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Pompidou Story, quand Claude rencontre Georges : l'histoire passionnante de l'un des amours les plus forts de la Vème République
©Reuters/Charles Platiau

Bonnes feuilles

Le 2 avril 1974, Georges Pompidou s'éteint au terme d'une cruelle maladie vécue avec un immense courage. Claude, son épouse, lui survivra presque 40 ans avant de disparaître à son tour en 2007. Durant toutes ces années, les Français admirèrent l'ex-Première dame pour sa dignité, la réserve qu'elle observait à l'égard de la politique et son attachement à la mémoire de son mari. Mais la connaissaient-ils vraiment ? Presque 10 ans plus tard, leur fils, Alain Pompidou, adopté en 1942, a décidé de livrer pour la première fois la véritable histoire de cette mère qu'il appelle "Claude". Extrait de "Claude" d'Alain Pompidou, aux éditions Flammarion (1/2).

Alain Pompidou

Alain Pompidou

Alain Pompidou est professeur émérite de biologie médicale : il réalise ses propres brevets dans le champ du diagnostic. Après la publication de la correspondance de son père, il consacre le reste de son temps à ses archives familiales.

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Installée à Paris, Claude commence, sans enthousiasme, ses études de droit. Elle me laissera entendre, néanmoins, que sa vie d’étudiante lui convient car elle lui permet d’acquérir un large éventail de relations orienté sur ses centres d’intérêt : les livres – Proust, Barbey d’Aurevilly, Radiguet, Malraux, Camus et bien d’autres… –, les films (avec Raimu notamment) et les pièces de Claudel, d’Anouilh et de Giraudoux. Entre les cours, elle fréquente le quartier Latin où elle mène une vie libérée du carcan provincial. Fière de cette liberté conquise, elle n’aura de cesse de convaincre sa soeur de la rejoindre.

À la faculté, elle est certainement courtisée, au-delà même de ses attentes… Un cercle ésotérique repère en elle des qualités de médium qui se vérifieront au cours de son existence. Cette prédisposition, néanmoins, l’inquiète : elle la repoussera toute sa vie pour se protéger d’elle-même. Sa capacité d’anticipation, son sens prémonitoire représentent autant d’atouts que de handicaps. Claude est, par exemple, sensible à l’expression des mains. Souvent je l’ai entendue porter des jugements sans appel sur telle ou telle personnalité. "Il a des mains épouvantables", affirmait ma mère avant même d’avoir pu engager la conversation et elle ne se trompait pas…

Déjà la compagnie des femmes l’ennuie. Elle ne s’intéresse qu’à ceux qui visent avec talent un but précis. Séduisante, sans préjugés, curieuse de nouveauté, elle peut enfin donner sa mesure. Sa spontanéité s’exprime au sein du cercle d’amis qu’elle a su sélectionner. Libre et indépendante, elle ne se distingue encore en rien des autres, sinon par son attitude résolue, à l’abri des critiques et des regards malintentionnés qui ont jalonné son adolescence.

Une rencontre inopinée va transformer sa vie : celle de Georges Pompidou. Ce "beau ténébreux" apprécie la compagnie des jeunes femmes. Séducteur, il ne sait jamais à laquelle il va s’attacher. Allant de l’une à l’autre, mon futur père laisse libre cours à son attrait pour des conquêtes éphémères. C’est dans ce contexte désinvolte que le jeune et brillant normalien fait, en 1933, la rencontre qui va marquer son existence. Il y perçoit un signe du destin.

"Je me trouvais avec des amis au cinéma Saint- Michel. […] Quand la lumière se fit, j’aperçus, à deux ou trois rangs devant moi, une jeune fille blonde. Nos regards se croisèrent, par hasard, un instant, et quelque chose passa. L’obscurité revint, les actualités, puis de nouveau la lumière. La jeune fille se leva et sortit. Au passage, nos regards se croisèrent encore (29)…"

Quelques jours plus tard, il retrouve l’inconnue boulevard Saint-Michel et poursuit celle qui croit à la démarche d’un importun. Il parvient à engager la conversation. Elle est vêtue d’un manteau beige en poil de chameau qui ne fait qu’ajouter à sa prestance naturelle. C’est "le coup de foudre" : un amour intense, une identité de vue, un attachement indissoluble les unit. "De ce jour, écrit Georges, nous n’avons cessé de nous aimer sans partage".

Après avoir présenté le jeune homme à son père, Claude, émue, reste sans voix. Georges est impressionné par la stature du personnage qui le toise sans rien exprimer : l’engagement socialiste de ce futur gendre ne déplaît pas à l’anticonformiste médecin. L’épreuve passée, Georges Pompidou doit accomplir son service militaire à Saint-Maixent où il retrouve son ami, René Brouillet. Ma mère m’a montré, avec fierté, une photographie de ce jeune lieutenant sur un cheval blanc.

Leur mariage est célébré à Château-Gontier, le 28 octobre 1935, rassemblant, pour une cérémonie traditionnelle, la famille auvergnate et la bourgeoisie angevine. Pour Claude, c’est une forme de revanche sur un passé douloureux. N’est-elle pas au bras d’un jeune et brillant normalien face à ceux qui l’ont tant critiquée ?

Extrait de "Claude", d'Alain Pompidou, publié aux éditions Flammarion. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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