Paris Notre Dame, scène de la vie quotidienne près d'un distributeur : silence, on vole<!-- --> | Atlantico.fr
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"Une bande Roms" a volé un touriste dimanche aux abords de la cathédrale Notre Dame.
"Une bande Roms" a volé un touriste dimanche aux abords de la cathédrale Notre Dame.
©vidéosurveillance

Mauvaise image

C'est le quotidien britannique "The Daily Mail" qui a raconté ce fait divers, images à l'appui. Une scène de plus en plus banale dans la capitale. La France paye son incapacité à regarder en face l'enjeu Rom.

En France, la question des Roms fait polémique depuis de nombreuses années. Tout remonte à fin juillet 2010, date à laquelle le président Nicolas Sarkozy décide, à la suite de deux faits divers impliquant des Roms, l'organisation de retours massifs de ces gens du voyage en Roumanie. Une décision controversée qui depuis a été suivie de nombreuses autres oppositions. L'arrivée de la gauche au pouvoir et de Manuel Valls à l'époque, ministre de l'Intérieur, n'ont en rien arrêté les contestations. Et ce n'est pas le fait divers raconté mardi par le Daily Mail qui va mettre fin à la polémique.

A lire également sur Atlantico.fr : Délinquance par nationalités : quand la chasse aux stigmatisations masque mal un déni de réalité

En effet, le quotidien britannique indique sur son site qu'"une bande Roms" a volé un touriste dimanche aux abords de la cathédrale Notre-Dame. Précisément, en ce jour de Pâques, un homme, âgé de la cinquantaine, se dirige vers un distributeur quand il est pris à partie par cinq jeunes. Ceux-ci ont un objectif clair : dérober son argent. Et ils le lui font savoir. Images à l'appui, le Daily Mail explique que les cinq jeunes l'entourent et commencent à lui faire les poches. Ces cinq jeunes réussiront leur coup et s'en iront avec l'argent de ce touriste qui n'avait rien demandé à personne.



Un fait divers qui donne une nouvelle fois une mauvaise image de la France à l'étranger. En effet, dans son article, le journaliste du quotidien britannique livre le témoignage d'une autre touriste ayant assisté à la scène. "Ils ne respectent personne. Ils veulent de l'argent ou autre chose et pour cela ils sont prêts à voler."  Et celle-ci de poursuivre : "Les gangs sont partout. En une minute, cet homme a fait un retrait d'espèces et on lui a dérobé. Et si la police tente d'intervenir les Roms se moquent d'eux et s'enfuient. Certaines zones deviennent complètement anarchiques". 

De son côté l'auteur de l'article écrit que "ces scènes sont devenues si communes dans la capitale française que la police la semaine dernière a appelé à l'expulsion systématiques des Roms". En effet, le 15 avril dernier, une note interne à un commissariat du 6e arrondissement de Paris, rédigée par un officier de police "sur instruction de la commissaire centrale", demande "de localiser les familles Roms vivant dans la rue et de les évincer systématiquement". 

Mais le Daily Mail va plus loin en expliquant qu'à très long terme, la question des Roms pourrait devenir problématique pour la France. En effet, selon le journal, si Paris est la destination touristique la plus populaire du monde et les Britanniques les premiers visiteurs, le combat contre les Roms mené par les autorités est un échec. Atlantico.fr a interrogé Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-Officiers, pour savoir si la délinquance des Roms avait augmenté ces dernières années. "Il n'y a pas de chiffres de la délinquance des Roms en France : il s'agit d'une communauté et toute statistique fondée sur des groupes ethniques ou raciaux est prohibée. Ce n'est pas le cas partout, mais les seules statistiques qui sont autorisées sont les statistiques par nationalité. On peut donc avoir une petite idée concernant des statistiques qui impliquent des délinquants roumains ou bulgares" explique-t-il.

Ironie du sort, Le Progrès a publié ce mardi un tableau sur la délinquance par nationalité. Un tableau qui fait scandale tant par son contenu, les jeunes socialistes demandant des excuses au journal pour l'encart publié, que par la méthode empruntée pour le réaliser. En effet, Christophe Soullez, chef du département der l'Observatoire de la délinquance et des réponses pénales, critique la faisabilité réelle et la crédibilité de cet encart. "Ce tableau n'est pas rigoureux. Quelles sont les sources ? Que savons-nous des sources ? Rien. Et c'est l'un des problèmes principaux quand on publie ce genre d'information. Ce tableau qui prétend traiter les criminels selon leur nationalité (ce qui en soi n'a rien de choquant et est fait régulièrement, y compris par la préfecture), fait divers amalgames dangereux. Ce tableau se contente de raccourcis" argumente-t-ilrenvoyant au rapport "L’évolution du profil des personnes mises en cause pour vols par la police nationale en France métropolitaine de 2008 à 2012"

A force d'occulter la question Roms, certains médias en arrivent donc à ces dérives et ne se posent pas les vraies questions. Pour Patrice Ribeiro, il faut lutter contre "les filières spécialisées, qu'on pourrait définir comme des gangs ou des mafias transnationales, qui donnent aussi dans le trafic de drogue, d'êtres humains, la prostitution, l'économie souterraine. Beaucoup de mineurs travaillent, et en raison des lourdes arcanes de la procédure Française il faut du temps pour démanteler ces réseaux-là". Car la majorité des Roms "qui mendient ou se livrent à des convoyages en série sont des gens qui sont exploités par des mafias de l'Est" termine le secrétaire général de Synergie-Officiers. Pour beaucoup de spécialistes, il faut donc s’intéresser à ce pan du "problème".

Récemment, le débat sur les Roms en France avait resurgi par l'intermédiaire de Stéphane Le Foll. Le porte-parole du gouvernement avait réfuté le terme d'"invasion" mais estimé qu’il fallait "chercher à les faire retourner d’où ils viennent, en Roumanie ou en Bulgarie" au nom d’une "politique qui doit garder sa dimension humaine." Une position similaire à celle de Manuel Valls. En septembre, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, celui-ci avait déclaré sur France Inter que les Roms étaient des "populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation" et qu'ils avaient "vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie". Des déclarations contestées par Amnesty International, notamment, qui avait souligné que la plupart des Roms en France "sont d'origine roumaine ou bulgare et en tant que tels ils sont donc des citoyens de l'Union européenne avec le droit de vivre et de travailler en France".

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