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Le marché des cigares se tient à flot, voire grandit, contrairement à celui de la cigarette. Une dynamique que l'on doit presque exclusivement à la communauté de passionnés qui continuent d'acheter régulièrement des cigares.
Le marché des cigares se tient à flot, voire grandit, contrairement à celui de la cigarette. Une dynamique que l'on doit presque exclusivement à la communauté de passionnés qui continuent d'acheter régulièrement des cigares.
©Reuters

"Dieu est un fumeur de Havanes"

Si le marché de la cigarette connait une régression dans le monde du fait des campagnes anti-tabac, celui des cigares, au contraire, est en hausse constante. Voici pourquoi.

La cigarette fait moins d'adeptes qu'avant, et c'est une bonne chose. En 2015, l'Oms rapportait que quatre milliards d'individus étaient non-fumeurs, contre 3,9 milliards en 2010. Une tendance à attribuer aux nombreuses campagnes anti-tabac véhiculées à travers le monde. Cependant, l'industrie du tabac compte encore un atout dans sa botte : les cigares.

Embargo sur Cuba et mondialisation du marché

En effet, comme le rapporte la BBC, le marché des cigares se tient à flot, voire grandit, contrairement à celui de la cigarette. Une dynamique que l'on doit presque exclusivement à la communauté de passionnés qui continuent d'acheter régulièrement des cigares pour leur consommation personnelle ou pour la revente. Il faut dire que la seconde option est devenue très rentable ces derniers temps : depuis l'assouplissement de l'embargo des États-Unis contre Cuba, la demande se fait plus forte, et les prix des cigares cubains, produits emblématiques de l'île, s'envolent. "Alors que l'embargo s'assouplit, la demande va augmenter à court terme, et l'offre ne sera pas suffisante pour y répondre, ce qui va provoquer la hausse des prix sur du court terme", explique Mitchell Orchant, le propriétaire de CGars, une entreprise londonienne de fabrication de cigares.

"Auparavant, le marché du cigare était composé - et c'est bien la logique de ce marché - des plus distingués et raffinés consommateurs, indique Rocky Patel, le propriétaire d'un magasin de cigares en Floride (États-Unis) interrogé par la BBC. "Aujourd'hui, on trouve des consommateurs de cigares de tous niveaux sociaux". Ce marché a d'ailleurs dépassé les frontières américaines, puisque ces cigares "s'exportent dorénavant très bien en Chine, à Hong Kong, à Singapour, à Macao ou au Japon", complète Mitchell Orchant. "Il y a des collectionneurs tout autour du monde, bien que les principaux se trouvent en Europe ou en Extrême-Orient".

Collectionneurs

La BBC a rencontré Dominique Gyselinck, une riche Belge passionnée de cigares. Après l'acquisition de son premier cigare en 2001, elle n'a cessé d'en acheter davantage et de les collectionner. Elle en a même fait son métier, puisqu'elle a ouvert cinq magasins de vente dédiés à travers son pays. Son faible va pour les cigares "issus de séries spéciales, d'éditions limitées, de collections vintage, et ceux fabriqués durant l'embargo", précise-t-elle. Et son investissement rapporte. Alors que ce sont près de trois millions d'euros que la Belge a injecté dans cette passion, sa collection est désormais estimée à plus de cinq millions d'euros. Les cigares les plus convoités sont ceux faits-main, de marques prestigieuses et provenant de Cuba. Les cigares manufacturés du Nicaragua ou du Honduras sont également de très bonne facture.

Et un facteur augmente significativement la valeur du cigare : le temps. Comme le bon vin, les cigares peuvent – et doivent, diront les connaisseurs – être conservés avant d'être consommés. Mieux encore, certains n'hésitent pas à s'offrir des machines dernier cri pour maintenir des conditions de conservation propres au bon vieillissement du produit. La marque de cigares Gurkha, l'une des plus prestigieuses, a ainsi vendu en 2007 un coffre en édition limitée contenant une centaine de cigares, ainsi qu'un Cognac Louis XIII pour la somme de 125 000 dollars (112 000 euros). Cinq ans plus tard, l'un de ces coffrets a été revendu pour une vente aux enchères au prix de… 658 000 dollars (590 000 euros), faisant alors entrer cette vente dans le Livre Guinness des records, indique Danny Carroll, un passionné de cigare et fondateur du Bombay Cigar Club contacté par la BBC.

Valeur décuplée

Certains cigares, enfin, voient leur valeur décuplée lorsque des personnalités y ont posé leurs lèvres. Ainsi, un cigare à moitié fumé par Winston Churchill s'est vendu à 6 000 dollars lors d'une vente aux enchères. Enfin, les pièces maîtresses des collectionneurs de cigares sont pour le plus souvent des cigares fabriqués "sur mesure", c’est-à-dire avec du tabac sélectionné selon les goûts du consommateur.

En ce moment, investir dans le cigare est donc une très bonne affaire. Pour exemple, comme le dit Mitchelle Orchant, ses clients achètent leurs boîtes de cigares par deux. Pour quelle raison ? "Dans la plupart des cas, ils revendront la deuxième boîte. Comme son prix aura augmenté, cela leur remboursera les deux coffrets qu'ils avaient achetés. De la sorte, les cigares qu'ils ont fumés étaient gratuits". Pas bête.

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