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Plainte du MRAP contre Valls : quand les associations anti-racisme attisent la haine
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Arroseurs arrosés

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a annoncé, jeudi 10 octobre, sa décision de porter plainte contre Manuel Valls pour "provocation à la violence, à la haine et à la discrimination raciale" en raison de ses propos sur les Roms.Une décision qui vient relancer le débat sur le rôle des associations anti-raciste.

Stéphane Maitre

Stéphane Maitre

Stéphane Maitre est avocat au barreau de Paris.

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L'action du Mrap est effarante. Pour  une fois je vais donc prendre la défense du ministre de l'Intérieur.

Non pas l'homme politique, dont le parti a largement usé et abusé du spectre du racisme pour interdire tout débat sur l'immigration. Au point d'avoir fait passer à l'époque des lois qui interdisent en pratique toute discussion sur ce thème sous peine d'être trainé devant les tribunaux. Sans parler, plus récemment, des cris d'indignation poussés par le PS à chaque intervention du Président Sarkozy sur la question des Roms. Confronté à la réalité de l'action gouvernementale, Manuel Valls et le parti qui l'a porté aux responsabilités font vraiment figures d'arroseurs arrosés, victimes à leur tour des lois qu'ils ont fait voter et des slogans qu'ils ont imposés.

Cette affaire serait comique si la politique se résumait à de la communication et à un débat permanent d'idées sans action. Mais la politique, c'est aussi et d'abord l'action, la prise de décision, l'exercice du pouvoir et des responsabilités devant le pays. Je veux donc ici prendre la défense de Manuel Valls en tant que ministre de l'intérieur, appelé à prendre des décisions et à expliquer sa politique sur des questions qui sont au cœur de sa mission : la coexistence pacifique et harmonieuse entre les citoyens, entre les religions, les différentes communautés qui composent la société...  De ce point de vue, Le Ministre de l'intérieur est parfaitement dans son rôle lorsqu'il prend en compte des difficultés vécues sur le terrain par nos concitoyens, et qu'il tente d'y trouver des solutions. Et c'est aussi le rôle d'un décideur politique que de comprendre les inquiétudes des français et d'expliquer la politique qu'il entend mettre en œuvre pour y remédier. Si sa parole est confisquée, c'est sa politique qui est confisquée.

Il y a dans cette action judiciaire annoncée contre Manuel Valls une dérive inquiétante : on savait déjà que tout débat d'idée à propos de l'immigration était de fait interdit sous prétexte d'antiracisme. Mais ce qui est plus grave ici, c'est que c'est l'expression de l'action politique qu'on essaye de paralyser. On veut atteindre, non plus seulement la liberté d'expression, mais l'action politique elle-même, en attaquant, non plus seulement avec des anathèmes ou des slogans, mais avec des poursuites judiciaires devant les tribunaux, poursuites dirigées, non plus contre des textes ou des lois jugés contraires aux principes fondamentaux, mais contre la personne même d'un décideur politique, qu'on veut paralyser dans son expression et donc son action.

Et le pire, c'est que ça marche ! On voit déjà notre ministre reculer, s'excuser, renoncer, sous le regard ébêté de nos compatriotes qui n'en reviennent pas que leur ministre socialiste de l'intérieur soit accusé d'incitation à la haine raciale (excusez du peu) pour des propos de bon sens. Cette accusation est d'une violence inouïe.

Cette affaire est une illustration supplémentaire de l'instrumentalisation permanente de l'action judiciaire à des fins politique.

Les associations qui légitimement luttent contre le racisme devraient réfléchir au choix et à la portée de leur action. Il y a de vrais cas, de vrais drames de haine raciale, heureusement peu fréquents mais qui existent en France. Pas seulement d'ailleurs à l'égard de communautés immigrées. J'ai défendu récemment une jeune femme chassée de son quartier au motif qu'elle était une "sale blanche" ( cas qui n'a du reste ému aucune association anti raciste). Ces associations devraient recentrer leur action dans l'aide aux vraies victimes de vrai racisme. En s'attaquant au ministre de l'intérieur, pour des propos qui n'ont rien à voir avec une quelconque incitation à de la haine raciale, Il est craindre que l'action du Mrap  produise l'effet inverse du but affiché.

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