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Pourquoi Facebook est encore loin du début de sa fin
©BERTRAND GUAY / AFP

Tempête boursière

Facebook a perdu plus de 100 milliards d'euros de capitalisation boursière en une journée. Est-ce une simple crise passagère pour le géant des réseaux sociaux ?

Erwan le Nagard

Erwan le Nagard

Erwan le Nagard est spécialiste des réseaux sociaux. Il est l'auteur du livre "Twitter" publié aux éditions Pearson et, Social Media Marketer. Il intervient au CELSA pour initier les étudiants aux médias numériques et à leur utilisation.

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Atlantico : Facebook a perdu plus de 100 milliards d'euros de capitalisation boursière en une journée : d'aucuns crient déjà à la chute du géant américain. Vous aussi ?

Erwan Le Nagard : Facebook reste un réseau social en pleine croissance, qui a su prendre les bonnes décisions ces dernières années, en rachetant des services phares tels qu'Instagram ou Whatsapp. Tout l'enjeu de la plateforme, étroitement lié à son modèle économique, est de monétiser son audience. Pour cela, il faut faire croître son nombre d'usagers réguliers, et le volume de contenus et d'interactions sur sa plateforme. Au 30 juin, Facebook revendiquait 2,23 milliards d'utilisateurs mensuels actifs et 1,47 milliard d'utilisateurs quotidiens actifs. Facebook reste la principale plateforme de partage de photos, et la deuxième pour la vidéo. Mieux encore, les chiffres d'usage de Messenger et Whatapps indiquent que ces services tutoient l'email. Pourtant, les chiffres et l'annonce semestrielle ont déçu les investisseurs. La firme de Menlo Park reste hégémonique, et, même si cette chute du titre de 20% est un signal fort, nous constaterons probablement dans les prochains jours qu'il s'agit d'une baisse passagère.  

Comment se fait-il que la croissance du réseau social ne lui ait pas permis d'éviter une telle correction boursière ? Qu'est-ce qui inquiète les investisseurs ?

Ce creux peut être expliqué par de multiples facteurs, tous liés à des résultats décevants. Mark Zuckerberg a indiqué que la mise en oeuvre du règlement général de protection des données (RGPD) entré en vigueur en mai dans l'Union européenne a limité la rentabilité de la plateforme. Facebook tente de mieux contrôler l'usage des données de sa plateforme et a annoncé que cela pourrait avoir un effet sur la rentabilité à moyen terme. Ensuite, les récents scandales liés à des usages abusifs de Facebook, ont émaillé sa réputation, alors même que la donnée est au cœur du modèle économique de Facebook. Enfin, l'audience du réseau social vieilli et se déporte sur d'autres plateformes, ce qui en soit n'est pas très grave pour Mark Zuckerberg qui fidélise les audiences plus jeunes au travers de ses autres services (Instagram, Whatsapp...). Néanmoins, cela pose quelques soucis pour la monétisation de son réseau historique. 

Suite aux nombreux scandales d'utilisation abusive des données d'utilisateurs, et face au durcissement de la réglementation en matière de protection des données, Facebook va-t-il devoir réinventer son modèle économique pour poursuivre sa croissance ?

Facebook ne va pas changer du jour au lendemain son modèle économique, qui fonctionne à merveille. Facebook dispose d'une audience de plus de 2,23 milliards d'usagers qu'il peut aisément monétiser au travers de sa régie publicitaire. Les annonceurs continuent de privilégier Facebook dans leurs investissements sur les médias digitaux. Il est intéressant de noter que la société de Mark Zuckerberg n'avait pas pâti financièrement des récentes crises. Tout au plus, nous avons pu observer quelques soubresauts au niveau de sa réputation, sans pour autant constater une baisse drastique des usages de la plateforme ou une forte dévalorisation en bourse. Je ne suis pas certain que cela ait véritablement freiné les annonceurs dans leurs investissements, puisque l'on constate aujourd'hui que le bénéfice net de Facebook est supérieur aux attentes ! 

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