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Plan de relance américain : 
le coup de bluff d'Obama
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Crise aux USA

Barack Obama devrait annoncer ce jeudi un plan pour relancer l'économie américaine. Les médias outre-Atlantique évoquent une enveloppe de 300 milliards de dollars. C'est l'heure de vérité pour un Président démocrate malmené par les républicains et de moins en moins populaire dans l'opinion.

Steven Ekovitch

Steven Ekovitch

Steven Ekovitch est professeur de Sciences Politiques et d'Histoire à l'Université Américaine de Paris.

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Atlantico : Qu'est-ce qui pousse Barack Obama à proposer un plan de relance maintenant ?

Steven Ekovitch : Que ce soit dans plusieurs États fédérés ou au niveau du gouvernement fédéral, les dépenses excèdent de plus en plus les recettes. Pour rectifier le problème, on peut :

  • faire des emprunts, ce qui est problématique, surtout à cause de la baisse de la notation financière qui menace les États-Unis ;
    • couper les dépenses, mais ce n'est pas toujours politiquement payant ;
      • augmenter les impôts, ce qui n'est pas non plus politiquement populaire.

Le camp démocrate, dans sa majorité, veut augmenter les dépenses de l'État par la dette pour stimuler l'économie et donc créer de l'emploi et augmenter les recettes. A contrario, la réponse républicaine est de ne pas augmenter les impôts et baisser les dépenses. Les républicains citent la baisse d’impôts de George W. Bush qui au départ a creusé le déficit, mais qui a ensuite au fil des années stimulé l'économie, créé de l'emploi et augmenté les recettes du gouvernement.

Comment ce plan s'insère-t-il dans la campagne présidentielle ?

Barack Obama se trouve dans une situation délicate. L'économie ne va vraisemblablement pas aller mieux dans l'année qui suit et le chômage va sans doute rester élevé. Il y a une vraie déprime chez les Américains, comme le montrent les sondages. On ne voit pas comment Obama peut regagner la Maison Blanche. Mais il y a toujours de la surprise en politique. Il semble être dans une mauvaise passe et l'élection de 2012 va être très difficile car il ne peut pas faire campagne sur son bilan qui est assez mince.

Donc la seule stratégie pour les démocrates et Obama pour conserver la Maison Blanche, c'est d'attaquer aussi violemment que possible le camp républicain. Les républicains peuvent aussi se saborder en fonction du candidat choisit et investi. Si c'est quelqu'un trop à droite, ça peut gêner le centre, et c'est le centre qui fait la différence. Les électeurs indépendants choisissent parfois un républicain et parfois un démocrate. Pour l'instant les indépendants penchent en faveur du camp républicain, ou plutôt sont contre le Président.

Il ne faut pas oublier que l’élection présidentielle aux États-Unis fonctionne par grands électeurs élus dans les États fédérés. Chaque camp a des États solidement acquis. Obama n'est pas très bien positionné dans certains États décisifs ( les swing states : ndlr). On peut donc se demander si la présidence de Barack Obama n'a pas été un échec. Même les démocrates commencent à s’inquiéter. On a attendu beaucoup de son élection et c'est une grande déception. Elle est naturelle chez les républicains et elle progresse chez les démocrates. Dans la presse de gauche on commence à réclamer un autre candidat de gauche. Le nom d'Hilary Clinton est déjà cité.

Le plan que Barack Obama va prononcer ce jeudi correspond donc à un discours de campagne électorale. Il va probablement proposer un plan inacceptable pour les républicains. Ceux-ci devraient donc le récuser et Obama en profitera pour indiquer qu'il a formulé des propositions pour enrayer la crise mais que les républicains les ont refusées. A l'inverse, les républicains diront qu'Obama ne propose qu'une hausse des dépenses publiques et des impôts.

Le président américain se trouve actuellement en position délicate. Il a subi de nombreux coups. Lors de la négociation de sortie de crise avec le Sénat et la Chambre des Représentants, on a rarement vu un Président aussi absent. Ça n'a pas du tout aidé la situation économique américaine. Le jugement des Américains est très sévère à l'encontre de sa présidence.

Du côté du camp démocrate, ce plan de relance est suffisant. Chez les républicains, c'est beaucoup d'argent dépensé pour des résultats très minces . Peut-être que dans le futur on dira que la Maison Blanche n'a pas été en mesure d'affronter la crise que le bilan de la politique menées par Barack Obama est négatif.

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