Les candidats à la présidentielle ont-ils vraiment quelque chose de différent à dire aux Français d'outre-mer ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Après avoir visité la Guadeloupe et la Martinique ce week-end, François Hollande a quitté lundi la Guyane.
Après avoir visité la Guadeloupe et la Martinique ce week-end, François Hollande a quitté lundi la Guyane.
©Reuters

Ultra-malins

Alors que François Hollande a conclu lundi en Guyane un séjour éclair dans les départements d'outre-mer, le président de la République, est attendu samedi et dimanche en Guyane. Sérieusement, existe-t-il encore une vision de gauche ou de droite de l'avenir de l'outre-mer ?

Ferdinand  Mélin-Soucramanien

Ferdinand Mélin-Soucramanien

Ferdinand Mélin-Soucramanien est professeur à l'Université Montesquieu-Bordeaux IV. Il dirige le Centre d'Etudes et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l'Etat (CERCCLE) et du Groupement de Recherches Comparatives en droit Constitutionnel, Administratif et Politique (GRECCAP).

Voir la bio »

Atlantico : Après avoir visité la Guadeloupe et la Martinique ce week-end, François Hollande a quitté lundi la Guyane. Nicolas Sarkozy y sera ce weekend. Que se joue-t-il dans ces territoires d'outre-mer ?

Ferdinand Mélin-Soucramanien : Le vote pour l'élection présidentielle est très clivant et sur le plan stratégique, il n’est pas complètement idiot d’avoir des idées clivantes ! Les plus grands écarts se sont faits outre-mer lors des dernières élections présidentielles de 2002 et 2007. Ségolène Royal a réalisé ses meilleurs scores aux Antilles. Nicolas Sarkozy en Nouvelle-Calédonie. On observe des effets de bascule qui sont beaucoup plus nets que sur le territoire métropolitain. 

En outre, l’outre-mer est un bassin important même si le taux de participation y est plus faible qu’en métropole. Le « levier » est quand même intéressant.

En termes d’image, il est important de se montrer outre-mer, pour l’aspect folklorique –même si, depuis peu, les politiques se sont calmés sur les chapeaux, etc.- et pour l’ « affichage diversité » qui peut convaincre la diaspora ultra-marine en métropole.

Enfin, l’outre-mer est tout ce qui reste de l’empire colonial français… C’est donc aussi l’expression symbolique de la puissance française. Et défendre cela a encore du sens national, outre-mer ou en métropole.


Mais peut-on parler d’un "vote ultra-marin", alors que les Antilles penchent à gauche et la Nouvelle-Calédonie à droite ?

Si l’on en croit les résultats électoraux – au moins sous la Ve République-, on note un sens « légitimiste »  du vote ultra-marin jusqu’au début des années 1990. Aujourd’hui, les nouveaux moyens de communication ont changé la donne. Les ultra-marins se positionnent sur des questions très précises : cherté de la vie, indépendance ou non, questions identitaires... C’est devenu plus stratégique qu’avant. Pour un candidat, on a moins le droit à l’erreur qu’ailleurs en France. Chaque mot compte en Nouvelle Calédonie, par exemple.

Les candidats de gauche et de droite ont-ils une vision différente pour l’avenir de ces départements ?

Aujourd’hui, dans ces territoires, on note une volonté commune, pour ceux qui se classeraient à gauche ou à droite, ou pour ou contre l’indépendance, de trouver une solution pacifique. Tout le monde a compris que le destin serait partagé et qu’il allait falloir trouver la solution "la moins mauvaise possible".

D’une manière générale, le clivage gauche/droite est moins clair qu’en métropole. Le débat politique de ces régions ne s’est pas structuré autour de l’appartenance à la gauche ou à la droite mais plutôt autour de celui de l’égalité des droits, de la départementalisation… Le débat politique est beaucoup plus récent puisque ces collectivités territoriales d’Outre-Mer sont plus jeunes et remontent aux débats d’après la Libération.

Justement peut-on craindre une surenchère sur ces thèmes dans les promesses de campagne ?

Je ne crois pas car depuis la fin des années 1990 - début 2000, le clivage gauche-droite n’existe plus sur ces thèmes en France. Les responsables politiques socialistes ou RPR -puis UMP-, lorsqu’ils ont exercé le pouvoir, disent exactement la même chose : « A vous de décider ! ». C’est Jacques Chirac à Madiana (Martinique) en 2000, se rangeant au « statut à la carte ». Comme l’avaient fait les socialistes, Lionel Jospin et Jean-Jack Queyranne  en 1998.

Nicolas Sarkozy qui fut plutôt un « résistant » au sein de l’UMP, a fini par lâcher. Lors de ses vœux à l’outremer en 2011, il a déclaré que bien qu’ayant été réticent au départ, il pensait que les habitants d'Outre-Mer devaient trouver eux-mêmes leur destin et que chacun était libre… Paradoxalement, la principale chose qu’ait faite Nicolas Sarkozy en matière d’Outre-mer est d’intégrer l‘île de Mayotte.

Cela veut-dire que tout est possible entre plus d’indépendance ou plus d’intégration ?

Oui, c’est étonnant, mais il n’y a plus de clivage ni de ligne politique. La gauche avait jadis la posture libérale. La droite a fini par s’y rallier. Et il n’y a pas forcément grand-chose derrière. On fait dans le "cas par cas". On satisfait les revendications dans la mesure du possible. Cela ne fait pas hélas une volonté politique nationale. Pas sur l’outre-mer en tout cas.

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !