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Corinne Lepage : "Les Français 
en ont ras-le-bol de cette période 
électorale trop longue"
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Essouflement

Avec 42,77% le taux d'abstention a influé largement sur le résultat du premier tour. Mobilisés depuis plusieurs mois, les Français semblent se désintéresser des législatives.

Corinne Lepage

Corinne Lepage

Corinne Lepage est avocate, ancien maître de conférences et ancien professeur à Sciences Po (chaire de développement durable).

Ancienne ministre de l'Environnement, ancienne membre de Génération écologie, fondatrice et présidente du parti écologiste Cap21 depuis 1996, cofondatrice et ancienne vice-présidente du Mouvement démocrate jusqu'en mars 2010, elle est députée au Parlement européen de 2009 à 2014. En 2012, elle fonde l’association Essaim et l’année suivante, la coopérative politique du Rassemblement citoyen. En 2014, elle devient présidente du parti LRC - Cap21.

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Atlantico : Au-delà du simple fait que la gauche "plurielle" arrive en tête du 1er tour des législatives, quel est pour vous le fait marquant de ce premier dimanche de vote ?

Corinne Lepage : La majorité présidentielle se trouve confortée, mais sans raz-de-marée. Ce qui me paraît le plus marquant, c’est le Front national qui est extrêmement haut, avec des possibilités de députés. 

Me Collard, Marine le Pen et Marie Maréchal-Le Pen sont en tête, seul Florian Philippot est en ballotage défavorable. En arriver au point où le Front National ait des chances de rentrer à l’Assemblée nationale, c’est tout de même très nouveau.

Les sondages laissaient entrevoir une victoire très large de la gauche plurielle, notamment grâce à une forte abstention et d’une mobilisation des électeurs du Front national entre 15 et 13 %, or l’UMP et le PS restent au coude à coude. Comment expliquer ce résultat ?

Corinne Lepage : Ce résultat s’explique par l’effondrement du centre. Le Modem est extrêmement faible. Par conséquent, tous les électeurs qui ne voulaient pas voter socialiste, se sont reportés sur l’UMP. L’avantage, c’est que la droite fait un score très correct au premier tour, l’inconvénient c’est qu’il n’y a aucune réserve

D’autre part, la France est structurellement de droite, même si les relais locaux sont parfois plus à gauche. Ceci étant les Français ont décidé de donner au nouveau président une majorité afin qu’il ait les moyens d’appliquer son programme. C’est une cohérence dans un choix, sans pour autant avoir une chambre "bleue horizon".

Comment analysez-vous justement cette débâcle du Modem et le ballottage défavorable de François Bayrou ?

C’est la fin d’une aventure, pour un parti qui dans le temps avait près de 100 députés. Il n’y en avait plus que trois à la dernière législative. La moyenne du Modem à l’époque était entre 10 et 15 % dans les circonscriptions dans lesquelles des candidats s’étaient présentés. 

Je ne sais pas si François Bayrou pourra être élu, mais il est clair que si ses deux challengers se maintiennent, ses chances s’amenuisent, voire sont nulles.

Il paye le fait qu’il a constamment fait partir ceux qui, à un moment donné, l’ont soutenu. Je crois que malheureusement, il n’y a clairement plus d'espace politique pour le centre. Tout simplement parce que l’UMP et le PS ont tué le centre gauche, c’était le PRG. Aujourd’hui le PRG a certes des députés, mais il est dans la mouvance du Parti socialiste, et la droite a elle totalement court-circuité un centre qui lui soit autonome.

L’abstention a atteint des records avec 43,1% des voix. Pourquoi les français se désintéressent-ils des législatives ? A cause de l'inversion du calendrier électoral, du manque de représentativité de ce mode de scrutin ?

Je pense qu’il y a un effet ras-le-bol avec une période électorale trop longue... Par ailleurs, pour de nombreux Français, il n’y a pas de signification politique forte dans le fait de voter aux législatives, en particulier lorsque l'on vient de se décider pour la présidentielle. 

Cela nuit beaucoup aux législatives, et au débat démocratique.

Europe Ecologie les Verts réalise aussi un très mauvais score, avec seulement 5,46% des voix. Qu'en est-il des candidats Cap 21 ?

Au regard de toutes les circonscriptions qui leur ont été accordées par le Parti socialiste, c’est un très mauvais score. Les scores réels, quand il n’y a adoubement du PS sont extrêmement faibles. 

Je me réjouis toutefois du très beau score de notre candidat Max Delmond en Alsace qui réalise 9.5%. Dans quelques circonscriptions, nous sommes devant le Modem... Notamment dans le Doubs à Besançon avec le candidat que nous soutenions. Les scores sont assez modestes, comparables à EELV, à la différence que nous ne sommes soutenus par aucun grand parti, et nous nous présentons en toute indépendance avec les risques que cela comporte.

Quelles seront les perspectives pour le second tour ? L'UMP est-il encore susceptible de créer la surprise ?

J’en doute, même si tout est toujours possible dans une élection, mais c’est très peu probable.

Propos recueillis par Franck Michel

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