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Pierre Danon : "Il est regrettable que Les Républicains aient dû édulcorer le programme de François Fillon car cela lui enlève sa force, qui résidait dans sa cohérence"
©AFP

La relève

Malgré la défaite de François Fillon à l'élection présidentielle, certains de ses soutiens souhaitent faire perdurer son projet, en le développant et en l'expliquant aux Français au cours des cinq prochaines années, à l'instar de Pierre Danon, président du Conseil national de la société civile.

Pierre Danon

Pierre Danon

Pierre Danon est un chef d’entreprise français qui a connu une activité internationale soutenue. En France, il a notamment exercé les fonctions suivantes : Directeur Général adjoint de Cap Gemini (2005), Président Directeur Général de Numericable-Completel (2008) et Président du Conseil d’administration de Solocal (2017). Aujourd’hui, il est l’un des principaux actionnaires et Président du Conseil d’administration de ProContact, Centre d’appel pour les PME françaises. Il a toujours été impliqué dans des entreprises à vocation sociale. A l’heure actuelle, il est actionnaire actif dans ProActive Academy, ESS qui a pour mission de rapprocher les jeunes sans emploi des entreprises. De 2014 à 2017, il a été Directeur adjoint de la campagne présidentielle de François Fillon.

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Atlantico : Comment envisagez-vous le courant filloniste à l’avenir ? Que comptez-vous faire pour que perdure ce courant de la droite ? 

Pierre DanonCe courant trempe ses racines dans les 3 millions d'électeurs qui ont voté pour François Fillon au moment de la primaire. Ce qui m'a frappé, c'est l'enthousiasme, la détermination de ces personnes à vouloir porter le projet de François Fillon aussi bien au moment de la primaire que durant la campagne présidentielle. Après cette dernière et la déception suscitée, j'ai reçu des centaines de messages de gens prêts à continuer de porter le projet, et ce aux quatre coins de la France.

Nous disposons pour cela d'un outil, que j'ai appelé le Conseil national de la société civile. Ce Conseil réunit 20 000 adhérents, avec 2 600 comités thématiques à travers tout le pays, dans tous les départements (il y en a même 4 dans le Cantal). Peu de gens disposent d'un tel outil pour ce qui est d'un mouvement citoyen.

En réfléchissant, il nous a semblé logique de rejoindre Force républicaine, d'où nous venons d'ailleurs. Cela nous a paru d'autant plus logique que François Fillon a annoncé vouloir que ce soit Bruno Retailleau qui lui succède. Bien que cela ne soit pas encore fait, Bruno Retailleau est, pour nous, un bon leader, une personnalité qui nous a paru loyale, charismatique, ayant une bonne connaissance des dossiers, aussi bien durant la primaire que durant la campagne présidentielle. Je pense qu'il y aura des parlementaires fillonistes qui voudront s'associer à cette démarche. Et puis il ne faut pas oublier nos jeunes maires élus – à condition qu'ils le restent.

L'idée est d'élargir le programme de François Fillon, tout en en conservant l'esprit bien sûr : celui de la réforme radicale, de l'intérêt général. En plus de développer ce projet, nous allons continuer à l'expliquer. En effet, ce dont nous nous sommes rendus compte surtout durant la primaire, c'est la nécessité de pédagogie aux Français dès lors que vous souhaitez réformer. Dès que vous sortez un peu du bois, vous avez toute la bien-pensance politique (la gauche) et médiatique qui vous attaque, non pas sur le fond parce que cela ne les intéresse pas, mais en essayant de vous coller le plus vite possible une étiquette censée vous vouer aux gémonies. À travers les 1 000 réunions publiques organisées et les 150 000 personnes rencontrées, nous nous sommes rendus compte que lorsque l'on explique, le plus souvent on parvient à convaincre. Le projet de François Fillon a même été présenté à des personnes d'origine maghrébine. Dès lors que les 5/10 premières minutes d'hostilité ont été passées du fait de l'image collée à la droite – réactionnaire et anti-islam – le plus souvent, ces personnes paraissaient convaincues par le projet. 

Pour quelles raisons vous paraît-il important de faire vivre le fillonisme ?

A l'origine de la matrice, il y a ce constat qui reste d'actualité : notre pays est en déclin. Ceci est inacceptable car il n'y a aucune raison pour que la France le soit. Il est impératif, comme l'ont fait auparavant d'autres pays, que la France engage des réformes courageuses. Notre réticence par rapport au projet porté par Emmanuel Macron, c'est qu'il s'agit d'un programme de demi-mesures. Nous sommes profondément convaincus que ces demi-mesures, qui font du mal au pays depuis trente ans, ne lui permettront pas de suivre la trajectoire qu'il faut. 

Dans quelle mesure le fillonisme pourrait-il être à la hauteur en tant qu’opposition au macronisme ?

Ce sera celui qui propose une différence franche. D'une certaine manière, les programmes de François Fillon et d'Emmanuel Macron sont respectivement respectables. Les solutions proposées sont naturellement différentes, même si, d'une certaine manière, certaines philosophies sont partagées : plus de liberté, la foi en l'innovation et le progrès, la fois dans le numérique, etc. Mais les approches sont différentes : il y a ce que j'appelle une approche consensuelle, un peu molle, et une autre beaucoup plus déterminée et sérieuse. 

Que pensez-vous de l’édulcoration du projet de la droite pour les législatives ?

Nous ne sommes pas d'accord. Toutefois, soyons clairs : le projet des Républicains nous apparaît quand même meilleur que celui d'Emmanuel Macron. En effet, ce projet prévoit le relèvement des seuils sociaux, ce qui n'est pas le cas du projet de Monsieur Macron ; il porte l'âge du départ à la retraite à 65 ans, ce que Monsieur Macron ne fait pas ; il supprime définitivement l'ISF, ce que ne prévoit pas Monsieur Macron, etc. Néanmoins, nous regrettons que les Républicains aient dû édulcorer le programme de François Fillon car cela lui enlève sa force, qui résidait dans la cohérence. Les objectifs étaient clairs : l'emploi, la réduction de la dette, la sécurité, l'autorité. Tout cela ne nous empêchera pas cependant de supporter entièrement les candidats des Républicains afin qu'une majorité de la droite et du centre puisse émerger de ces législatives. 

Comment faire vivre le fillonisme sans François Fillon lui-même ? Ne manquerait-il pas, pour cela, des personnalités fortes ?

Je crois de plus en plus au collectif. D'ailleurs, à ses débuts, le Conseil national de la société civile comptait 172 cadres. Certaines personnes – et pas les plus médiatiques – ont su parfaitement incarner le fillonisme à l'image de Bruno Retailleau notamment. Cela ne nous dérange pas beaucoup d'être assez éloignés d'un agrégat de grands leaders car cet agrégat réunit généralement beaucoup de monde dans la cuisine ; or nous préférons avoir une organisation davantage tournée vers les citoyens, la société civile, les jeunes élus, etc. Toutefois, si un leader du fillonisme devait clairement émerger, il ne fait aucun doute, pour les raisons évoquées précédemment, que ce serait Bruno Retailleau. 

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