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Pourquoi le nouveau budget fait l’impasse sur les réformes
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Edito

"Le budget manque totalement d’ambition. Il se contente d’une série de mesurettes à la marge, destinées en premier lieu à prouver aux Français qu’il n’y a pas de matraquage fiscal et que les ménages bénéficieront d’une baisse des prélèvements de six milliards d’euros. C’est en réalité une vision en trompe l’œil".

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le projet de budget qui vient d’être publié est un modèle du genre : il s’inscrit dans la longue lignée des lois de finance concoctées par Bercy, où derrière une construction habile, on a du mal à déceler un véritable projet politique. Il apparaît plutôt comme un budget d’attente, qui pourrait appeler des correctifs en raison des incertitudes internationales et de la perspective d’un ralentissement général de la croissance. Le dispositif adopté illustre les difficultés auxquelles se heurte le chef de l’Etat, chaque initiative en faveur de la transformation du pays générant aussitôt une levée de boucliers de la part de ceux qui redoutent d’en être victimes. Dans ces conditions, le budget manque totalement d’ambition. Il se contente d’une série de mesurettes à la marge, destinées en premier lieu à prouver aux Français qu’il n’y a pas de matraquage fiscal et que les ménages bénéficieront d’une baisse des prélèvements de six milliards d’euros. C’est en réalité une vision en trompe l’œil. Car il n’y a pas de véritable hausse du pouvoir d’achat : ce qui est donné aux uns est pris aux autres. Les retraités le savent bien, puisqu’ils le vivent depuis le relèvement de la CSG. Mais la classe moyenne supérieure qui représente plusieurs millions de personnes sait aussi que toutes les mesures fiscales prises depuis l’élection d’Emmanuel Macron les pénalise. Et ce n’est sans doute pas fini. Car la dégradation de la conjoncture fait apparaître le risque d’être contraint de relever le niveau de la fiscalité.

Car la France n’a pas profité l’an dernier du regain de la croissance pour entamer les réformes de structure indispensables auxquelles avaient procédé tous ses partenaires. Elle a laissé s’alourdir le poids de la dette, parce que la baisse régulière des taux d’intérêt rendait le paiement des annuités supportable. Ainsi, les emprunts contractés il y a huit ans à 2,40% qui viennent à échéance, sont remplacés par des titres à 0,45% seulement, ce qui donne le sentiment d’alléger le fardeau. Mais c’est une situation provisoire, car le mouvement de renchérissement du loyer de l’argent initié par les Etats-Unis va progressivement se généraliser dans le monde. Car il faut commencer à lutter contre l’inflation qui est de retour Le président de la banque européenne Mario Draghi vient même de constater qu’elle était « vigoureuse. » C’est une donnée qui n’est pas prise en compte dans le nouveau budget. La France sera particulièrement vulnérable alors que sa dette flirte pratiquement avec cent pour cent du produit intérieur brut (au moment où l’Allemagne descend au- dessous de 60%). Et l’évolution des cours du pétrole complique encore la donne. La loi de finances l’évalue à 73 dollars le baril alors que sur les marchés ils dépassent aujourd’hui 82 dollars, ce qui signifie un renchérissement sensible de la facture à payer alors que la consommation augmente traditionnellement à la veille de l’hiver. Un souci de plus pour la balance commerciale déjà fortement déséquilibrée.
Au total, les soucis s’accumulent au fil des semaines, donnant déjà l’impression que le budget pourrait se trouver très vite en difficulté, en raison d’une vision trop optimiste des choses. C’est dire que l’ombre de la nécessité d’augmenter les impôts pourrait se profiler à l’horizon. Ce n’est pas demain que l’obsession des Français face au ras le bol pourra vraiment être dissipée.

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