Pourquoi il y a de plus en plus d'allergies et pourquoi elles sont de plus en plus graves<!-- --> | Atlantico.fr
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A l'horizon 2050, la moitié de la population française sera allergique à quelque chose.
A l'horizon 2050, la moitié de la population française sera allergique à quelque chose.
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Alerte éternuements

En France, une personne sur trois est victime d'allergie. Et selon l'OMS, la situation ne va pas s'améliorer : à l'horizon 2050, la moitié de la population française sera allergique à quelque chose.

Florence Trébuchon

Florence Trébuchon

Le Dr Florence Trébuchon est médecin allergologue. Elle a fondé l'École de l'asthme au service des maladies respiratoires de l'hôpital Arnaud-de-Villeneuve, à Montpellier. Elle est l'auteur de Vaincre l'asthme et les allergies aux éditions Albin Michel (2011).

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Atlantico : Une personne sur trois est victime d'allergie (animaux, acariens, alimentation, pollens,…). Quels sont les facteurs qui expliquent ce phénomène ? Quelles sont les plus courantes ? Est-ce que ça a changé ?   

Florence Trébuchon : L'allergie a doublé en vingt ans, pour des raisons multifactorielles. Notre environnement joue un grand rôle, au premier rang : la pollution. Que ce soit la pollution extérieure à travers les particules de diesel. Ces particules fines très petites vont pénétrer au cœur des bronches, des poumons et aller dans la circulation sanguine et le nez, donc les irriter et les fragiliser. Comme la muqueuse respiratoire est plus fragile, elle va être plus vulnérable pour devenir allergique quand elle respire des pollens ou des acariens. S'ajoute des problèmes de pollution intérieure, puisqu'on concentre dans nos zones d'habitation un certain nombre de polluants liés au ménage, à la combustion, et au fait que nos habitats ont été très bien isolés depuis le choc pétrolier, mais sont parfois encore insuffisamment ventilés. Ces polluants vont aussi fragiliser les bronches et le nez et favoriser l'agressivité des pollens. Et on sait que les pollens sont plus allergisants quand ils sont dans l'air en même temps que la pollution atmosphérique aux particules de diesel. Raison pour laquelle, paradoxalement, il y a plus d'allergiques aux pollens dans les zones urbaines.

Ce doublement de l'allergie en vingt s'est fait au détriment de certaines populations qui étaient jusqu'alors totalement exemptes : j'entends par là des populations très jeunes et les personnes plus âgées.   

Selon l'OMS, à l'horizon 2050, la moitié de la population française sera allergique. Quelles sont celles qui vont se développer de plus en plus ?

Les allergies les plus importantes sont les allergies respiratoires (les pollens, les acariens, les animaux), bien devant les allergies alimentaires. Il faut particulièrement être vigilant, surtout lorsqu'on est asthmatique. Quand on a un rhume allergique, il faut savoir que dans un tiers des cas on a un asthme associé. L'asthme étant quasiment toujours d'origine allergique. Donc pour les allergiques les plus sévères, il faut éviter de faire trop d'efforts et de sport en extérieur car cela peut vraiment aggraver l'asthme. 

Quelles sont les conséquences de températures aussi douces en hiver ?

Plus il fait doux, plus la pollinisation hivernale des arbres est favorisée. Il y a deux grandes catégories de pollens : les graminées, responsable du rhume des foins, l'allergie traditionnelle du printemps. Et il y a des pollens d'arbres (bouleaux, de frênes, de noisetiers dans le Nord, ou les cyprés dans le Sud) : ces arbres pollinisent en période hivernale. Sauf qu'en hiver normalement il ne fait pas très beau, donc les pollens ne sont pas présents en grande quantité, mais s'il commence à faire doux en période hivernale, les pollens atteignent de plus grandes quantités, car ce sont des conditions idéales de reproduction pour la végétation.

Certains médecins parlent de maladie héréditaire, d'autres pensent que des phénomènes tels la pollution, l'agriculture chimique ou encore le tabac pourraient être à l'origine de la multiplication des cas. Quels sont les moyens pour les éviter ?

Beaucoup d'études ont été menées pour essayer de savoir si on pouvait prendre des mesures dès l'enfance pour que moins de personnes deviennent allergiques. Mais on se rend compte qu'il n'y a de moyen à l'échelle individuelle pour diminuer le risque d'allergie. Par contre, une fois qu'on est allergique, on peut prendre des mesures pour éviter que cela s'aggrave. Par exemple, il vaut mieux prendre de la distance avec ses animaux si on en est allergique. Si on est allergique aux acariens, on fait attention d'avoir un matelas qui n'est pas trop vieux, etc. Mais pour les pollens, hélas on les subit, on ne va pas commencer à se calfeutrer chez soi, surtout quand il fait beau ! Heureusement, il existe des traitements efficaces qui permettent de soulager les gens et qui permettent surtout d'avoir une vie normale. En cette période d'allergies, de forts taux de pollens et de pollution atmosphérique, il faut que les patients se tournent vers les médecins pour avoir des traitements efficaces.

Peut-on voir l'apparition de nouvelles allergies dans les prochaines années ?

Il peut y avoir de nouvelles émergences, mais on ne peut pas le savoir aujourd'hui. Par contre, ce n'est pas impossible concernant les allergies alimentaires. Il peut y avoir de nouvelles allergies liées à notre mode de vie. Par exemple, l'allergie à la noisette chez l'enfant était rarissime autrefois, maintenant sa fréquence augmente à cause du Nutella. Nos modes de vie évoluent, alors les allergies se développent. 

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