Les épines du rosier (à quoi s'attendre d'un pouvoir socialiste) <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les épines du rosier 
(à quoi s'attendre
d'un pouvoir socialiste)
©

Pamphlet

Dans un pamphlet qu'Atlantico publie en feuilleton à compter d'aujourd'hui et alors que François Hollande fait figure de favori des sondages, Roland Hureaux a souhaité faire le point sur les grandes lignes des politiques passées et à venir des socialistes.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

Voir la bio »

Rarement les Français se seront trouvés aussi incertains que devant l’élection présidentielle de 2012. A l’heure où nous écrivons, un sur deux ne sait pas encore pour qui il va voter ; ceux qui le savent voteront "contre" tel ou tel candidat plutôt que "pour".

C’est que, probablement, presque tous ressentent combien cette élection est paradoxale.

Si l’on se réfère aux sondages, la victoire du candidat du parti socialiste, François Hollande, ne fait guère de doute. Aucun ne lui donne moins de 54 % des voix au second tour contre Nicolas Sarkozy. Contre François Bayrou, ses chances paraissent plus faibles mais ce dernier ne fait guère d’efforts pour se hisser au second tour.

L’élection d‘un socialiste donnée pour acquise, sans qu’apparaisse réellement de solution alternative : c’est précisément ce qui rend les nos compatriotes si peu enthousiastes.

Et c’est bien là que réside le paradoxe de l’élection : les Français s’apprêtent à élire un socialiste alors que, sur à peu près tous les sujets importants, le parti socialiste se situe aux antipodes de leurs attentes.

Et comment en irait-il autrement ? Si l’on regarde une à une les causes de leur mécontentement, pour presque toutes, la politique menée par le parti socialiste quand il a été au pouvoir porte une large part de responsabilité, la faute de la droite, pour sa part, ayant surtout été de ne pas avoir su ou osé remettre en cause ces politiques.

Immigration ? Comment attendre autre chose de la gauche qu’un relâchement des contrôles et une plus grande tolérance à l’immigration clandestine. François Hollande reprend même sous un autre nom, celui de quotas, le thème de l’"immigration choisie" du Sarkozy de 2007, soit  la certitude d’ajouter aux clandestins un contingent supplémentaire de réguliers.

Éducation nationale ? La plus totale absence d’imagination caractérise le programme socialiste ; seul élément concret : la promesse irréalisable de 60 000 postes supplémentaires. Mais aucune remise en cause des motifs du déclin de l’institution : le "pédagogisme", le tronc unique, le relâchement des exigences que la gauche a introduits dans notre système éducatif depuis plus de 60 ans.

Impôts ? À une France qui, parmi les grands pays, bat tous les records de prélèvements obligatoires, François Hollande promet une couche supplémentaire d’impôts

Social ? La France a un système social particulièrement développé : si les classes supérieures, auxquelles il donne bonne conscience, s’en accommodent, sait-on que le principal motif de frustration de la classe ouvrière, celle qui travaille pour un salaire modeste, est de voir que beaucoup, qui ne travaillent pas, s’en sortent aussi bien qu’eux, voire mieux dans certains cas ? Quand la droite pose le problème, comme  récemment  Laurent Wauquiez, aussitôt les invectives socialistes fusent. Comment cette situation pourrait-elle être remise en cause par ceux-là même qui sont à l’origine de ces avantages, lesquels peuvent se justifier dans leur principe mais qui sont, le plus souvent, distribués à l’aveuglette ? Non seulement le PS ne reviendra pas sur ces avantages qui révulsent une bonne  partie du peuple français, mais il est probable qu’il les développera encore.

Emploi ? Ce que certains polémistes appellent la "préférence française pour le chômage", le fait que la France traîne un volant de 2 à 3 millions de chômeurs structurels, est inséparable de la politique du franc fort, puis de l’euro fort, choix faits par le gouvernement Bérégovoy de 1992 : personne, au parti socialiste, en dehors d’un Montebourg relativement marginal, ne remet en cause cette politique.

On pourrait continuer ainsi : comment les agriculteurs attendraient-ils que le PS, qui a promu la désastreuse réforme de la politique agricole commune de 1992, et qui compte dans ses rangs le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, remette en cause des orientations qui ont entraîné un effondrement dramatique des effectifs agricoles ?

