Pétition de la renaissance : une nouvelle génération pour de nouvelles règles démocratiques en politique<!-- --> | Atlantico.fr
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Une pétition de la renaissance de la politique a été lancée.
Une pétition de la renaissance de la politique a été lancée.
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Turn-over

Relancer la démocratie pour lui donner une nouvelle jeunesse. C'est pour mettre fin à l'idée que la politique est uniquement l'affaire des professionnels du genre que l'association SOCIETECIVILE2017 lance une pétition pour renouveler les idées et les acteurs de la scène politique.

Michel Guénaire

Michel Guénaire est avocat et écrivain. Il est l’auteur du Génie français (Grasset, 2006) et Après la mondialisation. Le retour à la nation (Les Presses de la Cité, 2022). Vous pouvez retrouver Michel Guénaire sur Twitter : @michelguenaire

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Atlantico : La démocratie est menacée. C'est le constat que dresse SOCIETECIVILE2017. L'association a lancé une pétition au titre évocateur : la renaissance (voir ici). Quels sont les signes qui vous font dire que le modèle démocratique français est en danger ?  

Pour acccéder au site de l'association et signer la pétition, cliquez ici : societecivile2017.fr

Michel Guénaire : Nous avons assisté au cours des trente dernières années à la constitution d'une classe politique pour laquelle la politique est devenue un métier. Cette classe politique s’est coupée du pays. Les mêmes individus aux mêmes responsabilités, droite et gauche confondues, ont accaparé et vidé de sa substance la représentation nationale. C'est une crise de la démocratie. Le renouvellement des hommes et des idées n'existe plus, et l'absence de ce renouvellement explique le sentiment dominant qui habite les Français. Ceux-ci n'ont plus le sentiment de vivre dans une démocratie. Ils ne décident pas de leur destin comme un peuple souverain le ferait.

Comment en est-on arrivé là ?

Plusieurs règles peuvent l'expliquer. La première est une loi qui a vingt-cinq ans. C’est la loi du 15 janvier 1990, aux termes de laquelle le financement privé des partis politiques et des campagnes électorales a été interdit, et, pour le remplacer, un financement public a été instauré au bénéfice des partis en place puisque la condition d'octroi de ce financement est de justifier d’un nombre d’élus et d’un nombre de voix aux élections. Le financement public, qui répondait sans doute à une nécessité d'assainissement du milieu politique après de nombreuses affaires, a engendré un phénomène pernicieux d’oligopole ou de chasse gardée des élections. Avec un tel système, il n'y a plus d'entrants possibles dans la vie politique française. Une autre règle est celle qui permet à un fonctionnaire exerçant un mandat électoral de se mettre dans une position, celle du détachement, qui lui permet de continuer à bénéficier de ses droits à l'avancement de sa carrière et de sa retraite, et lui donne ainsi un confort pour poursuivre une carrière politique. Une autre règle est la réserve parlementaire, par laquelle des parlementaires peuvent distribuer libéralement des fonds publics à leurs électeurs. Une autre est encore le droit pour un ministre qui sort du gouvernement de récupérer automatiquement son siège de parlementaire. Tout est fait pour protéger une classe politique qui ne se renouvelle pas.

Votre proposition de limiter le cumul des mandats part d'une bonne intention, celle de vouloir renouveler le personnel politique. Mais dans le contexte actuel de crise des vocations politiques, ne risque-t-on pas d'avoir des difficultés à trouver le nombre suffisant de nouveaux élus pour compenser le non cumul des mandats ? Comment attirer des nouveaux citoyens à entrer en politique ?

En redonnant une dignité à la fonction politique, les citoyens aspireront à nouveau à exercer des responsabilités politiques. C'est la situation actuelle, faite d'une impression de copinage et de non-respiration du système, qui décourage les vocations. Comme la principale motivation de l’abstention est le manque de confiance dans les responsables politiques, la raison première de la baisse des vocations est l'appréhension d'un milieu politique futile. Nos propositions sont civiques de ce point de vue. Elles encouragent les nouveaux engagements.

Parmi les 15 propositions, vous évoquez l'importance d'ouvrir le système politique à la société civile. Que peut apporter cette dernière ? Comment faire pour lui donner un rôle plus prépondérant dans la décision politique?

La politique n'aurait jamais dû devenir un métier, et n'aurait jamais dû cesser de rester entre les mains du peuple. Il faut revenir à la loi élémentaire de la représentation politique qui est l'aller-retour incessant entre la société et le pouvoir. La société civile est à la vérité la première société politique. Tout part d'elle. En outre, quand je vois les talents et les idées qui vivent dans la société civile et qui ne demandent qu'à être exploités, je me dis que le vivier est là, non dans les partis.

La complexification de la prise de décision politique nécessite des profils aux compétences de plus en plus professionnels. Dans vos 15 propositions, vous prévoyez un roulement régulier du personnel politique. Ne risque-t-on pas d'élire des personnes insuffisamment compétentes à des postes qui nécessitent beaucoup d'expérience?

J'entends cet argumentIl sera l'ultime argument de défense du milieu politique : la société civile, ce sont des amateurs. D'abord, permettez -moi de douter du présumé professionnalisme d'une classe politique qui, en l'espace de dix ans, a creusé le déficit de la nation de plus de 800 milliards d'euros. Ensuite, et c'est encore plus grave à mes yeux, cette même classe politique a perdu tout contenu politique propre ou n'est plus capable de définir un projet politique pour le pays.

A une période où la défiance envers le politique atteint des sommets (affaire Cahuzac...), nombreux sont ceux qui prônent les mêmes mesures que vous. Comment pouvez-vous vous démarquer ?

La plupart de nos propositions sont inédites : l'autorisation du financement privé des nouveaux partis et des campagnes des nouveaux candidats aux élections, pour permettre l'arrivée de nouveaux entrants dans la vie politique ; la suppression de la réserve ministérielle et de la réserve parlementaire ; la parité élus-non élus dans les scrutins de liste, l'obligation de démission des ministres se portant candidats à une élection trois mois avant celle-ci ou encore le statut de l’élu imposant aux fonctionnaires qui désirent exercer un mandat la position de la disponibilité. Nos propositions sont surtout écrites depuis la société civile, avec une volonté de renouveau qui est proprement celle d'une renaissance. Et un nouvel âge démocratique ne peut pas être imaginé par la génération politicienne sortante.

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