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Et à deux ans de l'élection présidentielle, François Hollande entra en campagne
©REUTERS/Jacky Naegelen

Statu quo

Le président de la République l'a dit et répété : les résultats des élections départementales ne changeront en rien sa ligne politique. Il semble donc avoir fait le choix de chloroformer l’opinion.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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A la veille du désastre annoncé des élections départementales pour la gauche, François Hollande vient de prendre une position franche et claire : les Français doivent savoir qu’il ne tiendra aucun compte du résultat des urnes. Il proclame dans la presse qu’il ne changera pas de politique. En clair, les réformes structurelles réclamées par la communauté internationale, le FMI et  Bruxelles attendront. François Hollande continuera de se laisser bercer par la légère brise venue d’ailleurs, celle de la baisse de l’euro, de l’écrasement des taux d’intérêt provoquée par la politique des banques centrales, celle de la reprise venue de nos partenaires, qui fera sentir quelques effets à l’intérieur de l’Hexagone, malgré les murailles que la rigidité de notre économie continue de dresser.

Le moment était pourtant propice pour engager la transformation du pays, en profitant de l’amélioration de la conjoncture, d’autant que celle-ci risque d’être provisoire : ainsi, la forte chute des cours du pétrole pourrait bientôt connaître ses limites, en raison de la hausse du dollar, qui va dépasser la parité avec l’euro et réduire l’avantage provoqué par le repli de la monnaie européenne. Mais François Hollande ne veut pas entrer sur cette voie, qui comporte trop de risques à ses yeux. Il accepte que notre pays reste la lanterne rouge en Europe, avec un taux de croissance de 0,4% seulement l’an dernier, qui atteindra difficilement un pour cent cette année, avec un chômage qui continuera de battre des records. Car, pour lui, l’essentiel n’est pas là : à deux ans  de l’élection présidentielle, il entre en campagne. Il ne convient pas de brusquer les Français en ouvrant le chantier des grandes réformes qui voient  surgir aussitôt des bataillons hostiles provenant de ceux qui ne veulent pas qu’on s’en prenne à leurs privilèges ou leurs rentes de situation.

Sa tactique est claire : il faut en quelque sorte chloroformer l’opinion, éviter tous les remous, désarmer le moindre mouvement de révolte d’un pays continuellement sur le qui-vive et l’angoisse. A commencer par la majorité présidentielle disloquée par l’interminable discussion sur la loi Macron qui n’a pas encore bénéficié de son vote ultime. François Hollande fait ainsi la cour à ceux qu’on appelle les frondeurs, qui vont rentrer dans le rang, aux écologistes, prêts à revenir au gouvernement. Tout cela en vue de mobiliser la gauche pour le combat futur de 2017 et leur faire miroiter qu’un nouveau bail pourrait se présenter à eux s’ils le suivent sur la voie qui reflète son immobilisme.

Ce comportement conduira le chef de l’Etat à prendre quelques libertés une fois de plus avec les engagements souscrits à Bruxelles. Une manière aussi de répondre aux humiliations qui lui sont infligées avec la mise de la France sous tutelle, mais aussi de manifester son dédain face à l’isolement  dont notre pays fait les frais de la part de nos partenaires. Déjà de nouvelles dépenses publiques voient le jour, à commencer par celles qui concernent les interventions militaires, mais, faute de réformes, la machine redistributrice va continuer à fonctionner en matière sociale, où l’on peut s’attendre à de nouveaux déficits.

Le pays continuera ainsi de glisser sur la voie du déclin, avec une désindustrialisation  qui devient inquiétante puisque 236 000 emplois ont déjà disparu dans l’industrie depuis trois ans. Et c’est un véritable décrochage qui menace le pays : alors que nos principaux partenaires ont déjà pris les mesures qui leur ont permis de surmonter la crise, nous continuerons sur la  voie des querelles partisanes et des invectives en préparant  une nouvelle campagne électorale émaillée de promesses de réformes qui ne  seront pas tenues plus que les précédentes. 

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