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Pourquoi François Asselineau est accusé d'être complotiste alors qu'il est surtout…
©Capture d'écran / ONPC France 2

500 signatures

Dans la galaxie des "petits candidats" à la présidentielle, le cas de François Asselineau mérite d’être traité avec une attention particulière, dans la mesure où le président de l’Union Populaire Républicaine (UPR) est assez emblématique des impasses auxquelles la réaction nobiliaire (ce mouvement où les élites du pays utilisent de faux arguments pour se crisper sur leurs privilèges) conduit le débat public.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La semaine dernière, par exemple, Thomas Legrand, chroniqueur politique sur la matinale de France Inter, et à ce titre thuriféraire rétribué par le contribuable pour aboyer chaque fois qu’un trouble-fête approche du château, a prononcé cette phrase hallucinante à l’heure de la plus grande écoute radio du pays: "Quelque part à droite de la droite, nous aurons aussi peut-être un conspirationniste avec François Asselineau, qui est sur le point d’avoir ses parrainages".

Moi, je serais Asselineau, j’attaquerais illico en diffamation. Sur le fond, Thomas Legrand a tout à fait le droit de mettre en doute les idées d’Asselineau, développées dans d’interminables conférences où le bonhomme écoute sur surmoi impérial parler à la plèbe des ignorants (c’est le côté gourou rasoir d’Asselineau, qui ne s’arrange pas avec l’âge). En revanche, l’exécuter auprès de millions d’auditeurs en lançant une accusation stigmatisante sans aucune explication ne relève que de l’intention de nuire sans base factuelle sérieuse.

La question est donc de savoir pourquoi des journalistes du service public s’amusent à vider un chaudron d’huile bouillante du haut des remparts assiégés sur un Asselineau qui n’est pourtant pas le plus dangereux des assaillants.

La paranoïa anti-média d’Asselineau

Dans la foulée en effet, Asselineau se met à nourrir une paranoïa anti-média qui, comme beaucoup de paranoïas, se nourrit de fragments de réalité. De fait, Asselineau est boycotté par les organes de propagande subventionnés et, de fait, Asselineau a raison de dire que son mouvement bénéficie d’une exposition médiatique infiniment inférieure à ce qu’elle devrait avoir, notamment en comparaison de groupuscules gauchistes ou sociaux-démocrates comme Nouvelle Donne, qui dépassera à peine les 100 parrainages à la présidentielle.

Faut-il pour autant en déduire qu’il existe une consigne tacite dans la communauté des journalistes bien-pensants (si proche des chauffeurs de taxi) pour l’exclure lui, et pas les autres? Le penser reviendrait à passer à côté de la vraie nature du phénomène, dont l’observation permet de mieux comprendre le déclin de ce pays.

En France, sans prétention, Asselineau a mauvaise réputation

François Asselineau, inconnu du grand public, présente une particularité dont il ignore sans doute lui-même qu’elle est la cause de son malheur: il est inspecteur général des finances, ancien élève de l’ENA, défroqué sur le tard. Le fait qu’il ait recueilli suffisamment de parrainages pour être candidat à la présidentielle est d’ailleurs amusant, puisque, avec lui, sept candidats ont désormais les signatures nécessaires, dont trois énarques (Macron, Dupont-Aignan et Asselineau) et, parmi eux, deux inspecteurs généraux des finances. Un duel d’inspecteurs généraux des finances Macron-Asselineau, ça a de la gueule.

Pourquoi Asselineau, comme Dupont-Aignan, sont-ils régulièrement stigmatisés et tournés en dérision dans les organes de propagande officielle, alors que Macron est adulé ou, en tout cas, courtisé? Parce que ce sont des énarques qui ont abandonné les positions officielles de l’énarchie. Ils se trouvent donc sous le feu des critiques de ceux qui détestent la technostructure, et sous les critiques des énarques qui n’aiment pas les renégats.

Ainsi se fabriquent les mauvaises réputations (dont il faut rappeler qu’elles sont plus dures à entretenir qu’à acquérir – être sulfureux n’est pas donné à tout le monde!): la noblesse française ne manque jamais de petits lèche-cul, parfois énarques d’ailleurs, pour relayer tout le mal qu’il faut penser de ces nobles qui défendent le peuple. Ces salisseurs professionnels n’ont souvent pour seule compétence que cette faculté de dégueulasser les autres et de monter ainsi la garde pour leurs maîtres. Toutes les approximations et les insinuations sont alors bonnes pour discréditer le bouc-émissaire désigné. « Vous comprenez, il est proche de l’extrême-droite », « Vous savez, avec tous les problèmes qu’il a! » (Bien entendu, il n’en a aucun, mais on suggère qu’un mal mystérieux l’atteint, entre la folie schizoïde et la pédophilie).

