Plus de 44 jours de sommeil perdu pour les parents lors de la 1ère année d'un bébé : comment apprendre à résister à ce tsunami de fatigue<!-- --> | Atlantico.fr
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L'arrivée d'un nouveau-né est synonyme de bonheur... et de fatigue.
L'arrivée d'un nouveau-né est synonyme de bonheur... et de fatigue.
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Ouin !

Entre les biberons, les pleurs et les couches à changer, les nouveaux parents n'ont pas des nuits reposantes.

Michèle  Freud

Michèle Freud

Michèle Freud est psychothérapeute et directrice d'une école de sophrologie. Elle est également l'auteur de " Se réconcilier avec le sommeil", "Réconcilier l'âme et le corps" et "Mincir et se réconcilier avec soi", "Enfants, ados... les aider à dormir enfin"

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Atlantico : D’après une étude menée par la société Pampers, les parents de nouveaux-nés perdent en moyenne quatre heures de sommeil chaque nuit pendant un an, ce qui équivaut, en tout, à une soixantaine de jours. Quelle est la pertinence de ces chiffres ?

Michèle Freud :De tels chiffres ne sont pas si surprenants. La pertinence de cette étude est difficile à vérifier, mais il est clair qu’un certain nombre de facteurs tels que les éveils liés à la tétée, les pleurs de l’enfant et l’anxiété souvent présente lorsqu’on devient parent, rendent ses résultats plausibles.

Peut-on réellement parler d'heures "perdues" ? Par rapport à quelle norme se base-t-on pour déterminer que le sommeil manque ?

La différence est considérable entre un jeune adulte sans enfants qui se permet de sortir le soir et d’avoir des rythmes très variables, et un autre qui adapte sa vie à son nouveau-né, car un facteur supplémentaire au trouble du sommeil intervient, celui de l’angoisse. L’arrivée du bébé augmentant considérablement l’anxiété, on ne peut pas comparer ces deux rythmes de vie.

Un bon sommeil est un sommeil où l'on se réveille le matin en pleine forme, et dans ce domaine, nous ne sommes pas égaux, certains (les courts dormeurs) se satisfont de 4 à 5 h et sont en pleine forme. D'autres, les longs dormeurs (9 à 12 h) ont besoin d'un temps de sommeil très long pour se sentir en forme. La moyenne se situant entre 7 h et 8 h pour la majorité des personnes. En France, le temps de sommeil moyen a diminué de 1 heure 30, ces cinquante dernières années.

Des exercices récupérateurs de sommeil existent. Par exemple, lorsque le bébé dort, le parent qui s’en occupe a intérêt à se reposer vingt minutes, car cela équivaut à deux ou trois heures de récupération sur le plan du système neuro-végétatif. Il faut aussi savoir qu’au-delà de vingt minutes, c’est du temps pris sur du temps de sommeil.

Quels sont les risques d'un manque de repos pour les parents, à court comme à moyen terme ?

Le manque de sommeil (ou hyposommeil) peut générer tout un cortège de troubles aux effets plus ou moins délétères, notamment au niveau cognitif : mémoire, troubles de l'attention, réflexes amoindris, baisse de vigilance, de rendement et d’efficacité dès le milieu de l’après-midi avec un ralentissement des réflexes et une incidence sur les performances au travail.

DES TROUBLES DE L’HUMEUR :

Ils s’accompagnent d’irritabilité, d’agressivité ou encore de dépression avec perte d’intérêt pour l’entourage et pour les événements du quotidien. Dans le cas d’insomnies prolongées, le risque de dépression majeure est plus élevé.

DES TROUBLES DU SYSTÈME IMMUNITAIRE :

Le manque de sommeil perturbe certaines hormones, comme le cortisol, qui gère l’état d’inflammation générale de l’organisme. On observe également une sensation de fatigue générale avec une impression d’épuisement ; le taux d’absentéisme est deux fois plus élevé chez les insomniaques que chez les dormeurs normaux ; une plus grande vulnérabilité au stress et à certaines maladies.

DES TROUBLES MÉTABOLIQUES

Plusieurs études ont établi la relation entre la quantité et la qualité du sommeil et des problèmes de santé chroniques, notamment en matière d’obésité, de diabète ou d’hypertension. Dans ces trois cas, le manque de sommeil perturbe des mécanismes régulateurs qui se mettent normalement en mouvement durant la nuit.

Le lien entre les troubles du sommeil et la prise de poids est aujourd’hui scientifiquement établi. Selon une étude menée par l’Université de Columbia à New York, le manque de sommeil provoquerait, entre autres conséquences physiologiques, une stimulation de l’appétit. Il augmenterait notablement le risque de survenue de surcharge pondérale et d’obésité.

Est-on marqué durablement par cette période, même une fois que les enfants ont grandi ?

On peut heureusement à plus ou moins long terme récupérer et retrouver un sommeil réparateur.

L’association parentale britannique NCT et la société Pampers ont lancé en juin 2013 une enquête dont l’ambition est de suivre le quotidien de 2 000 adultes pendant les 1 000 premiers jours de leur enfant. Ce genre d’étude peut-il aider les futurs parents à mieux organiser leur sommeil ?

Sans doute, car c’est en effet de cette façon que l’on peut agir sur les troubles du sommeil. On compte souvent de menus changements à opérer mais les personnes n’en sont pas toujours conscientes. On ne le répétera jamais assez : le trop plein de stimulations liées aux nouvelles technologies nous fait perdre notre train de sommeil et nous met en retard de phases. On oublie tellement de s’occuper de soi qu’il faudrait revenir à une certaine discipline qui nous permette de mieux écouter les signaux du sommeil. Il est important d’informer les parents sur les risques majeurs d’une dette de sommeil.

Quelles sont vos recommandations pour être un parent reposé et serein, tout en gérant une vie sociale et professionnelle ?

Se ménager dans la journée des temps de pause, faire par exemple une sieste flash de quelques minutes, apprendre à se relaxer, à bien respirer, prendre davantage soin de soi et de ses besoins, écouter les messages du corps qui signalent qu’il est temps de se reposer, favoriser des "activités plaisir", avoir surtout des rythmes réguliers tant dans les heures de coucher que dans les repas.

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