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La perte du triple A interdit les promesses de "dépenser plus" dans la campagne présidentielle
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EDITORIAL

La perte du triple A français a été largement commentée. Si ses effets sont pour l'instant mesurés, elle pourrait bien marquer un changement radical dans le discours des candidats à la présidentielle.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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En quelques jours, la notion de triple A, inconnue des Français il y a quelques mois, est devenue une expression de la vie courante. Après être apparue comme une machine de guerre qui allait mettre la France à genoux, elle s’est soudain banalisée, elle est devenue la cible des humoristes qui l’invoquent à tout propos en l’appliquant à de menus faits de la vie quotidienne. Comme si l’on respirait après avoir ressenti une immense peur. La classe politique l’avait redoutée avec effroi, dramatisant la dégradation tant redoutée de la note concernant la dette du pays. L’oraison funèbre avait été prononcée avant l’heure. L’agence Standard & Poor's a ratifié ce que les marchés avaient prévu. Et pourtant, il ne s’est rien passé, car il n’y avait plus de surprise à attendre. La messe était dite. Les marchés avaient déjà la tête ailleurs, prêts à passer à l’étape suivante, après avoir constaté que l’agence de notation avait remis à l’Allemagne les clés de l’Europe.

Paradoxalement, c’est sur les hommes politiques que la dégradation a fait le plus de dégâts, car ils y ont vu une sanction d’autant plus sévère que les dirigeants français avaient fait du fameux triple A un totem qu’ils voulaient conserver à tout prix. Pareil comportement avait aussi été observé en son temps aux Etats-Unis, victimes de la même mésaventure en août dernier. Dans les faits, rien ne s’était produit outre-Atlantique : les taux d’intérêt ont même baissé depuis lors, tandis que le dollar reprenait du poil de la bête sur les marchés des changes. L’Europe emboîte aujourd’hui le pas. Les places financières ont retrouvé des couleurs. Les émissions obligataires se sont déroulées dans le calme avec une baisse des taux d’intérêt. L’euro a regagné un peu de terrain sur le billet vert.

Cette pause a provoqué un vif soulagement. Car nul n’ignore que la situation demeure tendue. La Grèce et le Portugal sont toujours au bord de l’asphyxie et la forte dégradation de la note italienne oblige à une surveillance de tous les instants. Cela ne facilite pas la tâche de l’Allemagne. Forte de sa victoire, elle devra se montrer plus conciliante, comme le lui suggère le nouveau président de la BCE, sous peine d’être tirée vers le bas par ses partenaires. Quant à la France, malgré le tintamarre autour de sa dette, elle conserve un certain crédit auprès des étrangers qui restent ses plus gros créanciers comme en 2008 avec une part qui se situe au-dessus de 60%.selon les derniers chiffres connus.

Il reste que la campagne électorale sera profondément affectée par l’affaire du triple A, même si celle-ci parait surmontée pour l’instant. Car de nouveaux soubresauts peuvent survenir à la moindre incartade. Elle aura au moins un avantage, celui de proscrire le « dépenser plus » cher aux politiques à la veille d’une grande consultation nationale. C’est sans doute le nouveau tabou, qui va dominer la campagne électorale et qui handicapera davantage les partis d’opposition dont les promesses représentent le fonds de commerce traditionnel.

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