le diesel, la CSG. La gratuité pour les lunettes ou certaines prothèses parait trop lointaine pour retenir aujourd’hui l’attention. On s’interroge pour l’instant sur les nouvelles taxations qui pourraient survenir comme si l’on revenait aux mauvaises habitudes du passé selon un éternel recommencement dans un pays où le véritable pouvoir est toujours détenu par l’administration.
Dans les sphères officielles, on explique qu’il faut avant tout assurer le succès de la réforme sur le code du travail : inutile de braquer les syndicats par un ensemble de dispositifs qui provoque une levée de boucliers générale avec le risque d’une intervention de la rue. De même la réforme du baccalauréat est repoussée à la fin de la période pour ne pas heurter de front les syndicats étudiants. Mais à vouloir trop ménager les intérêts catégoriels, peut-on vraiment s’engager sur la voie de la transformation de la société ? Et créer ce choc de confiance que le pouvoir appelle de ses vœux. C’est dans les pays où les citoyens ont le plus souffert que l’on peut s’engager résolument dans les réformes disait Raymond Barre, an ajoutant que la France n’avait pas connu de situation suffisamment dramatique pour accepter des mesures drastiques qui font nécessairement des victimes. A vouloir privilégier le sort de chacun, on se condamne à l’immobilisme. Mais dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on fait valoir que le chef de l’Etat a une autre conception de la valeur du temps, qu’il a prévu dès le départ d’étaler les transformations du pays sur la durée du quinquennat, au risque de développer un certain scepticisme dans une population toujours enclline au doute.
En prenant son temps, le Président de la République fait aussi un pari : celui que la reprise économique qui se manifeste en Europe ait un effet bénéfique dans l’hexagone et apporte ce surplus de croissance qui se traduirait par des recettes fiscales supérieures aux prévisions et permettrait de contenir la dette dans la limite des trois pour cent conformément aux engagements vis-à-vis de Bruxelles. C’est un pari audacieux dans une période où les incertitudes sont légions, notamment aux Etats-Unis, sous la houlette de Donald Trump.
Cette temporisation enlève de l’oxygène aux milieux économiques qui en ont plus besoin que jamais pour se lancer dans une politique d’investissements. Rien ne serait plus tragique que la poursuite de la stagnation qui caractérise la France depuis tant d’années. Il reste l’espoir que le nouveau Parlement, fort des l’enthousiasme de ses jeunes élus, pousse résolument le gouvernement sans plus attendre à réaliser les promesses de la campagne électorale.
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