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Oubliez qu'il s'agit de François Mitterrand...
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Oui, oubliez qu'il s'agit de François Mitterrand et vous allez vous rendre compte que ces "Lettres à Anne" rentrent dans la catégorie des chefs-d'oeuvre de la littérature amoureuse. Un très beau cadeau pour Noël.

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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Livre

Lettres à Anne

de François Mitterrand 

Ed.Gallimard

L’auteur 

Vingt ans ont passé depuis la disparition de François Mitterrand le 8 janvier 1996. Le voici de retour par la volonté d’Anne Pingeot, qui fut l’amour de sa vie.

Thème

L’histoire d’une rencontre, d’une passion, d’un amour total, splendide par son ampleur et sa puissance. Trente-trois années de deux vies avec un seul narrateur, le tout sur 1250 pages retraçant jour après jour l’épopée de l’amour.

Points forts

Dès les premières lettres, tout y est : la puissance du désir, l’émoi des premières rencontres, l’incertitude, la force et la stupeur de voir une passion naître contre vents et marées. Elle voit le jour à Paris autant que sur les bords de la Loire ou dans les forêts du Morvan. La France éternelle qui en est le cadre se parfume d’humus et d’ombre, tandis que les saisons se succèdent dans le tourbillon de deux vies perpétuellement séparées. Pas un temps mort mais au cœur de chacun des amants, cette tension si perceptible, si tangible qu’elle bouleverse le lecteur.

La maîtrise de la langue, la poésie qui s’en dégage a sa source dans le cœur de cet homme amoureux dont on oublie qu’il fut un jour, dans une autre vie, à la tête de l’Etat français. Un homme nu dont on n’en finit pas de fouiller le cœur et les pensées, qu’il soit au volant de sa voiture ou dans les couloirs de l’Assemblée Nationale. Si présent, si extraordinairement humain dans ses exigences comme dans ses renoncements.

En contre-jour, se dessine pour le lecteur une Anne Pingeot de vingt ans, dansant sa vie, droite et aimée, éprise d’absolu comme elle en a le droit et l’âge. 

Tout sonne si magnifiquement juste que les pages ne comptent plus et n’en reste que ce chant somptueux où les mots se font musique et couleurs et revêtent un parfum d’éternité. 

A la veille des fêtes de Noël, pouvait-on souhaiter cadeau plus somptueux que cet hymne à l’amour qui efface doutes et rides du temps ?

Points faibles

Un kilo et cinq cents grammes, c’est le poids des Lettres à Anne et, comme on ne quitte pas ce livre sans regret, son transport d’un point à un autre n’est pas chose aisée...

Autre point faible : après une première centaine de pages, les voyages de l’homme politique donnent le tournis comme les allers-retours Château-Chinon-Latché-Hossegor-Paris. Se souvenir qu’ils suivent la trame d’un ambitieux, onze fois ministre sous la IVème république et deux fois Président de la République sous la Vème république de 1981 à 1995.

En deux mots

Magistral est le mot qui vient à l'esprit comme une oeuvre totale où rien n'aurait été laissé au hasard. Chacune de ces lettres est une bouteille à la mer qu'il faut saisir, garder, préserver pour en goûter toute la saveur et relire.

L'amour est là, si intensément à portée de nos vies.

Une phrase

Ou plutôt plusieurs extraits :

- "Je t’aimais sans souvenir et sans histoire. J’étais ce regard brûlé …ô mon inconnue attendue depuis toujours ; tu étais la femme du commencement, force entrée en moi et qui me rendait souverain tout en m’asservissant".

- "L’absence pour ceux qui s’aiment est comme une bête vivante, avec ses colères et ses repos, ses faims et ses angoisses. Tout recommence pour elle chaque jour ; hier et demain sont abolis".

- "T’aimer est la grande aventure d’une vie sur le faîte, d’où l’on aperçoit aussi bien les rivages du passé que ceux de l’avenir. Et je sais, sans nul doute, qu’aucun être au monde n’a été, n’est et ne sera aussi proche de moi….notre accord est un don du ciel dont nous devons nous débrouiller avec les moyens du bord….. nous avons été privés de l’intimité, de la tendresse naturelle du sommeil. Du coup a été coupé le lien très puissant qui réunit le jour au jour et, sans bien le percevoir, nous en avons été déséquilibrés".

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