Son hostilité au couple franco-allemand et à l’atlantisme lui joue des tours

Au coeur de la fâcherie contre Asselineau, on trouve deux idées aussi chaudes que le réacteur de Fessenheim par les jours de grand froid en Alsace: la mise en cause du couple franco-allemand et la critique de l’atlantisme. On le sait, depuis les années 50, tous ceux qui remettent en cause la doxa officielle sur la place de la France dans le monde et qui soutiennent la vision d’Ancien Régime (celle de l’époque où la France existait autrement que comme l’ombre d’elle-même) sont condamnés au pilori et attachés en place de grève pour recevoir les crachats des passants.

Ainsi, toute critique contre les phrases comme « la France n’est plus rien sans l’Europe », « le couple franco-allemand est indispensable à l’Europe », « l’Europe a garanti la paix », « l’Allemagne a tourné la page du nazisme », et autres antiennes à répéter quinze fois chaque matin pour se punir d’avoir regretté l’époque où une baguette coûtait un franc et pas un euro, donne lieu à une accusation officielle de blasphème sous au moins l’une de ses variantes.

La dernière à la mode est celle du complotisme : si tu trouves bizarre que l’Europe interdise la vente d’animaux vivants sur les marchés du dimanche au motif qu’ils seraient dangereux pour la santé, mais que la Commission européenne n’ait pas pipé mot quand elle a reçu un rapport prouvant que Volkswagen truquait les tests diesel (infiniment plus mortels pour la collectivité), alors tu es complotiste. Forcément, tu t’interroges sur les responsabilités individuelles des fonctionnaires qui ont fauté. C’est donc que tu crois à un complot.

Comme le programme d’Asselineau est truffé de remises en cause de la doxa officielle sur l’Europe, la critique vient facilement aux chiens de garde, qu’ils aient une carte de presse ou le titre de conseiller communication dans un cabinet ministériel. Sachez-le, Asselineau est complotiste! Il est du même bois que ceux qui attendent une invasion de martiens, qui pensent que le protocole des Sages de Sion est un document historique et, pour un peu, on soutiendrait qu’il nie l’existence de la Shoah.

Ainsi procède la propagande officielle déléguée à des Thomas Legrand, dont on peut dire que sa chronique est comme l’urine d’un chien qu’on sort le matin (mais on pourrait dire la même chose du Decodex de Samuel Laurent). Elle n’a pas de consistance, elle est chargée en sucres artificiels, elle est fétide, mais elle laisse toujours des traces et en plus, comme elle est couverte par une carte de presse, elle est labellisée par le ministère de la Culture.

Gaullisme, que de crimes on commet en ton nom

Cette stratégie de l’élite française qui consiste à combattre un Asselineau non sur le champ des idées mais sur celui de la diffamation est totalement absurde. Il suffit en effet d’écouter Asselineau pour comprendre que ses idées sont inoffensives.

Que propose, en effet, Asselineau, sinon de sortir de l’Union Européenne pour recréer la France des années 60, celle où les banques étaient nationalisées, et où notre économie, détruite par l’occupation allemande, fut rebâtie à partir d’une prolifération de services publics dont plus aucun Français ne supporterait le retour. Car la critique du libéralisme a bon dos, mais qui supporterait encore ce système où toute décision bancaire est prise par Bercy, et spécialement par le corps des inspecteurs des Finances dont Asselineau est issu?

Car il ne s’agit pas d’autre chose. Asselineau est nostalgique de l’époque où son corps d’origine était tout-puissant et décidait de tout en France. Il a compris, à juste titre, que l’intégration dans l’Union Européenne remet en cause ce capitalisme français de connivence où l’Etat et les grands intérêts privés se tiennent par la barbichette pour gouverner le pays en toute opacité. Certes, ce que propose l’Union à la place de ce système n’est pas mieux. Mais, contrairement à ce que l’élite croit, Asselineau n’est pas un dissident. Il est pour un retour à l’Ancien Régime républicain, fondamentalement étatiste et grand consommateur de services publics.

En outre, Asselineau se satisfait très bien des frontières de 1815, celles qui ont durablement affaibli la France. Asselineau déteste la colonisation, il déteste le projet impérial qui sommeille dans les désirs encore incandescents de l’opinion publique. Asselineau aime une petite France.

En ce sens, Asselineau est une sorte de gaulliste intégriste. Du fondateur de la cinquième république, il a retenu la lettre et pas l’esprit.

Pas de quoi fouetter un chat, ni inventer un complot.

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