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Poker menteur autour de Manuel Valls : le chemin de croix de la gauche, les ambiguités d'En Marche...
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Marchera, marchera pas ?

Le casse-tête des législatives se poursuit pour tous les partis, En Marche en tête, avec son lot de surprise, par exemple quand Manuel Valls tente de rejoindre En Marche ! mais ne récupère pas sa circonscription...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Manuel Valls sera-t-il le premier sacrifié au nom de l'exemple et du renouvellement par  la République en  Marche ? On va le savoir très vite puisque les investitures de la République En Marche devraient être rendues publiques ce jeudi. L'ancien Premier Ministre, s'est autoproclamé candidat  de la Majorité Présidentielle aux législatives dans sa circonscription, après avoir salué le projet de suppression de la taxe d'habitation, "une bonne mesure" et reconnu que "l'impot a créé une rupture entre la gauche et le peuple". Manuel Valls a déclaré que " le parti socialiste est mort, il est derrière nous", mais il n'a pas pour autant été accueilli à bras ouverts dans les rangs d'Emmanuel Macron: il s'est fait remballer et recadrer par toute la "macronie" invitée sur les plateaux de télévision tout au long de la journée et de la soirée."Qu'il fasse acte de candidature comme les 14.000 autres candidats à l'investiture ont lancé à tour de rôle les macronistes historiques Benjamin  Griveaux, Christophe Castaner, François Patriat."En Marche n'est pas  là pour distribuer des pin's pour les législatives", a même lancé d'eux. Et le président de la commission d'investiture d'En Marche , Jean-Paul Delevoye l'a invité sobrement à "déposer sa candidature sur le site internet, la démarche est identique pour tous". Ce matin il a confirmé que Manuel Valls n'a pas postulé et a estimé que l'ancien premier Ministre ne remplit pas forcément les critères exigés par En Marche. Version gauloise de la révolution chinoise qui renvoyait à la base tous les dignitaires en désaccord avec la ligne de Mao ?

A la République En Marche  on ne veut pas croire que "les humiliations se pardonnent plus difficilement que les injures". En tous cas, au grand désespoir de ses amis macroniens qui tentent d'arrondir les angles, on récuse tout passe droit pour celui qui était encore à Matignon il y a moins de six mois! Les amis de l'ancien Premier Ministre (- qui s'est prononcé pour Emmanuel Macron avant le premier tour), s'en émeuvent et questionnent: "Si Emmanuel Macron  est la dernière chance avant le Front National, pourquoi ne pas la saisir"? Il faut dire que  le Président de la République nouvellement élu et l'ancien Premier Ministre ont un lourd contentieux et si Manuel Valls avait été en mesure de bloquer l'ascension d'Emmanuel Macron, il ne s'en serait pas privé, mais ce dernier a été le plus fort, il l'a prouvé, et comment ! En tous cas, si ce psychodrame ne trouve pas d'issue heureuse, les "vallsistes" ne pourront pas chercher refuge au bercail de la rue de Solférino... Au PS  il s'agissait de débattre de la plateforme électorale pour les législatives, "un contrat clair pour la France, une gauche constructive et vigilante" d'après son intitulé . Dans une ambiance particulièrement tendue, le Bureau National a adopté  vingt deux propositions dont l'une stipule clairement le refus du recours aux ordonnances ( que souhaite Emmanuel Macron), et "pas de "suppression de l'impot sur la fortune pour les plus riches" mais une "baisse de l'impôt sur le revenu pour les ménages modestes et les classes moyennes". Les amis de Benoit Hamon n'ont pas réussi à faire inclure l'instauration du revenu universel défendu sans succès par le candidat socialiste pendant la campagne présidentielle. Cette plateforme a de  nouveau été débattue l'après midi au cours de la réunion avec les candidats PS aux législatives. Les socialistes présenteront des candidats dans quelque 400 circonscriptions, les autres ayant été laissées à leurs alliés écologistes et radicaux de gauche . Le Premier Ministre Bernard Cazeneuve (qui n'est pas candidat aux législatives), a invité les candidats à défendre le bilan du quinquennat Hollande). Cette réunion a surtout été l'occasion pour le Premier Secrétaire Jean-Christophe Cambadélis de notifier aux candidats qu'il ne saurait être question de concourir sous la double étiquette PS et En Marche). Et le PS compte présenter des candidats partout où des sortants se revendiqueront d'En Marche ! (qui de son coté présentera des candidats contre les candidats socialistes. Jean-Christophe Cambadélis lui même devra affronter un candidat En Marche dans sa circonscription parisienne). 

Les sortants  comptent sur leur coefficient personnel pour gagner, et de son coté En Marche parie sur la dynamique présidentielle pour l'emporter. Mais à Gauche, ils devront aussi affronter un candidat de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui a réalisé de beaux scores dans des fiefs PS.  Même si la Gauche se veut "constructive et vigilante", ceux qui arriveront à tirer leur épingle du jeu se voient aujourd'hui plus dans l'opposition que dans une future majorité ! Car cette multiplication des candidatures promet des résultats dévastateurs aux candidats socialistes qui iront à la bataille sans chef de file."Ce sera une direction collégiale", a précisé Jean-Christophe Cambadélis. Face au danger d'élimination de la Gauche provoqué par la multiplication des candidatures, notamment dans les circonscriptions où le FN totalisé plus 60% des voix à la présidentielle, (-pour rester en lice au deuxième tour, il faut un nombre de voix correspondant à 12,5% des inscrits), le premier secrétaire a annoncé que Christophe Borgel, le responsable des élections du PS, prendra contact avec tous les autres partis de gauche . Il veut  leur faire prendre conscience du risque couru par les uns et les autres d'être balayés et de se retrouver dans un duel entre le FN et la Droite républicaine pour le deuxième tour des législatives. Les socialistes voudraient tenter d'arriver à une candidature commune dans plusieurs dizaines de circonscriptions situées dans des Hauts de France et le Grand Est. Mais quand on sait que la date limite du dépot des candidatures est le 18 mai, et que la France Insoumise et le Parti Communiste présentent chacun un candidat dans toutes les circonscriptions, (alors que les élus communistes ont permis à Jean-Luc Mélenchon d'être candidat à la présidentielle grâce à leurs parrainages!), la timide initiative socialiste a peu de chances d'aboutir. Comme s'il fallait laisser l'explosion des partis traditionnels aller à son terme, avant une reconstruction future..

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