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Pourquoi l’envolée des ventes Renault est partie pour durer
©Reuters

Renouveau

Le constructeur automobile français a vendu 1,9 million de véhicules au premier semestre, un record.

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou est directeur général adjoint du cabinet de conseil Sia Partners. Il est l'auteur de "Liberté, égalité, mobilié" aux éditions Marie B et "1,2 milliards d’automobiles, 7 milliards de terriens, la cohabitation est-elle possible ?" (2012).

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Atlantico : "Nous avons battu un nouveau record avec plus de 1,88 million de véhicules vendus sur un semestre", a déclaré Thierry Koskas, directeur commercial de Renault. Ce semestre a été marqué par une hausse de 10,4 % des ventes.Comment expliquer cette envolée des ventes de Renault? La nature même des voitures vendues? Les choix de lieu de production?

Jean-Pierre Corniou : Avec 45 millions de véhicules vendus sur 6 mois, en progression de 2,7%, le marché automobile mondial continue à très  bien se comporter et Renault profite encore mieux que ses compétiteurs de cette situation positive. On dit souvent, dans l’automobile, qu’il n’y a pas de problème qu’un bon modèle ne puisse résoudre. Renault applique à la lettre cette règle en proposant au marché une gamme de modèles diversifiés, qui ont trouvé leur public. Design plus statutaire revu depuis plusieurs années par Laurens van den Acker, motorisations trois cylindres ou essence TCe en progrès pour relayer les réputés DCE diesels, qualité et finitions qui se sont hissés au meilleur niveau. Demême le pari de l’entrée de gamme est doublement réussi, avec Dacia qui confirme sa croissance et l’agressif modèle Qwid, à 3500 €, vendu en Inde, mais bientôt au Brésil. Avec 6,4% de marge opérationnelle en 2016, Renault a désormais une profitabilité solide et les chiffres de 2017 devraient confirmer cette progression dans une industrie où les volumes améliorant instantanément la profitabilité.

Ces efforts payent. Avec 1,879 million de voitures vendues dans le monde au premier semestre, Renault enregistre une progression de 10,4 % par rapport au premier semestre 2016. Le haut de gamme a trouvé sa place avec Espace et Talisman, qui séduisent les flottes, et Clio et Captur continuent d’assurer les gros volumes. Après les accords avec les organisations syndicales, Renault a obtenu des engagements de performance qui ont relancé la production en France, alors même que le groupe exploite pleinement ses capacités nouvelles au Maroc. L’appareil industriel fonctionne à plein et sa répartition géographique mondiale permette d’accompagner l’évolution des marchés.

Pensez-vous que cette progression sera durable? 

Le marché mondial connait une embellie qui ressemble à la très faste année 2007. Tous les constructeurs en bénéficient. Mais rappelons que 2007 a été suivie de l’effondrement du marché mondial en 2008 et 2009. L’automobile est un marché sensible où des facteurs exogènes, comme une tension politique entre pays producteurs augmentant brutalement le prix du pétrole, peuvent brutalement interrompre un cycle haussier car chacun peut décider sans dommage de repousser l’achat d’un véhicule neuf.

Renault a progressé en 2017 mieux que le marché sur plusieurs marchés essentiels. L’Europe tout d’abord qui demeure le marché de prédilection de Renault, comme de son concurrent direct PSA. Renault est en croissance de 5,6% alors que le marché progresse de 4,4%. Le groupe Renault représente 10,8% du marché européen. Mais aussi Renault progresse sur l’international où les résultats 2017 progressent de 16,8% par rapport à 2016. Les ventes hors Europe représentent désormais 45% des ventes du groupe, ce qui traduit une réelle inflexion stratégique prometteuse pour le futur. L’Inde, avec 57000 voitures vendues, décolle grâce au succès de la Qwid, voiture ultra low cost segment pour lequel Renault démontre une fois encore son savoir-faire. Le Brésil (+5%), où Renault est implanté depuis 1998 et la Russie (+14%), où Renault est présent grâce à Lada sontdeux marchés difficiles et instables, mais les résultats 2017 y sont favorables pour le groupe. Quant à l’Iran, où Renault s’ets installé en 2003, le marché repart avec succès pour Dacia avec Par ailleurs,les chiffres de Chine restent anecdotiques. Sur un marché chinois qui s’est établi au premier semestre à 12,8 millions de véhicules, Renault n’en a vendu que 35000 véhicules, en progression spectaculaire par rapport à 2016 où ce chiffre n’était que de 9700 ! Avec 0,25% de part de marché, dans le premier marché automobile du monde,Renault qui va y être plus actif avec son usine inaugurée en 2016 a le potentiel d’y trouver des volumes supplémentaires.

Nicolas Hulot s'est engagé à arrêter la vente des voitures diesel et essence d'ici 2040. Cela vous semble-t-il réalisable?

Il s’agit d’une vision de long terme qui définit une nouvelle frontière de la mobilité. C’est un choix de société majeur qui doit permettre à la fonction de mobilité de sortir progressivement du moteur à explosion « à gaz de pétrole » et donc de la pétro-dépendance. Cette marche vers la décarbonation de la société est une condition de la réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère et ne concerne pas que l’automobile.  Renault a été précurseur de la voiture électrique en France et dans lemonde avec l’Alliance Renault-Nissan. C’est Renault Zoé qui est leader du marché européen, et Nissan Leaf du marché mondial. L’Alliance développe son expertise dans le domaine des véhicules électriques et a augmenté de façon majeure l’autonomie de Zoé en janvier 2017, passant de 200 à 300 km réel, avec le modèle ZE 40 qui s’est vendu à 9242 exemplaires en France, ce qui n’est plus anecdotique et représente 68% du marché des voitures électriques.

Toutefois Renault n’a jamais cru à l’hybride et n’offre pas de véhicule hybride dans sa gamme, ce qui pourrait lui nuire notamment dans le haut de gamme alors que tous les constructeurs premium ont une offre et les flottes sont sensibles à cette solution alternative au diesel. Néanmoins  Renault a annoncé s’engager dans la voie de l’hybridation légère – sa solution Hybrid Assist- qui a pour but d’électrifier progressivement tous ses véhicules avec une solution moins coûteuse que l’hybride classique et qui baisse les émissions de CO2 .

Il est clair que dans la marche vers l’électrification du parc automobile Renault, et l’Alliance disposent d’atouts majeurs.

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