Affaires ? Il est vrai que plusieurs affaires récentes pour lesquelles des instructions sont en cours (affaire Woerth, affaire de Karachi, etc.) entachent la réputation de la droite. Mais comment attendre une moralisation de la vie politique d’un secrétaire général du parti socialiste, François Hollande, qui a couvert les turpitudes que l’on sait dans les fédérations socialistes du Nord ou des Bouches-du-Rhône ?Aujourd’hui, 57 élus socialistes, maires de grandes villes, parlementaires ou présidents de conseils généraux, qui ont été mis en examen ou condamnés,  continuent à occuper d'éminentes fonctions

Les Français, même de gauche, auxquels les sondages promettent une large victoire du candidat socialiste, ont le blues... La perspective de cette victoire, donnée aujourd’hui pour acquise, les déprime.

Elle les déprime parce qu’ils savent qu’une grande partie de ce qu’ils reprochent à Sarkozy, plus ou moins consciemment, ne pourra qu’être aggravé par la gauche.

Elle les déprime parce que, et tous les sondages le montrent, sur la plupart des questions de société, la France est plus à droite qu’elle ne l’a jamais été, si tant est que ces étiquettes aient encore un sens aujourd’hui.

Une France de droite prête à élire un candidat de gauche, une France qui rejette d’avance tout ce que le candidat socialiste promet ? Comment est-ce possible ?

Sans doute des considérations personnelles peuvent-elles entrer en compte, le style du président actuel n’ayant pas fait de mécontents qu’à gauche. Le rejet dont il fait l’objet chez  une partie des Français a  des causes diverses que les opposants se chargent de nous rappeler : les maladresses dont il est coutumier, à commencer par la soirée inaugurale du Fouquet’s, suivie de l’escapade sur le yacht de Bolloré, des décisions maladroites, comme la baisse du bouclier fiscal, qui l’ont fait apparaitre comme le président des riches, et qu’il a dû rapporter ensuite, des réformes malencontreuses qui d’ailleurs, le plus souvent, ne sont que la poursuite de celles que la gauche avait engagées.

Mais faut-il pour autant que la France tombe de Charybde en Scylla ?

Ce dont les Français n’ont encore qu’obscurément conscience et qu'il convient de mettre pleinement sous leurs yeux est que la grande majorité des griefs qu’ils éprouvent en tous domaines à l’égard du présent état des choses, est moins l’effet du quinquennat Sarkozy que le résultat direct des politiques menées par le parti socialiste au cours des trente dernières années.

S’il est vrai en effet que, au moins en apparence, la gauche se trouve écartée du pouvoir depuis dix ans, n’oublions pas qu’elle a été aux affaires de 1981 à 1986, de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2002 soit au total 15 ans sur 30. Mais son influence va bien plus loin que ce temps passé aux commandes de l’État : d’abord parce que la droite, plus dépourvue d’imagination que jamais, a, en bien des domaines appliqué avec zèle les politiques engagées par la gauche, en matière agricole, monétaire, sociale, universitaire, etc. Ensuite parce que l’influence intellectuelle d’hommes de gauche passés, sinon avec armes et bagages, du moins avec toute leur structuration intellectuelle, au service de la droite, a été souvent déterminante, l’exemple le plus emblématique étant celui de Jacques Attali, conseiller de François Mitterrand et devenu le principal inspirateur du programme de réformes de Nicolas Sarkozy.

Nous passerons en revue les principaux domaines où on peut dire que l’influence de la gauche au cours des trente dernières années a été proprement catastrophique.

A suivre chaque jour à compter de demain

Lire aussi :

Table des matières :

Introduction

L’affaiblissement économique de la France

L’émergence des féodalités locales et l’euthanasie des communes

L’abandon de la politique d’aménagement du territoire

Laxisme en matière d’immigration, politique sociale injuste

L’éducation nationale à la dérive

Pseudo-réforme de l’État  et déclin des services publics

Politique étrangère : le grand alignement de 1981

La gauche immorale

Et la droite ?

L’imposture

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !